Relocalisation du campement Robert-Guertin : des usagers en attente de réponses
Le camp aménagé par des personnes en situation d'itinérance sur les terrains du centre Robert-Guertin ne sera pas relocalisé avant au mois le milieu de l'été. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Le niveau de frustration et d'incertitude a grimpé d’un cran, vendredi, au campement pour personnes en situation d'itinérance du centre Robert-Guertin.
Les campeurs ont été informés par la Ville de Gatineau que les travaux de démolition de l'aréna prévus à la mi-mai étaient repoussés. Du même coup, leur déménagement vers un autre endroit sur le territoire de la municipalité est mis sur la glace.
Aucune nouvelle date précise n’a été offerte aux campeurs et intervenants sociaux qui les épaulent. Ces derniers savent seulement que les travaux ne commenceront pas avant au moins le mois de juillet.
On ressent beaucoup d’insécurité chez les personnes. Ils ne savent pas quand ils devront partir
, souligne le coordinateur du Collectif régional de lutte à l'itinérance en Outaouais (CRIO), Alexandre Gallant.
Ce dernier souligne que ces gens doivent déjà composer avec des situations très fragiles d’avance
. Maintenant, ils doivent démonter leur vie pour déménager
, note-t-il.
Aucun site n'a été encore choisi par la Ville de Gatineau pour relocaliser le campement de personnes en situation d'itinérance. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Julien David-Pelletier
M. Gallant déplore que la Ville de Gatineau soit incapable d’offrir une date précise.
Quand mon propriétaire décide de reprendre son logement, il faut qu’il me donne six mois de préavis. Eux [les dirigeants de Gatineau] , ils changent la date chaque mois.
À ses côtés se trouvait Éloe, une résidente du campement. Elle est montée au front plus d’une fois dans les derniers mois pour défendre les droits des personnes en situation d’itinérance qui ont adopté les terrains du centre Robert-Guertin.
Juste la délocalisation, c’est assez stressant pour moi. C’est même dégoûtant parce que nous sommes juste à côté du seul refuge en itinérance en Outaouais. C’est un peu mal géré tout ça
, fait-elle valoir.
C’est fatigant, c’est tannant. C’est tout le temps la même chose quand nous communiquons avec la Ville. C’est long. L’information change d’une personne à l’autre. Je ne comprends pas pourquoi c’est si compliqué. Si tout le monde travaillait ensemble, ça irait mieux. Mais on ne nous implique pas là-dedans.
Eloe s'est adressée à plusieurs reprises aux élus de Gatineau pour défendre les intérêts des personnes sans-abris intallées près du Centre Robert-Guertin. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Ce report annoncé aux campeurs survient quelques jours avant un sommet sur l’itinérance que tiendra la Ville de Gatineau, la semaine prochaine. La question du report risque d’alimenter les discussions, mais aussi le dossier des solutions de rechange.
Jusqu’ici, aucun emplacement n’a encore été choisi pour accueillir les personnes sans-abri qui seront chassées du terrain du centre Robert-Guertin. Cette situation choque les utilisateurs, qui se trouvent devant l’inconnu une fois de plus.
Il faut agir rapidement. On ne peut pas mettre la vie des gens sur pause. Ce ne sont pas des boîtes de Kraft Dinner. Ces personnes ont des vies et veulent se sortir de ces situations-là. Mais c’est difficile d’y arriver quand on précarise davantage une situation déjà précaire
La Ville de Gatineau indique qu’il est trop tôt pour avancer quel site serait optimal pour accueillir des personnes en situation d’itinérance et quelle forme prendra le campement
. Divers facteurs doivent être analysés, dont la proximité des services, la sécurité des occupants, la communauté d'insertion, la superficie disponible, l'acceptabilité sociale, etc
, affirme-t-elle dans un courriel acheminé à Radio-Canada.
La municipalité assure que les personnes en situation d’itinérance sur le site Centre Robert-Guertin auront un préavis raisonnable avant qu’ils aient besoin de se déplacer
. Selon elle, la date du début du chantier de démolition ne sera connue qu'après l'octroi du contrat dont l'appel d'offres devrait être lancé dans les prochaines semaines.
De son côté, le conseiller du district de Hull-Wright, Steve Moran, estime qu’une bonne communication et un effort concerté sont de mise afin de bien réussir une relocalisation éventuelle
. Il prône aussi la patience pour trouver un endroit intéressant et utile
aux gens dans le besoin.
Ça veut dire un endroit salubre où se trouvent à proximité les différents services où il y a accès à l'eau et peut-être un bloc sanitaire [...] Il faut aussi considérer les personnes qui habitent autour de cet endroit éventuel. La consultation est de mise.
Avec les informations d'Inès Ali-Khan et Mama Afou
