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Mélanie Joly défend une « diplomatie pragmatique » à l’issue d’une année mouvementée

La ministre des Affaires étrangères a fait le bilan de 2023 en entrevue avec Anne-Marie Dussault à 24•60.

Mélanie Joly, de face, discute avec Anne-Marie Dussault, de dos.

La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a accordé une entrevue à Anne-Marie Dussault à l'émission «24•60».

Photo : Ivanoh Demers

Une crise de sécurité mondiale : c’est ainsi que la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, décrit la situation internationale en 2023. Entre le conflit sanglant au Proche-Orient, la poursuite de la guerre en Ukraine et l’augmentation du coût de la vie, l’anxiété et la peur se sont installées partout, y compris au Québec, observe-t-elle en reconnaissant que « le gouvernement doit pouvoir répondre à ça ».

Ces émotions sont instrumentalisées par les partis d’extrême droite qui prennent de l’ampleur un peu partout, notamment en Europe et en Amérique latine, comme l’ont montré les récentes élections en Argentine, a-t-elle rappelé en entrevue à l'émission 24•60.

J’ai toujours des craintes pour la démocratie, on ne doit jamais la tenir pour acquise, a-t-elle confié à l'animatrice Anne-Marie Dussault, en partageant son inquiétude quant à cette montée de l'autoritarisme qui veut donner plus de pouvoir aux dirigeants et moins aux institutions.

Sur le plan international, les gouvernements font face à des moments difficiles, surtout les démocraties. Mais il y a une grande solidarité entre démocratie : jamais il n’y a eu autant de rencontres du G7, jamais il n’y a eu autant de rencontres diplomatiques. Les ministres des Affaires étrangères sont très occupés.

Une citation de Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada

La guerre qui oppose Israël au Hamas figure parmi ses priorités du moment. Mme Joly a rappelé la position diplomatique du Canada depuis la Seconde Guerre mondiale : C'est le soutien à l'État d'Israël et en même temps, la protection des civils. Présentement, c’est sûr qu’il y a une très grande tension entre ces priorités, a-t-elle reconnu.

24•60 : entrevue avec Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères

Bilans de l'année 2023 et perspectives pour 2024

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Un cadran illustre le passage de 2023 à 2024.

La solution à deux États, malgré le scepticisme

Le Canada veut remettre sur la table la solution à deux États, même s’il y a beaucoup de scepticisme, a-t-elle poursuivi. Pour elle, il y a trop longtemps que les parties des deux côtés n’ont pas investi dans cette solution. Notre boulot en tant que pays qui parle à plusieurs pays, c’est de convier les gens à la table des négociations, a-t-elle dit.

Elle affirme multiplier les rencontres, y compris avec des homologues auxquels elle n’a pas l’habitude de parler. Elle doit ainsi s’entretenir dans les prochains jours avec les ministres des Affaires étrangères de la Jordanie, de la Turquie, de l'Arabie saoudite, ainsi qu'avec des représentants de l'Autorité palestinienne.

Néanmoins, pas question de discuter avec le Hamas, une organisation terroriste qui doit être anéantie et que le Canada ne reconnaîtra jamais.

Interpellée par Anne-Marie Dussault sur le fait que le Canada n’a pas condamné les bombardements israéliens sur Gaza, Mme Joly a admis qu’il y avait eu trop de morts parmi les civils.

Israël doit faire preuve de plus de retenue. Le rôle du Canada, c'est d'avoir cette conversation avec le gouvernement israélien, une conversation très difficile, je dois vous le dire, pour en avoir eu plusieurs.

Une citation de Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada

Mais à la question de savoir si le Canada allait demander un cessez-le-feu, Mme Joly n'a pas répondu directement, rappelant que la semaine dernière, le Hamas, qui prend en otage la population palestinienne, qui l’utilise comme bouclier pour protéger ses soldats, avait repris les hostilités lors de la pause humanitaire en lançant une attaque terroriste sur Jérusalem.

La seule façon de finir cette guerre, a-t-elle martelé, c’est à la table des négociations, avec des voix israéliennes et palestiniennes, afin de trouver une façon d’avancer vers une paix durable dans la région.

Pourquoi condamner Vladimir Poutine lorsqu’il cible les populations civiles en Ukraine et se contenter d’appeler à la retenue quand il s’agit d’Israël?, a toutefois insisté Anne-Marie Dussault.

La ministre s’est réfugiée derrière le droit international, en évoquant de futures enquêtes qui vont certainement avoir lieu sur ces questions-là.

La situation en Ukraine, a-t-elle également insisté, est complètement différente. Il s’agit d’un État qui a envahi un autre État, alors qu'Israël est face à une organisation terroriste. Elle a réaffirmé la volonté du Canada de voir les Palestiniens disposer de leur propre État pour pouvoir exercer leur droit à l’autodétermination.

Mélanie Joly parle en bougeant les mains sur le plateau de l'émission.

La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, sur le plateau de «24•60»

Photo : Ivanoh Demers

Guerre en Ukraine et élections américaines

Mélanie Joly s'est dite convaincue que la Russie ne gagnera jamais la guerre en Ukraine, qui était une erreur stratégique. Moscou est affaibli sur les plans économique, diplomatique et militaire, estime-t-elle.

Elle a réitéré l’engagement du Canada envers les Ukrainiens, qui défendent leur propre liberté, mais aussi la nôtre, car ce sont les frontières de l’Europe que l’on défend pour l’instant.

Pour elle, les élections américaines, qui auront lieu l’année prochaine, vont être déterminantes non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour les relations avec la Chine, puissance mondiale perturbatrice, mais incontournable.

Que se passera-t-il si Donald Trump revient au pouvoir? On le connaît bien parce qu’on a déjà eu à négocier avec lui. On va toujours respecter la voix des Américains, leur choix aux élections, et on va s’adapter à qui travaille à la Maison-Blanche, a-t-elle assuré.

Toutefois, elle en a profité pour cibler le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, qui utilise certaines rhétoriques de Donald Trump et dont le parti s’en prend aux droits des femmes, aux minorités et à l’environnement.

Elle a regretté qu’il ait refusé d’entériner l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine. Entre vous et moi, je ne pensais jamais que les conservateurs prendraient une décision aussi ridicule, a-t-elle lancé à Anne-Marie Dussault.

Outre les élections américaines, Mélanie Joly annonce que l'Arctique et la souveraineté du Canada sur ce territoire seront sur son radar en 2024.

La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, avec Anne-Marie Dussault.

En entrevue avec Anne-Marie Dussault à l'émission «24•60», Mélanie Joly a commenté l'attitude de Vladimir Poutine.

Photo : Ivanoh Demers

À la fin de l’entrevue, Mélanie Joly a été invitée à réagir à des portraits de chefs d’État. Le président Zelensky? Un ami, pour moi, c’est le courage. Vladimir Poutine? Je ne l'ai jamais rencontré. Sincèrement, pour moi, c’est l'injustice et l'atrocité.

Du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, elle dit attendre qu'il investisse davantage son pouvoir et son influence pour une solution à deux États, parce qu'il ne peut pas être celui qui l'empêche. Quant à Antony Blinken, le secrétaire d'État américain, qu’elle appelle Tony, c'est un homme intelligent, un vieux routier de la diplomatie.

Et Xi Jinping, le président chinois? Un homme avec lequel il faut pouvoir assurer ce dialogue tout en sachant que nous ne partageons pas toujours les mêmes intérêts.

Une vision qui s’aligne avec celle d'une diplomatie pragmatique, seule garante, dit-elle, d’une plus grande paix et de stabilité.

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