Maintenant sur le circuit mondial, Clara Émond a un potentiel à découvrir
Après une saison sur le circuit continental européen, Clara Émond a paraphé une entente de deux ans avec l'équipe du circuit mondial EF Education-Cannondale.
Photo : EF Education-Cannondale
Deux ans seulement après ses débuts professionnels, Clara Émond se retrouve déjà dans l’une des plus grandes formations du circuit mondial. Jusqu’où peut-elle monter? La cycliste de Saint-Ferréol-les-Neiges et sa nouvelle équipe, EF Education First, se posent la question.
J’ai signé pour deux ans avec l’équipe, et on voit le début de cette année comme une occasion de prendre de l’expérience comme équipière pour éventuellement avoir plus d’opportunités dépendant de comment ça va
, dit Clara Émond au sujet de la saison à venir.
Dans le monde très hiérarchisé du cyclisme professionnel, où le rôle de chacune est généralement établi en début de saison, la Québécoise de 26 ans est un cas particulier.
Il y a encore quelques années, la skieuse alpine devenue triathlète, puis cycliste n’était jamais montée sur un vélo de route. En juillet dernier, sa précédente équipe, Arkea, l’a envoyée au Tour de France comme remplaçante à la veille du départ. Elle a finalement mieux fait que toutes ses coéquipières, prenant le 23e rang du classement cumulatif.
À sa première saison professionnelle en Europe, Clara Émond a pris le 23e rang du classement cumulatif du Tour de France, la meilleure performance canadienne de la prestigieuse compétition.
Photo : Twitter / Arkea Pro Cycling
Devant cette ascension météorique, même ses nouveaux patrons peinent à estimer son potentiel. Est-elle une future domestique, grimpeuse ou meneuse de formation dans un grand tour ?
C’est un peu un pari qu’on a pris avec elle, mais parfois tu as le sentiment qu’une athlète pourrait vite devenir l’une des meilleures du peloton. On verra quel genre de cycliste elle sera au bout du compte
, a expliqué la directrice générale de EF Education-Cannondale, Esra Tromp, au moment de signer Clara Émond.
Une nouvelle équipe
Établie sur le circuit mondial masculin depuis longtemps, EF Education était également partenaire d’une équipe féminine jusqu’à l’an dernier. La croissance du cyclisme féminin a toutefois incité l’entreprise a fondé sa propre formation, cette saison, en partenariat avec l'équipementier américain Cannondale.
Il y a trois Canadiennes et plusieurs Américaines dans l’équipe. C’est bien parce qu’on est des pays un peu moins présents dans le peloton, mais là on est toutes ensembles
, relate Clara Émond, qui compte comme coéquipière et co-chambreuse la Sherbrookoise Magdeleine Vallières. C’est vraiment super. On peut parler québécois ensemble.
La Sherbrookoise Magdeleine Vallières a signé sa première victoire professionnelle au Trofeo Palma, en février en Espagne.
Photo : Gracieuseté : EF Education-Cannondale
Tombée malade en janvier, Émond a finalement fait ses débuts avec sa nouvelle formation lors d’une course en Espagne avant de participer au Trofeo Ponente, une compétition italienne de trois étapes qui s’est terminée il y a quelques jours.
J'allais là sans attente surtout pour aider Kim Cadzow, qui l'a emporté, et Kristen Faulkner, qui est une cycliste d’expérience très, très forte
, relate l’athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges.
Son travail de domestique a été bien fait puisque Cazdow et Faulkner sont montées sur les deux premières marches du classement cumulatif. Mais Clara Émond a aussi complété le podium. Un peu à ma surprise, j’ai réussi à finir dans le groupe de tête à chaque étape. L’équipe était vraiment contente de ma performance technique parce que, l’an dernier, j’avais plus de difficulté à naviguer dans le peloton.
Après le Tour de France, la Vuelta et le Giro
L’expérience, c’est ce que la Québécoise doit encore ajouter à son coffre à outils cette saison. Dans une équipe aussi grande et forte que EF Education-Cannondale, ses coéquipières et elles pourront user de stratégie pour contrôler les pelotons durant les courses. À ce sujet, Clara Émond sait qu’elle a encore beaucoup à apprendre.
N’empêche, son début de saison et ses excellentes performances lors de tests physiques sur le vélo lui ont déjà valu la confirmation qu’elle sera de la délégation de son équipe à la Vuelta, en Espagne, et au Giro d’Italie. On verra pour ce qui est du Tour de France, mais dans tous les cas, elle pourra se targuer d’avoir participé aux trois grands tours de la planète en un peu plus d’un an.
Après le Tour de France l'an dernier, Clara Émond aura l'occasion de participer aux deux autres grands tours.
Photo : Gracieuseté : Arkéa Pro Cycling
Ça va être plus facile pour moi de me distinguer sur des courses de 7 ou 8 jours. Je pense que ça va m’aider à avoir des rôles plus importants dans des tours à l’avenir, mais ça implique de bien performer dans les épreuves de contre-la-montre et de s’en sortir dans les sprints
, décrit celle dont les performances en montagne sont déjà très convaincantes.
À tout cela pourrait s’ajouter un appel du Canada pour représenter le pays aux Jeux olympiques, début août, mais l’étudiante à la maîtrise en droit n’en fait pas un objectif. Je suis très nouvelle là-dedans et je ne sais pas exactement comment les décisions se prennent. Je sais par contre qu’il y a seulement deux places et le parcours de Paris ne m’avantage pas vraiment
, explique celle dont le conjoint, le triathlète Charles Paquet, devrait représenter le Canada à Paris.
Jeux olympiques ou non, la saison qui débute devrait apporter certaines réponses concernant le potentiel de Clara Émond. La principale intéressée s’efforce toutefois de rester dans le moment présent. Elle ne demande qu’à pédaler et c’est ce qu’elle fera à nouveau, dimanche en Italie, en prenant le départ du Trofeo Alfredo Binda.
