Étudiants étrangers : des réactions partagées en Ontario à l’annonce d’Ottawa
La réduction du nombre d'étudiants étrangers pourrait avoir des conséquences graves pour certains établissements d'enseignement postsecondaires. (Photo d'archives)
Photo : Getty Images/iStock/Michael Jung
Le plafond de deux ans décrété par le gouvernement Trudeau en matière de permis d'études réjouit l'Association des étudiants internationaux sikhs, selon laquelle la mesure aidera à lutter contre « l'exploitation ». En revanche, des associations francophones, comme le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), s'inquiètent des répercussions de cette décision.
Le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, a confirmé lundi qu'Ottawa limiterait le nombre de permis d'études à environ 360 000 en 2024, soit une baisse de 35 % par rapport à 2023.
Ce plafond sera en vigueur pendant deux ans, a-t-il ajouté, citant entre autres la pénurie de logements au pays.
L'Ontario souligne les abus
La province de l'Ontario semble relativement bien accueillir cette décision, en insistant sur la responsabilité collective
avec le gouvernement fédéral sur ce sujet.
Dans une déclaration écrite, la ministre des Collèges et Universités, Jill Dunlop, souligne la contribution significative
des étudiants internationaux. Mais elle dénonce aussi les abus récents.
Nous sommes toutefois conscients que certains individus malveillants exploitent ces étudiantes et étudiants, en leur faisant de fausses promesses, telles que l’assurance d’un emploi garanti, d’une résidence permanente et même de la citoyenneté canadienne.
Elle indique son intention de collaborer avec le gouvernement pour sévir contre ces pratiques abusives, notamment en ce qui concerne le recrutement frauduleux
et s'assurer que les étudiantes et étudiants qui choisissent le Canada comme destination pour effectuer leurs études reçoivent une éducation répondant aux besoins spécifiques de l’Ontario.
Jill Dunlop, la ministre des Collèges et Universités de l'Ontario estime que les gouvernements de l'Ontario et fédéral doivent collaborer sur la question des étudiants étrangers et les abus auxquels ils font face. (photo d'archive)
Photo : La Presse canadienne / Steve Russell
Plus affirmatif, Jaspreet Singh de l'Association des étudiants internationaux sikhs, il s'agit d'un pas dans la bonne direction
pour préserver l'intégrité
du système.
Selon lui, nombre d'établissements collégiaux du Grand Toronto sont des usines à diplômes
qui offrent une formation de piètre qualité, ne permettant pas aux étudiantes et étudiants étrangers de trouver du travail par la suite.
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De son côté, le consultant en éducation Alex Usher croit que certains collèges du nord de la province pourraient faire face à la faillite
, parce que jusqu'à 90 % de leur clientèle est actuellement formée d'étudiants étrangers, fait-il remarquer.
Interrogé dans l'émission Dans La Mosaïque, Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, prédit une baisse de 50 % des permis d'études en Ontario
, la province la plus concernée.
Il imagine des conséquences en cascade
sur l'offre de programmes, les finances des établissements, voire les cibles en immigration francophone.
Il aurait aimé d'abord voir l'effet de diverses mesures prises depuis l'automne par le gouvernement, comme d'augmenter le seuil de revenus pour étudier au Canada. Il craint que cette limitation se fasse au détriment des bons joueurs
.
Mauvaise nouvelle pour la francophonie?
François Hastir, du RÉFO, craint que la réduction du nombre de permis d'études mène à une baisse du nombre d'étudiants francophones en Ontario.
L'annonce d'Ottawa est un « recul » pour les francophones, selon François Hastir du Regroupement étudiant franco-ontarien. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Si on vient couper le nombre d'étudiants internationaux francophones, c'est sûr qu'on va faire des reculs significatifs dans les progrès qu'on a faits au cours des dernières années
, dit-il.
Le Collège Boréal n'a pas voulu commenter l'annonce fédérale, disant vouloir d'abord obtenir davantage de précisions.
Avec des renseignements fournis par Jérémie Bergeron et Grégory Wilson