La hausse des prix freine l’essor des plateformes de diffusion en continu
Les Canadiens ont changé leur manière de regarder leurs séries préférées avec la naissance de plateformes telles que Netflix. (Photo d'archives)
Photo : iStock / cyano66
Les plateformes de diffusion en continu ont beau avoir changé la façon dont les Canadiens regardent leurs séries préférées, la hausse des prix a ralenti leur essor.
Au cours de la dernière année, la quasi-totalité des plateformes offrant la vidéo en continu a augmenté les frais d'abonnement.
Cette hausse se reflète de différentes façons. À l'instar de certaines entreprises, Apple TV Plus a tout simplement augmenté le prix de l'abonnement mensuel.
Selon une étude de Convergence Research Group, un organisme de Victoria en Colombie-Britannique, le prix de l'abonnement des dix plateformes les plus populaires a augmenté en moyenne de 12 % par année en 2022 et en 2023.
Rien n'indique un retournement de la situation en 2024, selon les experts.
D'autres plateformes comme Crave ou Disney Plus ont emprunté une voie différente. Elles offrent des forfaits avec pauses publicitaires à prix moindre, dans l'espoir d'attirer une clientèle plus économe.
Du pareil au même
Selon Carmi Levy, expert des moyens technologiques, cette nouvelle réalité démontre que le contenu des plateformes de diffusion en continu a perdu du lustre. Plusieurs abonnés se plaignent que leur facture ressemble de plus en plus à celle de leur ancien câblodistributeur.
La lassitude au sujet de la hausse des prix supérieure au taux déjà élevé de l'inflation commence à rattraper la fièvre initiale. La réalité commence à prévaloir.
Des experts prédisent que les Canadiens envisageront davantage de s'abonner aux forfaits les moins chers, quitte à endurer des pauses publicitaires. Des services gratuits comme ceux de Pluto TV et de Tubi pourraient accroître leur part de marché.
Les clientèles ont une perception de plus en plus négative des plateformes, selon les données d'une firme allemande, Statista.
Au cours d'une enquête mondiale réalisée au milieu de 2022, Statista a interrogé des consommateurs pour connaître les raisons les ayant poussés à se désabonner de leur service de diffusion en continu. Parmi les répondants, 28 % disaient payer pour un trop grand nombre de services, tandis que 25 % jugeaient que le prix de l'abonnement était trop élevé.
Une offre en berne
Voulant réduire leurs dépenses, plusieurs plateformes ont préféré éliminer des séries ou des films moins populaires. Elles peuvent économiser en évitant de payer des droits sur des œuvres moins regardées par les clients.
Par exemple, Disney Plus a effacé certains échecs comme les séries Willow ou Les Mighty Ducks : un nouveau jeu de puissance. Paramount Plus a retiré la série musicale Grease : Rise of the Pink Ladies.
Une scène du premier film « Jeu de puissance » avec Emilio Estevez en 1992. (Photo d'archives)
Photo : Walt Disney Pictures
Les plateformes tentent aussi d'obtenir des exclusivités. Au Canada, certaines ont bousculé leur programmation afin d'obtenir les droits exclusifs de séries déjà populaires pour attirer les clients de leurs concurrents.
La CBC a notamment retiré à Netflix et à Prime Video les droits des séries Bienvenue à Schitt's Creek et Kim's Convenience pour les présenter seulement sur son propre service, CBC Gem.
Les actrices Annie Murphy et Catherine O'Hara et les acteurs Eugene Levy et Danel Levy dans la série « Bienvenue à Schitt's Creek ». (Photo d'archives)
Photo : CBC
Paramount Plus a lancé une campagne publicitaire pour annoncer qu'elle avait les droits exclusifs des séries télévisées Yellowstone et South Park après les avoir soustraites à ses concurrents. Aussi, le partenariat avec Crave pour les émissions de Showtime a pris fin.
La série télévisée américaine « South Park » a entamé sa 26e saison en mars 2023. (Photo d'archives)
Photo : Comedy Central
Vive la pub!
À l'exception d'Apple TV Plus, les plus importantes plateformes misent sur un ancien modèle d'affaires : vendre du temps aux annonceurs.
L'attitude à l'égard des pauses publicitaires, longtemps considérées comme démodées, est devenue plus tolérante au cours des deux dernières années.
L'ancien président-directeur général de Netflix, Reed Hastings, était si irrité par l'idée même de la publicité qu'il avait juré aux investisseurs qu'elle ne ferait jamais partie de son entreprise. Il s'est ravisé à la fin de 2022, et Netflix a alors lancé un forfait moins cher.
Reed Hastings, cofondateur de Netflix. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / BRIAN LOSNESS
Il n'a fallu que quelques mois pour que Disney Plus et Crave emboîte le pas. Prime Video et Paramount Plus entendent les imiter au début de 2024.
Les gens pensent toujours en fonction de leur portefeuille. Il m'apparaît logique que les gens soient prêts à endurer des publicités si elles leur permettent de voir leurs séries pour un coût de 40 % à 50 % moins élevé.
Il signale que les pauses publicitaires sont bien moins longues sur les plateformes qu'à la télévision traditionnelle. Les plateformes diffusent moins de 10 minutes d'annonces, tandis qu'à la télévision, c'est environ 20 minutes. Mais pour combien de temps encore?