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Engouement pour l’entrepreneuriat chez les nouveaux arrivants francophones en Ontario

Rosine Bongnan, qui porte un chandail noir, est debout derrière une table sur laquelle se trouvent des produits artisanaux.

Ivoirienne d'origine, Rosine Bongnan vend des produits artisanaux fabriqués en Afrique de l'Ouest au marché de Sudbury.

Photo : Radio-Canada

Les nouveaux arrivants francophones en Ontario sont de plus en plus nombreux à se tourner vers l’entrepreneuriat, remarquent plusieurs intervenants. Cependant, même si les structures d’encadrement s'améliorent, plusieurs obstacles, dont l’accès au capital, compromettent leur réussite.

C'est jour de marché à Sudbury. Les portes du centre commercial viennent à peine d’être ouvertes que deux clientes se dirigent vers le kiosque Mien-Môh de Rosine Bongnan.

Cette Ivoirienne qui habite à Sudbury depuis 2019 y vend des vêtements et d'autres produits artisanaux fabriqués dans des pays ouest-africains.

Elle exploite une fibre entrepreneuriale qu’elle a découverte il n’y a pas si longtemps.

Immigration francophone

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Des personnes prêtent serment durant une cérémonie d'octroi de la citoyenneté canadienne

L’idée m'est venue du fait que quand je porte mes vêtements africains, les gens m’interpellent : "Ah, c’est beau, c’est joli, j’adore." Et je me suis dit : pourquoi ne pas essayer de les commercialiser pour voir réellement ce que ça peut donner? explique-t-elle.

Une année après s’être lancée en affaires, elle ne regrette pas d’avoir exploré l’inconnu en plus de garder son emploi à temps plein. Malgré les soucis, rien ne vaut l’interaction avec ses clients, comme ceux qu’elle rencontre au marché, note-t-elle.

Mien-Môh, [...] c’est mon plus grand bonheur. C’est mon plaisir de faire ce que je veux, d’offrir aux autres ce qu’il y a de plus beau chez moi. Et ça me fait plaisir de voir que des personnes, quand elles achètent mes produits, reviennent me voir au marché toutes heureuses, toutes joyeuses, en me disant : "Voilà, j’ai porté ce que j’ai acheté."

Une citation de Rosine Bongnan, propriétaire de la boutique Mien-Môh

De plus en plus de programmes d’accompagnement

Décoder les rouages du paysage entrepreneurial n’aura toutefois pas été de tout repos.

Il lui a fallu entre autres déchiffrer le système d’importation de ses marchandises et bien comprendre les modèles de livraison aux clients qui vivent à l'extérieur de la ville du nickel, qui n’ont pas tardé à se manifester, explique Rosine Bongnan.

Dans ses démarches, elle a été accompagnée par la Société économique de l’Ontario, une des structures d’accompagnement des nouveaux arrivants francophones qui aspirent à l’entrepreneuriat. Ces structures se sont multipliées ces dernières années.

La façade du campus du Collège Boréal de Sudbury l'automne.

En partenariat avec HEC Montréal, le Collège Boréal offre un programme d'accompagnement aux nouveaux arrivants francophones qui veulent se lancer en entrepreneuriat. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Yvon Thériault

Depuis 2020, le Réseau de soutien à l’immigration du Centre-Sud-Ouest de l’Ontario supervise l’incubateur Élan F, créé grâce au projet-pilote des communautés francophones accueillantes.

Après un suivi de dix mois, sept personnes ont réussi à monter une entreprise, alors que le Réseau en visait quatre ou cinq initialement, explique son directeur général, Alain Dobi.

Ça nous conforte dans l’idée que nous avions au début, confie-t-il.

On avait constaté qu’il y avait pas mal de nouveaux arrivants qui nous approchaient avec des idées d’entreprises, et donc, le fait de [lancer] cette initiative-là, je pense que ça leur a permis de mettre en œuvre les projets qu’ils avaient.

Une citation de Alain Dobi, directeur général du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Centre-Sud-Ouest de l’Ontario
Alain Dobi pose pour une photo.

Alain Dobi est le directeur général du Réseau de soutien à l'immigration francophone du Centre-Sud-Ouest de l'Ontario.

