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Un pont-tunnel à Québec : le nouveau scénario pour le 3e lien?

Vue sur le Pont de Québec et le Pont Pierre-Laporte

Vue sur le pont de Québec et le pont Pierre-Laporte dans la Capitale-Nationale.

Photo : iStock / marcduf

Et si le meilleur scénario pour un nouveau lien dans la Capitale-Nationale était un pont, à la hauteur de Saint-Romuald, suivi d’un tunnel jusqu’au boulevard Charest à Québec? C’est l’idée avancée par Bruno Massicotte, l’ingénieur qui a réalisé les premières études sur le troisième lien, et Daniel Toutant, le responsable de la réalisation du pont de l’autoroute 25 qui relie Laval à Montréal.

Pendant des mois, ils ont exploré les endroits propices à l’implantation de l’ouvrage, puis réfléchi au type d’infrastructure qui pourrait le mieux répondre aux besoins de la Capitale-Nationale, après que le projet de troisième lien eut été abandonné puis ravivé par le gouvernement Legault.

Les croquis réalisés suggèrent le début du tracé à la hauteur du chemin des Îles, à Lévis, dans le secteur Saint-Romuald. Un emplacement idéal, selon eux, puisque la vocation industrielle de cette artère n’implique aucune expropriation résidentielle.

De plus, le chemin des Îles se situe à la jonction de l’autoroute 20. Il compte déjà quatre voies, avec un espace pour élargir l’échangeur et insérer des stationnements incitatifs.

Le pont à haubans d’environ 700 mètres de portée compterait six voies, soit trois dans chaque sens. « Un tel ouvrage, conçu avec un souci d’esthétique, deviendrait une signature pour la région de la Capitale-Nationale », écrivent-ils dans une lettre ouverte. L’une des voies pourrait servir au transport en commun.

Schéma du tracé envisagé.

Un pont-tunnel pourrait relier Lévis à Québec.

Photo : Gracieuseté

Tout sur le 3e lien Québec-Lévis

Consulter le dossier complet

La ville de Québec vue d'un paquebot sur le Saint-Laurent.

Dans leur lettre, les deux ingénieurs expliquent pourquoi la topographie s’avère idéale à cet endroit : c'est notamment parce que les camions pourraient circuler sur l’infrastructure, contrairement au tunnel sous-fluvial mis de côté par le gouvernement Legault parce que la pente était trop abrupte pour les poids lourds.

Du côté de Québec, le pont deviendrait un tunnel, creusé dans le roc, jusqu’au boulevard Charest. M. Toutant et M. Massicotte n’ont pas déterminé l’endroit précis où commencerait le tunnel sur leurs plans, mais il serait réaliste de penser qu’il pourrait se situer près de l’anse au Foulon.

Une station pour le transport en commun

À l’intérieur du tunnel, les ingénieurs suggèrent la construction de gares de part et d’autre des voies de la structure. Des ascenseurs à haute vitesse permettraient aux usagers de rejoindre la surface en face du collège Saint-Charles-Garnier, situé sur le boulevard René-Lévesque.

« Ce lien vertical se situerait à mi-chemin entre la colline Parlementaire et le Pôle emploi de Sainte-Foy, tout en étant à proximité de l’Université Laval, optimisant ainsi les temps de parcours des usagers », peut-on lire dans leur lettre.

Daniel Toutant fait valoir l’efficacité de tels ascenseurs partout dans le monde. Celui qu’il propose aurait environ 60 mètres de hauteur.

« Le transport des autobus ferait très bien l’affaire pour nous connecter au lien est-ouest », ajoute-t-il, au moment où la Caisse de dépôt et placement du Québec a le mandat d’évaluer « un projet structurant » pour la ville de Québec.

Schéma du pont.

L'ouvrage serait un pont à haubans d’environ 700 mètres de portée et compterait six voies, soit trois dans chaque sens.

Photo : Gracieuseté

Un 2e lien nécessaire pour la sécurité

« Le but premier, c’est d’attirer l’attention sur la sécurité », enchaîne Daniel Toutant. Selon lui et Bruno Massicotte, on ne devrait plus parler de troisième lien à Québec, mais plutôt de deuxième lien, puisqu'ils ne considèrent pas le pont de Québec comme une structure adéquate pour la circulation entre les deux rives.

Non seulement l’infrastructure ne permet pas le passage des camions, mais les voies ne sont pas assez nombreuses et sont trop étroites. « Le vieux pont de Québec n’a certes pas la capacité d’absorber l’ajout de trafic qu’entraînerait une fermeture, même partielle, du pont Pierre-Laporte, ce qui nous amène à faire référence à un deuxième lien plutôt qu’à un troisième lien. »

Ils écrivent qu’une fermeture prolongée partielle ou totale du pont Pierre-Laporte « mettrait fort probablement en péril la sécurité publique et l’activité économique du Québec […] On ne peut plus exclure un accident important ou une catastrophe naturelle. En effet, la région de Québec se trouve dans une zone sismique active présentant une probabilité élevée de tremblements de terre majeurs. »

Le pont Pierre-Laporte et les ouvrages situés dans le même axe n’ont pas été conçus selon ces critères et pourraient donc être sérieusement endommagés si un séisme d’importance devait se produire, laissant ainsi les deux rives sans lien fonctionnel pour les services d’urgence. Au risque sismique s’ajoute l’usure des matériaux : les ouvrages en acier sont sujets à des bris associés aux cycles répétés de trafic, sans compter la corrosion et autres dégradations.

Une citation de Extrait de la lettre ouverte de Bruno Massicotte et Daniel Toutant

Bruno Massicotte, qui est également professeur titulaire au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal, soutient qu’« il y a déjà eu des tremblements de terre majeurs qui se sont produits dans l’est du Québec et la période de récurrence de ces tremblements de terre est à peu près de 100 ou 125 ans. Ces séismes sont fortement susceptibles de se reproduire. Ce qu’on ne sait pas, c’est quand. »

L’argument de l’achalandage a toujours été mis en avant pour justifier le projet de troisième lien à Québec. Selon Daniel Toutant, la sécurité est pourtant un facteur qui aurait dû être considéré bien avant. On n’a qu’un lien viable, dit-il, en référence au pont Pierre-Laporte. « Un lien qui pourrait s’avérer catastrophique s’il devait être fermé pour une période d’une semaine, d'un mois, voire d'un an », insiste-t-il.

Combien de temps peut-on attendre pour construire un nouveau pont dans la Capitale-Nationale? Il ne faut pas trop tarder, plaide M. Massicotte. Faire un projet comme ça, c’est minimalement dix ans de travail. C’est dix ans d’études pour s’assurer que c’est bien reçu collectivement, que le pont est au bon endroit et qu’il répond aux besoins, répond-il.

Les ingénieurs concluent leur lettre ouverte en affirmant que « la présente proposition nous semble à la fois élégante, économique et techniquement réaliste. Hormis le choix du site, qui devra faire l’objet d’études approfondies, la nécessité de construire un nouveau pont dans la région de Québec ne fait aucun doute à nos yeux. »

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