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Inquiétude et cynisme rongent la communauté haïtienne du Canada

Des familles marchent à Port-au-Prince le 9 mars 2024.

Des familles quittent Port-au-Prince afin de pouvoir se protéger. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Ralph Tedy Erol

Au lendemain d'une rencontre entre le premier ministre du Canada et son homologue démissionnaire haïtien, la communauté haïtienne du Canada se montre très critique quant à la mise en place d'un gouvernement de transition.

Un communiqué publié lundi soir par le cabinet du premier ministre du Canada précise que Justin Trudeau et Ariel Henry se sont rencontrés et ont discuté des crises humanitaire, sécuritaire et politique qui ont présentement cours en Haïti.

Justin Trudeau a exprimé son inquiétude à M. Henry concernant la situation en Haïti et a souligné le soutien de longue date du Canada aux solutions dirigées par les Haïtiens.

Le cabinet du premier ministre a ainsi assuré qu'il est essentiel aux yeux de Justin Trudeau que les intervenants haïtiens puissent créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections libres et équitables ainsi qu’au rétablissement de l’ordre démocratique en Haïti.

Dans la soirée de lundi, Ariel Henry a annoncé qu'il démissionnerait une fois qu'un conseil présidentiel de transition serait créé.

L'homme politique a été exclu de son propre pays alors qu'il voyageait à l'étranger, en raison de la montée des violences des gangs criminels qui ont envahi une grande partie de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, menant à la fermeture de ses principaux aéroports internationaux.

Une réunion entre plusieurs dirigeants caribéens, l'ambassadeur du Canada à l'ONU, Bob Rae, et le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est tenue lundi en Jamaïque pour examiner les moyens de répondre à la crise en Haïti.

Des dignitaires lors d'une réunion d'urgence de la Communauté caribéenne le 11 mars 2024 en Jamaïque.

Une réunion d'urgence de la Communauté caribéenne (CARIOM) s'est tenue lundi en Jamaïque. Le Canada et les États-Unis étaient notamment invités.

Photo : Reuters / Andrew Caballero-Reynolds

Le secrétaire d'État américain a annoncé le versement de 100 millions $ US (environ 135 millions de dollars canadiens) supplémentaires pour financer le déploiement d'une force multinationale en Haïti de même qu'une autre somme de 33 millions $ US (environ 45 millions de dollars canadiens) en aide humanitaire.

Dans une courte déclaration publiée mardi matin, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a pour sa part salué la conclusion d'un accord politique entre les parties prenantes haïtiennes et a indiqué que le Canada soutiendrait sa mise en œuvre.

Nous restons préoccupés par la situation sécuritaire en Haïti et appelons toutes les parties à œuvrer pour un retour de la stabilité dans le pays, a-t-elle souligné.

Nous continuerons à soutenir la Mission multinationale de sécurité dirigée par le Kenya afin d'améliorer les conditions de sécurité du peuple haïtien.

Une citation de Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada

La communauté haïtienne du Canada inquiète... et cynique

Les événements se déroulant à Port-au-Prince ont créé une onde de choc au Canada. Le Québec compte une importante communauté haïtienne, estimée à plus de 140 000 personnes.

En conférence de presse, mardi matin, la Concertation haïtienne pour les migrant.e.s (CHPM) a réagi avec scepticisme aux derniers développements.

La CHPM regroupe une dizaine d’organismes communautaires qui viennent en aide aux demandeurs d’asile.

Marjorie Villefranche au micro d'ICI Première.

Marjorie Villefranche est directrice générale de la Maison d'Haïti. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Maya Arseneau

Sa porte-parole, Marjorie Villefranche, qui est directrice générale de la Maison d'Haïti, estime que le départ de M. Henry ne réglera pas les problèmes structurels du pays. Il faut s’attaquer à ces derniers d’une façon concertée et transformationnelle, qui représenterait un point de rupture avec les interventions passées.

C’est une petite lueur d’espoir, mais rien d’autre, parce que rien n’a changé, a souligné Ninette Piou, directrice générale du Centre Na Rive.

La CHPM exhorte le gouvernement canadien à assumer le leadership au sein de la communauté internationale pour trouver des solutions immédiates et durables à la crise et aux violences, tout en impliquant les Haïtiens.

Ce dernier point est fondamental, soutiennent-ils. J’ai bien peur qu’on décide pour Haïti sans consulter les Haïtiens de l'intérieur ni de la diaspora, a réagi Frantz Voltaire, membre, lui aussi, de la CHPM.

Le Canada, note-t-il, pourrait jouer un rôle de médiateur impartial pour aider à stabiliser le pays.

Des propos qui sont partagés par Wilner Cayo, président de l'organisme Debout pour la dignité.

Cette transition vers un autre gouvernement ne va pas être facile, mais donnera certainement des résultats chaotiques si on ne tient pas compte de cette volonté populaire. Il faut entendre les cris des masses populaires, il faut entendre ces gens-là qui sortent dans la rue, a-t-il affirmé sur les ondes de RDI.

Mais alors, vers qui se tourner afin de représenter les Haïtiens? Les élites? Les gangs? Les Haïtiens à l'étranger? En entrevue à RDI, Marjorie Villefranche a souligné qu'il ne faut pas chercher trop loin pour trouver des personnes qui permettraient une transition crédible.

Il y a une société civile dans le pays. La République n’est pas que Port-au-Prince. Il existe d’autres endroits où il y a plein d’acteurs de la société civile qui sont actifs au niveau des droits de l’Homme, des droits des femmes…

Une citation de Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d'Haïti

Il faut qu’on se tourne vers d’autres personnes que les mêmes personnes. Ces mêmes personnes peuvent être présentes, mais il faut d’autres personnes aussi dans cette transition.

Avec les informations de La Presse canadienne

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