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Les Hells Angels veulent faire une démonstration de force avec leur « First Run »

Des membres des Hells Angels à moto.

Les cinq sections des Hells Angels du Québec entendraient démontrer qu'elles ne sont pas en déclin après avoir été malmenées à Québec par la Blood Family Mafia, menée par Dave « Pic » Turmel.

Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck

Depuis la débâcle subie aux mains de Dave « Pic » Turmel et de la Blood Family Mafia à Québec, les cinq sections des Hells Angels (HA) au Québec auraient passé les dernières semaines à se renforcer dans le but de faire une démonstration de force lors de leur « First Run » (première sortie), prévue à Saint-Denis-de-Brompton, en Estrie, selon nos sources policières.

Ajout de clubs supporteurs, recrutement de sympathisants et promotions accordées à des membres aspirants : les Hells Angels de toute la province auraient passé les dernières semaines à récompenser ceux qui leur sont demeurés loyaux au moment où les motards criminels traversaient une de leurs pires périodes depuis leur implantation au Québec.

Le prochain gros "meeting" qui va se passer, ils [les Hells Angels] doivent démontrer beaucoup de force. Ils doivent montrer qu'ils sont nombreux et présents, et prêts à tout pour reprendre ce qu'ils semblent avoir perdu sur le terrain.

Une citation de Mario Lambert, ex-enquêteur au crime organisé du SPVM

Les plus vieux Hells Angels ont eu le contrôle pendant longtemps. Ils ont misé sur leur réputation au détriment de ce qui se passait dans la rue. De se laisser tabasser sans réplique, on n'aurait jamais vu ça il y a quelques années. C'était impensable, ajoute l'ex-enquêteur Mario Lambert.

La date du 3 mai serait donc encerclée depuis longtemps sur le calendrier des Hells Angels. La « First Run » de l'organisation de motards criminels fait toujours l'objet d'une surveillance policière et d'une couverture médiatique très importante.

Cet événement annuel, obligatoire pour tous les membres en règle du Québec, est donc l'occasion de lancer le message souhaité – soit que les Hells Angels ne sont pas en déroute – à la population et à d'autres groupes criminels de la province.

Des policiers de la Sûreté du Québec installés sous une tente placée sur la route.

La Sûreté du Québec attendra de pied ferme les participants à la « First Run » des Hells Angels de la province afin de mettre à jour ses albums photos.

Photo : Radio-Canada / Pascal Robidas

Cette année, les policiers s'attendent à voir Jean-Philippe Célestin, l'ancien bras droit de Gregory Woolley avant son assassinat, qui a rejoint les rangs du club des Marauders, affilié à la section de Montréal, en tant que membre officiel. Le chef de gang de rue, considéré comme l'un des plus influents dans les rues de la métropole, est seulement le deuxième homme noir à se greffer aux Hells Angels depuis 30 ans.

Jean-Philippe Célestin porte une veste des Marauders avec l'inscription « Montreal ».

Jean-Philippe Célestin a rejoint le club des Marauders, affilié à la section des Hells Angels de Montréal.

Photo : Photo fournie à Radio-Canada

En échange de la protection des Hells Angels grâce à son statut officiel de supporteur, Célestin aurait cédé de lucratifs territoires de revente de drogues aux motards criminels. Il faut dire que depuis le meurtre par balles de Gregory Woolley, la vie de Jean-Philippe Célestin serait menacée par des chefs de gangs rivaux après le meurtre de son jeune frère, qui le verraient désormais comme une nuisance à leurs ambitions de gravir les échelons au sein du crime organisé de Montréal.

Reprendre le terrain perdu aux mains des indépendants

Au-delà des clubs supporteurs, nos sources policières nous indiquent aussi que les Hells Angels ont recruté plusieurs personnes au lourd passé en matière de violence pour former des équipes de « représentants » afin de faire la tournée chez les revendeurs indépendants qui ont défié l'autorité des motards criminels en cessant de payer des redevances et de s'approvisionner chez eux.

La visite de ces groupes de représentants, surnommés équipes de baseball par les policiers, explique pourquoi la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est le théâtre d'une flambée de violences et d'arrestations depuis un peu plus d'une semaine.

All Boivin sort d'une salle du palais de justice de Chicoutimi.

All Boivin s'est retourné contre les Hells Angels après un conflit qui a éclaté avec son ancien allié, le membre en règle Bernard Plourde, qui contrôlait la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Photo : Radio-Canada

À preuve, plusieurs individus arrêtés par la police depuis le 17 avril résidaient à l'extérieur de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Il s'agirait de suspects qui ne sont pas des membres de clubs supporteurs mais plutôt des individus qui entretiennent des relations depuis longtemps avec les Hells Angels.

Un exemple cité par nos sources policières est l'arrestation d'Andrew William Bangs à Jonquière, il y a une semaine. Bangs, connu pour opérer normalement à Gatineau pour le compte des Hells Angels, a été accusé avec deux complices de possession d'armes après la fouille de leur voiture par la police.

Ce n'est pas terminé avec la "First Run" [première sortie] des [sections] au Québec. La démonstration de force est importante au point où il pourrait y avoir des démonstrations de soutien à la "Canada Run", la sortie canadienne des Hells Angels, croit pour sa part Marcel Savard, ancien directeur général adjoint à la Sûreté du Québec.

Selon lui, il n'est pas question pour les Hells Angels de voir ce mouvement de résistance s'étendre à d'autres groupes criminels à travers le Canada ni à travers le monde, qui ne les respecterait pas.

Les Hells Angels ne peuvent pas [montrer] des signes de faiblesse. Ils sont présents dans 52 pays.

Une citation de Marcel Savard, ancien directeur général adjoint à la Sûreté du Québec

Les Hells Angels se seraient donné l'objectif de reprendre le terrain perdu depuis un an et demi sur un territoire de revente de drogue qui a toujours appartenu à Bernard Plourde, membre en règle de la section de Trois-Rivières.

Un homme aux cheveux longs accompagné de deux policiers de l'Escouade régionale mixte.

Le membre en règle de la section de Trois-Rivières Bernard Plourde, photographié ici après son arrestation le 15 août 2018, s'est fait confier le monopole de la drogue au Saguenay–Lac-Saint-Jean il y a plusieurs années.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

L'ennemi juré des motards criminels à Saguenay est l'ancien homme de main de Plourde, All Boivin. Cet homme de 34 ans, qui fait désormais l'objet d'une offre de récompense de 100 000 $ pour son arrestation par la police, a développé les mêmes ambitions que Dave Turmel à Québec : devenir indépendant et expulser les Hells Angels de la région.

La police posséderait des preuves tangibles selon lesquelles Boivin donne toujours des directives à distance à sa garde rapprochée pour riposter aux Hells Angels dans sa région.

Outre le Saguenay, la police est d'avis que les Hells Angels vont également tenter de reprendre par la force le terrain perdu dans leurs territoires acquis pour le trafic de drogue dans la région de la Capitale-Nationale, dans l'Est-du-Québec et sur la Côte-Nord.

Le retour de la Blood Family Mafia?

Selon nos informations, le chapitre des Hells Angels de Québec n'en aurait pas fini avec la Blood Family Mafia.

Malgré la frappe majeure menée dans le cadre de l'opération Scandaleux de la Sûreté du Québec, tout porte à croire que la Blood Family Mafia aurait repris ses efforts de recrutement, et ce, même si son chef Dave « Pic » Turmel, en cavale en Europe, est plus discret que jamais.

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