Photo : Radio-Canada / Bienvenu Senga

Lorsque Karen Niaba a décidé, au début de la pandémie, de créer son entreprise ArtConnekt, elle en savait très peu sur le milieu des affaires en Ontario.

Confinée, cette Ivoirienne d’origine qui venait tout juste de s’installer à Hamilton a dû faire preuve de créativité pour occuper ses enfants avec des activités artistiques.

Rapidement, l’idée de faire connaître des tissus et des pagnes africains à plus grande échelle a germé dans son esprit.

Des œuvres d'art fabriquées avec des tissus africains.

Les participants aux ateliers d'ArtConnekt sont invités à produire des œuvres avec des pagnes africains, comme celle-ci.

Photo : Karen Niaba

C’est là qu’elle s’est tournée vers Élan F, qui lui a appris tout au sujet des politiques qui régissent les différents types [...] d'entreprises et à propos du marché de la main-d’œuvre, de la diversité et de l’inclusion, toutes ces notions qu’on n’a pas forcément lorsqu’on arrive au Canada.

Mais par-dessus tout, le programme lui a permis de bâtir un réseau.

Vu que je travaille dans la communauté francophone, c’était un bon tremplin pour moi de bâtir ce réseau-là.

Une citation de Karen Niaba, propriétaire de l’entreprise Art Connekt

Dans la région d’Ottawa, le Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton (CÉSOC) offre depuis 2022 un programme d’encadrement des entrepreneurs et des aspirants entrepreneurs francophones noirs.

La formation a déjà été suivie par un peu plus de 200 personnes, selon le gestionnaire du programme d’entrepreneuriat au CÉSOC, Stéphane Georges Nana.

Il explique que les participants immigrants sont surtout motivés par l’entrepreneuriat pour avoir une indépendance financière, souvent plus difficile à atteindre dans le marché traditionnel du travail en raison du processus [de reconnaissance des acquis], qui prend parfois plus de temps que prévu.

L’accès au financement, quelles solutions?

Le CÉSOC met en lumière cinq principaux obstacles sur lesquels bute sa clientèle qui veut se lancer dans le monde des affaires, notamment le besoin d’un réseau de mentorat et des problèmes liés à la discrimination systémique qui existent encore pour les immigrants francophones noirs, fait savoir M. Nana.

Mais le financement est toujours la première question. Chaque fois qu’on a un atelier sur le financement, on va avoir beaucoup de participation et d’intérêt.

Une citation de Stéphane Georges Nana, gestionnaire du programme d’entrepreneuriat au Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton

Pour résoudre ce problème, le CÉSOC a mis sur pied, en juin dernier, un concours bisannuel où des novices entrepreneurs sont invités à exposer leur plan d’affaires dans l’espoir de remporter une bourse de démarrage.

L’organisme travaille aussi à la création de partenariats avec des institutions financières qui feraient en sorte que les participants à ses programmes, dont le concours, puissent avoir accès à du financement et ne recommencent pas la roue.

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Explorer des stratégies différentes

Pour avoir accompagné depuis longtemps de nouveaux arrivants francophones qui se lancent dans l’entrepreneuriat, Éthel Côté, professeure à l’Université de l’Ontario français, fait remarquer que très peu connaissent toutes les stratégies possibles pour diversifier leur financement, pour [se] donner la chance de réussir.

Éthel Côté à son bureau.

Éthel Côté salue la création, au cours des dernières années, de programmes d'accompagnement des immigrants qui aspirent à l'entrepreneuriat.

Photo : Radio-Canada

Des projets d’affaires totalement gagnants peuvent bénéficier d’un financement participatif au lieu de compter sur des prêts ou sur des subventions, fait-elle observer.

Elle encourage aussi l’exploration de l’entrepreneuriat collectif, qui peut servir d’effet de levier pour convaincre des investisseurs.

Découvrir les stratégies qui peuvent financer les entreprises, ça, je pense qu’il va falloir intégrer ça davantage dans l’accompagnement aux entrepreneurs.

Il faut les initier à toutes ces possibilités-là, conclut-elle.

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