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Le dossier de la voie de contournement demeure épineux à Lac-Mégantic

Des cyclistes passent par-dessus un passage à niveau.

Une décennie après la tragédie, le train passe toujours au cœur de Lac-Mégantic.

Photo : Radio-Canada / André Vuillemin

Radio-Canada

La voie de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic se fait toujours attendre par certaines personnes et divise encore les résidents du secteur, 10 ans après la tragédie. Sur le terrain, les tensions sociales entourant ce projet annoncé en grande pompe en 2018 sont vives. Le gouvernement fédéral garde tout de même le cap.

La construction d’une voie de contournement ferroviaire sur le territoire de Nantes, Frontenac et Lac-Mégantic devait s’achever en 2023. À ce jour, la première pelletée de terre n’a pas encore eu lieu.

Une carte qui montre le tracé de la future voie de contournement.

La voie de contournement passera par Nantes, Lac-Mégantic et Frontenac.

Photo : Transports Canada

Le train passe toujours au centre-ville de Lac-Mégantic, au grand désarroi de la mairesse, Julie Morin.

C’est vraiment trop long. Je trouve que ça n’a pas de sens que, 10 ans plus tard, on soit encore en train de parler d’un projet qui n’est concrètement pas encore commencé sur le terrain, déplore-t-elle.

De nombreuses étapes ont toutefois été franchies en cinq ans, dont des études environnementales et les audiences du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Le processus d’expropriation s’est aussi récemment amorcé, et la prise de possession de terrains dans le cadre du projet doit se faire le 1er août prochain

Ce sont des étapes importantes, concrètes, qui sont par contre fragiles, difficiles sur le plan de la communauté.

Une citation de Julie Morin, mairesse de Lac-Mégantic
Julie Morin devant le centre-ville de Lac-Mégantic.

La mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

On ne corrige pas une erreur par une autre erreur

Le projet est notamment inconcevable pour Yolande Boulanger, qui a perdu son petit-fils de 19 ans, Frédéric, dans la tragédie. Elle fait partie de la quarantaine de propriétaires qui verront une partie de leur terrain amputé au bénéfice du projet, puisque la voie traversera son champ.

Dès le départ, je trouvais que ça manquait vraiment d’humanité d’envoyer le train chez quelqu’un qui avait eu des pertes aussi importantes, estime-t-elle.

Ce sont toutefois les répercussions sur les milieux humides et le niveau de la nappe phréatique qui préoccupent d'abord et avant tout cette figure de proue de la mobilisation citoyenne.

Un piquet blanc dans un champ.

Le piquet blanc dans le champ indique où la voie de contournement devra passer, scindant en deux les terres agricoles de Yolande Boulanger.

Photo : Radio-Canada / Brigitte Marcoux

On ne corrige pas une erreur par une autre erreur. [...] S’ils la font telle quelle, ils préparent une deuxième catastrophe.

Une citation de Yolande Boulanger, citoyenne mobilisée contre le tracé de la voie de contournement

Le tracé représente également un non-sens pour Sylvain Côté, un autre exproprié. Ce qui est problématique dans ce projet-là, c’est qu’on n’a jamais consulté les gens comme il se devait, dit-il en soupirant, ajoutant qu’il a lui aussi des craintes environnementales liées au projet.

Transports Canada assure que des mesures seront déployées pour garantir l’approvisionnement en eau des citoyens. Cet engagement n’a toutefois pas su calmer l’opposition. À Frontenac, ce sont 92,5 % des participants à un référendum qui s’opposent au tracé actuel. La Municipalité de Nantes est aussi officiellement contre le tracé.

Ces gens-là sont en train de se chicaner, de se détruire

Anne-Marie Saint-Cerny, qui a publié un livre-enquête sur la tragédie, assiste, impuissante, à ce qu’elle considère être une détérioration du climat social, puisque l'objectif initial du projet de voie de contournement était de contribuer au processus de guérison.

Anne-Marie Saint-Cerny à l'extérieur, près de l'eau.

Anne-Marie Saint-Cerny déplore ce qu’elle considère être une détérioration du climat social.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

C’est épouvantable; il n’y a pas de mots pour décrire à quel point ça lève le cœur, ce qui se passe à l’heure actuelle avec le fédéral et le CP [Canadien Pacifique], parce que ces gens-là sont en train de se chicaner, de se détruire, pour les mêmes acteurs qui ont causé leur première tragédie.

Une citation de Anne-Marie Saint-Cerny, auteure du livre Mégantic : une tragédie annoncée

Un projet essentiel, selon la mairesse

La mairesse de Lac-Mégantic demeure toutefois convaincue que le projet est essentiel, en raison, notamment, du fort dénivelé de la voie ferrée qui mène à Lac-Mégantic. 

Il faut éloigner le train des milieux urbanisés. Ce sont 82 % de tous les bâtiments du territoire de Lac-Mégantic qui sont à moins de 500 m de la voie ferrée actuellement. Avec la pente, avec la courbe, c’est certain que la seule option, c’est vraiment d’éloigner le train.

Une citation de Julie Morin, mairesse de Lac-Mégantic
Le centre-ville de Lac-Mégantic peut être aperçu derrière la voie ferrée .

« Ce sont 82 % de tous les bâtiments du territoire de Lac-Mégantic qui sont à moins de 500 mètres de la voie ferrée », souligne la mairesse de la Municipalité. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / André Vuillemin

Elle se désole toutefois de ce qu'elle juge être des lacunes de communication de la part du Canadien Pacifique (CP) et de Transports Canada.

Ce sont de grosses organisations qui sont loin de comprendre le besoin réel, la sensibilité du dossier sur le terrain. [...] Ça nuit vraiment à la cohésion dans le projet, croit la mairesse. 

Le ministre des Transports se montre sensible aux préoccupations citoyennes, mais il ferme la porte à toute modification du tracé.

Nous avons tout fait pour identifier le meilleur tracé, pour travailler avec les propriétaires, mais il faut construire la voie. Je comprends qu’il y a encore des personnes qui ne sont pas convaincues, mais c'est dans l'intérêt public, a assuré Omar Alghabra en entrevue avec Radio-Canada. 

Même si le tracé n'a pas encore reçu l'aval de l'Office des transports du Canada, le ministre croit que la construction pourrait commencer dès cet automne. 

Le Canadien Pacifique a refusé la demande d’entrevue de Radio-Canada. 

Un train passe près d'une affiche sur laquelle il est écrit « Lac-Mégantic ».

Le ministre croit que la construction d'une voie de contournement pourrait commencer dans quelques mois.

Photo : Radio-Canada / Guylaine Charette

Avec les informations de Thomas Deshaies 

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