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Érablières des Alleghanys : quand l’inflation a raison d’une entreprise familiale

Michèle Bond serre la main du ministre Lyle Vanclief, sous le regard de Sylvain Lalli.

Sylvain Lalli et Michèle Bond, de l'entreprise Érablières des Alleghanys, rencontrent le ministre fédéral de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Lyle Vanclief, lors d'un salon au Japon en 1998.

Photo : Gracieuseté de la famille Lalli/Bond

Il y a quelques semaines, Sylvain Lalli et Michèle Bond ont vendu l’entreprise qu’ils ont créée en 1995 à Saint-Pacôme, dans le Kamouraska. L'exportateur de sirop d’érable Érablières des Alleghanys était en train de sombrer après avoir essayé de traverser la période d’instabilité économique qui a suivi la pandémie de COVID-19.

C’est finalement un de leurs compétiteurs, la coopérative Citadelle, basée à Plessisville dans le Centre-du-Québec, qui a sauvé l’usine en en faisant l’acquisition. Après des années florissantes, le vent a subitement tourné pour l’entreprise familiale.

Anatomie d’une chute

En 2020, la pandémie vient perturber les marchés d’importation et d’exportation. Les précieuses cargaisons de sirop d’érable voyagent par bateau, au moment où des bouchons se forment dans tous les grands ports, selon Sylvain Lally. Des fois, on stockait 15 à 20 conteneurs qui ne pouvaient pas partir, raconte-t-il. Le montant exigé pour expédier un conteneur par voie maritime passe de 3000  à 26 000 dollars américains.

Si le produit n’est pas livré, il n’est pas payé, mais pendant que les cargaisons de sirop d’érable doivent attendre leur tour pour partir à destination de l’Europe ou de l’Asie, les producteurs acéricoles, eux, doivent toucher le montant qui leur est dû. Les intérêts s’ajoutent à ça, précise M. Lally.

Une bouteille de sirop d'érable se trouve dans la neige.

Malgré cet important revers, Sylvain Lalli demeure fier d'avoir contribué à développer le marché japonais du sirop d'érable.

Photo : Radio-Canada / Simon Rail-Laplante

Le coût des intrants bondit aussi pendant cette période trouble. Le prix de la bouteille de verre augmente de 40 %, ce qui représente environ 25 cents l’unité. Juste avec les bouteilles, on a dû perdre un 300 000 à 400 000 dollars rapidement, s’étonne encore Sylvain Lalli. Sa fille, Marie-Pier, ajoute que le prix des cartons d’emballage bondit au même moment de 16 % et que le prix du sirop augmente de 25 cents la livre.

Toutes ces augmentations successives ne peuvent être refilées aux clients. Entre autres en Europe, parce que ce sont des contrats fermés, des contrats où on ne peut plus passer des augmentations de coûts, ajoute Marie-Pier.

On ne s’attendait pas à une explosion des prix.

Une citation de Sylvain Lalli

Alors que les pertes financières s’accumulent, l’institution bancaire qui finance Érablières des Alléghanys s’impatiente. Les propriétaires se mettent à chercher des partenaires d’affaires. Évidemment, quand tu es en situation de crise, ce n’est jamais un moment idéal pour trouver des partenaires, souligne la fille de Sylvain Lalli. L'offre de Citadelle devient la solution à privilégier.

La coopérative qui fêtera ses 100 ans en 2025 a les reins plus solides en raison de l’important volume de sirop d’érable qu’elle traite. Elle vend environ 40 millions de livres, soit cinq à six fois plus qu’Érablières des Alléghanys. L’une des forces de Citadelle est la diversité de son offre, croit son président, Laurent Cloutier. En plus du sirop d'érable, elle vend du miel et des canneberges.

Retour sur les belles années

Au milieu des années 1990, Sylvain Lalli et sa femme Michèle Bond décident de quitter leur emploi de fonctionnaire au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) pour se lancer en affaires. Ils se donnent pour mission de mieux faire connaître l’or blond du Québec, le sirop d’érable, à travers le monde.

Ils achètent en baril le sirop de producteurs acéricoles, l’embouteillent et l’exportent, en plus de développer de nouveaux marchés, notamment celui du Japon. Le couple veut aussi s’assurer que les producteurs reçoivent un prix juste pour leur sirop.

Ils n’étaient pas payés beaucoup par rapport à leur coût de production, alors Michèle et moi on a décidé de voir ce qu’on pouvait faire pour augmenter leurs revenus qui étaient à 1,80 $ la livre, se rappelle M. Lalli, qui avait fait le choix d’offrir 2,25 $ la livre aux acériculteurs chez qui il s’approvisionnait au départ.

L'usine des Érablières des Alleghanys.

Les propriétaires de l'entreprise Érablières des Alleghanys ont fait construire une usine à Saint-Pacôme en 2007. Celle-ci a été agrandie en 2012.

Photo : Gracieuseté de la famille Lalli/Bond

En 2007, le couple d’entrepreneurs fait construire son usine de Saint-Pacôme, usine qui est agrandie en 2012. L’équipement à la fine pointe permet à l’entreprise d’expédier outre-mer sept à dix millions de bouteilles de sirop d’érable annuellement.

On a été la seule usine pendant des années à acheter 100 % de notre sirop au Québec [...] C’est peut-être ça qui m’a tué aussi.

Une citation de Sylvain Lalli

Après la vente

Sylvain Lalli n’a jamais voulu faire de concession quant à la qualité du produit offert à ses clients. Il se réjouit que Citadelle partage des valeurs similaires à sa femme et lui en vendant et exportant uniquement du sirop pur.

Celui qui a été président et cofondateur d’Érablières des Alléghanys travaille aujourd’hui pour Citadelle. Il conduit un camion et fait le tour des érablières qui approvisionnent la coopérative de Plessisville pour récupérer les barils d’or blond.

Sylvain Lalli devant son camion.

Autrefois président et cofondateur des Érablières des Alleghanys, Sylvain Lalli, transporte aujourd'hui du sirop d'érable pour la coopérative Citadelle qui a racheté son entreprise.

Photo : Gracieuseté de la famille Lalli/Bond

Il n’est pas le seul. Sa femme occupe toujours un emploi au sein de l’entreprise, de même que leur fils. C’est une transaction qui a permis aussi de garder des emplois en région, indique Marie-Pier.

M. Lalli ne s’estime pas amer quant à la tournure des événements. Il se souvient avec fierté du chemin parcouru. On a ouvert des marchés en Europe et au Japon qui bénéficient à tout le monde aujourd’hui, conclut-il.

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