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« Ça n’arrête pas » : un organisme francophone « débordé » par les demandes d’asile

Le demandeur d'asile portant une tuque en entrevue devant le 129, rue Peter, un bureau pour sans-abri à Toronto.

Le demandeur d'asile Arnaud Boussougou Mounguengui, natif de République démocratique du Congo, a dû dormir dans la rue à son arrivée à Toronto.

Photo : Radio-Canada / Mouaad El Yaakabi

Les deux premières nuits au Canada du Congolais Arnaud Boussougou Mounguengui ont été traumatisantes. Ce demandeur d’asile francophone a dormi à la belle étoile sur un carton devant un bureau d'urgence pour sans-abri de Toronto.

« Ça a été une nuit d’enfer. Je sors d’un pays où j'étais traumatisé », laisse-t-il tomber devant le bureau en question.

Comme la majorité des demandeurs d’asile francophones arrivés dans la Ville Reine, M. Mounguengui s’est tourné vers le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT) pour recevoir de l’aide dans ses démarches auprès du gouvernement fédéral.

Cependant, ces jours-ci, le seul organisme qui offre des services juridiques gratuits aux nouveaux arrivants francophones à Toronto est débordé.

Pour la première fois, nous n’avons pas la capacité de servir toutes ces personnes.

Une citation de Aissa Nauthoo, vice-présidente du CFGT pour l’aide juridique
Portrait d'Aissa Nauthoo dans un couloir des bureaux du Centre francophone du Grand Toronto.

Aissa Nauthoo, vice-présidente du Centre francophone du Grand Toronto pour l'aide juridique, affirme que les avocats de son organisme sont débordés.

Photo : Radio-Canada / Mouaad El Yaakabi

Immigration francophone

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Des personnes prêtent serment durant une cérémonie d'octroi de la citoyenneté canadienne

Selon cette avocate, l’alourdissement de la charge de travail est dû principalement à l’augmentation du nombre de demandes d’asile faites aux aéroports.

On est constamment sous pression et ça n'arrête pas. Même ce matin, en une demi-journée, on a eu six demandeurs d’asile.

Une citation de Aissa Nauthoo, vice-présidente du CFGT pour l’aide juridique

En septembre, 1840 demandes d’asile ont été déposées dans les aéroports ontariens, soit près de cinq fois plus qu’en janvier. Le nombre de demandes reçues en 2023 jusqu'à maintenant est déjà 75 % plus élevé que pour l'ensemble de 2022.

Dans l’ensemble, le nombre total de demandes d’asile traitées par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) et par l’Agence des services frontaliers (ASFC) en Ontario est passé de 21 170 en 2018 à 39 825 jusqu’à maintenant en 2023.

Arrivée difficile à Toronto

Images par drone de Toronto et de la rue Bloor.

Le coût du logement à Toronto est prohibitif pour de nombreux nouveaux arrivants. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell

Si les premiers jours à Toronto peuvent représenter un choc, la période d’intégration qui suit peut être tout aussi difficile. Il est quasiment impossible de trouver une chambre et les refuges sont complètement remplis, résume Aissa Nauthoo.

2614 $ par mois : le prix moyen d'un appartement d'une chambre à Toronto en octobre, selon Rentals.ca.

La moitié des lits d'urgence pourraient être occupés par des demandeurs d'asile d'ici la fin de l'année, prévient la Ville de Toronto. Les demandeurs d’asile et les réfugiés occupent actuellement 41 % des lits.

Faute de places dans les refuges de Toronto, Émilienne Mugisha, une travailleuse communautaire au CFGT, encourage ses clients en quête d'un logement d'urgence à aller à Windsor ou à London, à des centaines de kilomètres de Toronto.

Émilienne Mugisha en entrevue devant le 129, rue Peter, un bureau d'urgence pour les sans-abri à Toronto.

Émilienne Mugisha recommande aux demandeurs d'asile qu'elle rencontre de quitter la région en raison du manque de logements d'urgence à Toronto.

Photo : Radio-Canada / Mouaad El Yaakabi

Certains demandeurs d'asile quittent Toronto pour se rendre dans ces municipalités puisque les refuges sont pleins même en banlieue de Toronto. Dans la région de Peel, près de 60 % des lits sont occupés par des demandeurs d’asile.

On cherche du logement pour ces personnes à l’extérieur du Grand Toronto, donc à Oakville, à Hamilton, dans la région de York, et souvent, c’est un challenge de les convaincre d’aller là.

Une citation de Aissa Nauthoo, vice-présidente du CFGT pour l'aide juridique

D’après Laetitia Uwineza, gestionnaire de l’aide au logement au CFGT, la plupart des demandeurs d’asile bénéficient de l’aide sociale, mais sans l’Allocation Canada-Ontario pour le logement – une subvention gouvernementale pour réduire le coût du logement –, nous n’arrivons pas à [les] loger.

Pour sa part, Arnaud Boussougou Mounguengui a trouvé, par la grâce de Dieu , un logement temporaire, mais il devra le libérer d’ici deux semaines. Il ne s’attendait pas à avoir autant de difficulté à se loger en arrivant au pays et il n’est pas le seul, selon Mme Mugisha.

Plusieurs se disaient que le Canada est un pays riche et [qu'ils] seraient en sécurité, note-t-elle.

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Augmentation due à une crise mondiale

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada cite la crise mondiale de la migration pour expliquer l’augmentation du nombre de demandes d’asile, mais des sources ont aussi indiqué à Radio-Canada cet été qu’une politique d’intérêt signée en février contribuerait à cette hausse.

En vertu de cette politique, les détenteurs d’un visa de visiteur sont dispensés de prouver qu’ils quitteront le pays à l’issue de leur séjour.

Selon une porte-parole d’IRCC, toutefois, le pourcentage de personnes qui arrivent au Canada avec un [visa de visiteur] et qui demandent l'asile reste faible par rapport au volume global de [visas de visiteur] que le Ministère délivre habituellement chaque année.

Laetitia Uwineza fait en sorte de demeurer positive lorsque les demandeurs d’asile à qui elle vient en aide au Centre francophone de Toronto traversent des moments difficiles.

Le Canada reste un pays de possibilités, donc c’est à nous de leur donner de l’espoir en leur disant que c’est une période de transition qui ne les définit pas, conclut-elle.

Avec les informations de Mouaad El Yaakabi

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