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Sonia Bélanger : un « running gag » sur une humoriste fictive passe mal

Une femme souriante qui tient un micro devant elle.

Régulièrement annoncée, mais absente de la scène du Troquet, Sonia Bélanger a une bonne raison de ne pas monter sur scène : elle n’existe pas, et son visage a été généré par une intelligence artificielle.

Photo : Avec la gracieuseté d'Alex Lévesque

Régulièrement annoncée aux soirées Les jeudis Julien Dionne et ses ami/e/s au Troquet, mais absente de la scène, Sonia Bélanger est un « running gag » assumé, inventée de toutes pièces par les organisateurs de ces événements. L’établissement de la rue Laval explique sa position et se défend de toute démarche misogyne.

Propriétaire du café-bistro Le Troquet, Éric Gaudreault précise qu’en créant Sonia Bélanger et en en faisant la promotion depuis le mois de juin dernier, allant jusqu’à générer par intelligence artificielle le visage de cette humoriste fictive, les soirées Les jeudis Julien Dionne et ses ami/e/s au Troquet ont ainsi voulu répondre à la page Instagram Pas de fille sur le pacing. Ce compte dénonce les soirées d’humour qui ne font pas suffisamment de place aux femmes dans leur programmation.

Cette page-là nous mentionnait souvent, nous teintait de misogynie, comme si on ne faisait aucun effort, dit à regret le propriétaire du café-bistro Le Troquet, Éric Gaudreault, qui assure que plein de femmes sont passées sur les planches du Troquet.

Portrait d'Éric Gaudreault.

Éric Gaudreault est le propriétaire du Troquet.

Photo : Radio-Canada / Camille Kasisi-Monet

Donc, pour répondre à leur farce de nous associer à ce type de gestion, on a répondu avec la farce de créer cette humoriste de toutes pièces, se défend Éric Gaudreault.

On annule [Sonia Bélanger] à chaque début de spectacle, et la majorité de notre clientèle savait que c'était un running gag, précise-t-il.

Gros plan du visage d'une femme souriante. La moitié de son visage est couvert d'une illustration qui représente la reconnaissance faciale d'une intelligence artificielle.

Fausse humoriste : les dérives de l'intelligence artificielle

Photo : Radio-Canada / Image : Avec la gracieuseté d'Alex Lévesque

« Une mauvaise blague »

Si le public ne peut pas applaudir Sonia Bélanger, celle-ci est régulièrement annoncée parmi les artistes programmés aux soirées Les jeudis Julien Dionne et ses ami/e/s au Troquet, à Gatineau; un gag à répétition qui fait grincer des dents.

La seule fille sur tous ces pacings, "Sonia Bélanger", n’existe pas. C’est fou pareil les efforts déployés pour juste ne pas "booker" une femme humoriste! a dénoncé dimanche, sur sa page Instagram, le collectif de femmes humoristes Pas de fille sur le pacing.

C’est horrifiant et démoralisant! dit pour sa part, sous cette même publication, l’humoriste québécoise Marie-Lyne Joncas. Nous sommes outrées par la démonstration flagrante de comportements misogynes et antiféministes, s’indigne également la Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie.

Humoriste et militante féministe, et membre du mouvement Pas de fille sur le pacing, Coralie LaPerrière trouve regrettable cette mauvaise blague.

Au lieu d’inviter une femme, ils ont décidé de continuer dans le "boys club", d'inviter des hommes et de ne pas changer leur comportement. C’est hypocrite de leur part de se sentir attaqué et de répliquer par une attaque.

Une citation de Coralie LaPerrière, humoriste

Cette dernière souligne que la page Pas de fille sur le pacing n’est pas en guerre contre Le Troquet, mais qu'elle cherche une solution à un problème systémique.

Même lecture du côté de l'humoriste Joëlle Prudhomme, qui, en entrevue à l’émission Sur le vif, qualifie d’arrogant et de manque de respect le fait de tourner en ridicule un problème systémique dénoncé par le mouvement Pas de fille sur le pacing.

Des défis à relever

Pour ma part, je trouvais la joke drôle. J’ai moi-même une soirée d’humour et ce n’est pas toujours évident de trouver des femmes qui veulent se déplacer à Gatineau, a dit de son côté l’humoriste Gaby Gatineau dans une déclaration écrite.

On fait déjà des efforts supplémentaires, on a présenté toutes les personnes qui travaillent en humour de près ou de loin en Outaouais. On fait notre partie et on en fait plus aujourd'hui en faisant parler le Québec de cette problématique, estime pour sa part Éric Gaudreault, reconnaissant le plafond de verre et la nécessité de renforcer la présence des femmes humoristes sur les scènes.

Est-ce qu’on va faire plus d’effort? Non. Est-ce qu’on va continuer à vouloir aider les humoristes féminines à avoir la même importance que les humoristes masculins? Oui, on va aider à faire avancer cette cause, c'est certain, conclut Éric Gaudreault.

Julien Dionne, humoriste et animateur de la soirée, a refusé de commenter en nous dirigeant vers le propriétaire du Troquet.

Avec les informations de Camille Kasisi-Monet

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