Jusqu’où peut aller la densité dans le quartier torontois Liberty Village?
La nouvelle tour à Liberty Village serait plus haute que ses voisines.
Photo : Radio-Canada / Jérémie Bergeron
Un projet de nouvelle tour dans le quartier de Liberty Village génère des débats sur la densité et la qualité de vie dans ce quartier de l’ouest de Toronto.
Une pétition a rassemblé près de 2000 signatures contre une nouvelle tour de commerces et d’habitation de 43 étages, située au 86 rue Lynn Williams et où se trouvent un entrepôt désaffecté et un stationnement. Avec 588 logements et ses 143 mètres de hauteur, elle surpassera ses voisines.
Nous avons besoin d'espace où nous pouvons respirer librement sans nous sentir enfermés dans des structures de béton qui nous dominent
, mentionne le texte de la pétition.
Les résidents sont partagés. Ils comprennent le besoin de logement. Mais ils estiment que ce nouveau projet viendra accentuer les problèmes de congestion ou le manque d’infrastructures dans un secteur déjà très peuplé.
Selon l’agrégateur Areavibes.com, la densité de ce quartier est proche du triple de celle du reste de Toronto (13 880 habitants par kilomètre carré contre 4712).
Carl Foucault, qui habite depuis bientôt deux ans à Liberty Village, trouve qu’un des problèmes est la congestion routière durant les heures de pointe et pendant l’été
surtout.
Cette saison en particulier pose plus de difficultés en raison de la proximité du parc des expositions où se tiennent de nombreux événements pour le grand public.
Carl Foucault estime qu'il est souvent plus rapide de marcher que de se déplacer en voiture pour sortir du quartier, notamment l'été.
Photo : Radio-Canada
Selon son expérience, le souci vient du fait que pour entrer ou sortir, il faut passer par un pont
à l’est de ce quartier, enserré entre des voies de chemin de fer. Et il n'y a qu'une rue pour traverser Liberty Village
.
Il y a énormément de bâtiments, de personnes qui paient leurs taxes, alors la Ville devrait mettre plus d’emphase
sur les infrastructures et les services, juge cet habitant.
La densité dans les grandes villes est inévitable, donc il faut s’y préparer
, estime pour sa part Mary Castillo, une autre résidente.
Elle comprend qu’augmenter encore la densité ne corresponde pas à la population de ce secteur.
Ici, beaucoup de gens ont des enfants ou un chien donc plus d’espace et de plus petits bâtiments permettent d’avoir plus de lumière de jour et de bien-être.
Pour les promoteurs, l'attrait des transports en commun
Contactée, la Ville de Toronto indique que le permis de construire est en cours d’examen. Mais elle souligne que le projet correspond aux objectifs provinciaux et municipaux.
Le Plan de croissance de la province a identifié l'ensemble de la ville de Toronto comme une zone urbanisée, ce qui encourage l'intensification et la croissance, notamment dans et autour des zones riches en transports en commun
, relève-t-elle.
Et justement, le quartier propose des atouts : Liberty Village dispose à la fois de la gare Exhibition GO et de la future station King-Liberty SmartTrack
.
Des logements oui, mais avec quels services
L’urbaniste Ken Greenberg trouve que dans ce cas, ceux qui sont pour et ceux qui sont contre ont tous les deux raison
.
D’un côté, il estime qu’il y a un besoin de logements que ce projet comble. De l’autre, on est en train d'entasser de plus en plus de monde dans une empreinte très petite
, relève-t-il.
Et en même temps, on n'a pas l'infrastructure sociale, ce qui manque, ce sont des écoles, de garderies, des centres communautaires, les espaces publics
, poursuit l'urbaniste.
M. Greenberg estime qu’il faudrait un plan de développement général du quartier et il relève aussi que la partie ouest, destinée à une offre commerciale, présente une grande réserve d’espace.
À ce sujet, la Ville de Toronto indique qu'à la suite de décisions du Tribunal ontarien de l’aménagement du territoire, des utilisations résidentielles
seraient possibles après qu'une étude soit réalisée et de nouvelles politiques soient adoptées.
Elle ajoute, sans donner de montant ou de projet précis, que le propriétaire du terrain devra s’acquitter des redevances pour avantages communautaires qui financent des infrastructures sociales.
Avec les informations de Jérémie Bergeron et Sarah Tomlinson