TikTok pour intéresser la jeunesse à la littérature d’ici

La plateforme Tiktok semble être une alliée des auteurs jeunesse francophones. Ils sont de plus en plus nombreux à utiliser ce réseau social pour atteindre leur auditoire et les parents. Portrait de quatre auteurs du Québec.

Les rencontres d’auteurs dans les milieux scolaires demeurent très prisées par les enseignants et par leurs élèves. L’autrice Carine Paquin s’y adonne régulièrement.

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Cependant, pour joindre un plus large éventail de son jeune auditoire, elle utilise son téléphone intelligent.

Si on veut faire lire les enfants, il faut aller les chercher chez eux, dans leur salon. Je ne peux pas cogner à toutes les portes. Donc, je vais sur les réseaux sociaux pour leur parler presque directement, explique-t-elle.

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Depuis 2020, elle utilise d’ailleurs TikTok pour faire connaître son univers littéraire. Plus de 21 000 personnes sont abonnées à son compte pour regarder ses capsules.

J’utilise cette plateforme parce que mon public est là. Les enfants s’intéressent aux capsules TikTok. Ce sont des capsules qui sont très courtes. C’est super efficace, fait valoir Carine Paquin, qui a notamment créé une série de cinq contes pour les enfants (Nouvelle fenêtre) de 3 à 6 ans.

Tiktok nous permet de partager l’amour pour la littérature à travers un écran. C’est un peu contradictoire, mais on va chercher les enfants dans leur goût de l’écran pour les ramener vers les livres.

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L’autrice Sophie Gagnon-Roberge, alias « Sophie lit », s’est aussi adaptée aux nouvelles plateformes. Elle crée des capsules vidéo sur Tiktok depuis 2021.

Au lieu de combattre la technologie, cette écrivaine et conférencière a plutôt décidé d’en faire une alliée. Elle considère que les jeunes ne lisent pas moins mais plutôt différemment.

TikTok est pour moi une immense source de suggestions de lecture. TikTok a donné envie [aux jeunes] de lire des livres. Donc, ce n’est pas l'un contre l’autre : l’un nourrit l’autre, souligne Sophie Gagnon-Roberge.

La technologie fait en sorte que les auteurs et autrices sont en contact avec leur communauté. [Ce lien] fait en sorte qu’on a envie d’aller lire leurs livres.

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La responsable des salons du livre aux Éditions Les Malins, Adèle Lanthier, estime que plusieurs auteurs se sont tournés vers TikTok en 2020.

Quand tout le monde était enfermé [à la maison], on pouvait regarder plein de vidéos à longueur de journée. C’est à ce moment que plusieurs auteurs, dont Carine Paquin, ont fait le saut sur TikTok, note-t-elle.

#BookTok, l’envers du décor de l’industrie littéraire

Cette plateforme permet notamment aux jeunes lecteurs d’en apprendre davantage sur l’envers du décor de l’industrie littéraire. Mme Lanthier a fait une capsule pour décortiquer les commandes en ligne.

Lorsqu’on prépare une commande, on peut montrer ce qu’on met [dans la boîte]. Est-ce qu’on met un extrait ou un signet? Généralement, les jeunes apprécient beaucoup ces vidéos, raconte Adèle Lanthier.

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Le mot-clic #BookTok a aussi connu un essor au cours des dernières années. Il est utilisé par une communauté de lecteurs et d’auteurs sur TikTok.

BookTok est une communauté de lecteurs. C’est un regroupement de personnes qui sont bien intéressées par la littérature et qui partagent leurs lectures. Ça crée une belle communauté de gens qui ont les mêmes intérêts.

TikTok, simple outil de promotion?

Alors que les élèves d’âge primaire sont de plus en plus actifs sur les réseaux sociaux, d’autres auteurs comptent emboîter le pas. C’est le cas de Patrick Blanchette, qui est auteur de bandes dessinées.

Je pense commencer à publier des vidéos de [dessins de vitesse] où on me voit dessiner rapidement, fait-il savoir.

On dit souvent que Facebook et Instagram, c’est plus souvent les adultes qui vont être dessus. Les jeunes sont plutôt sur TikTok.

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Mais ça vaut la peine d’être sur l'ensemble des réseaux sociaux parce que ce sont les parents qui achètent les livres, croit-il.

Cet auteur voit dans les réseaux sociaux un outil de promotion. Pour plaire aux lecteurs, Patrick Blanchette croit surtout en l’importance de raconter des histoires qui interpellent l’auditoire contemporain.

Maintenant, la littérature est beaucoup plus globale. Un enfant peut découvrir une série d’animation japonaise, puis s’intéresser aux mangas par la suite. Il va lire ce qui lui plaît. Je pense que c’est nous, les auteurs au Québec, qui devons créer des choses qui vont interpeller nos jeunes, soutient-il.

Patrick Isabelle a décidé d'adapter son style d’écriture.

Je pense qu’en écrivant des romans d’horreur, ça va les chercher. J’essaye de les accrocher dès les premières pages, mentionne-t-il.

Tout comme pour de nombreuses séries Netflix, il s’assure que la fin de ses histoires accroche le lectorat pour les inciter à lire la suite.

Avec les fins de mes livres, je veux m’assurer qu’ils vont lire le suivant. Je prends les codes de Netflix et je les applique aux romans. Ça fonctionne.

Pour bâtir une relation avec son auditoire, l’auteur préfère les contacts directs comme lors des salons du livre.

Je suis sur Instagram et Facebook. Mais je ne me fais pas de publicité à travers les médias sociaux. J’écris des romans, c’est ça ma spécialité. Mais je demeure accessible. Quand mes [admirateurs] m’écrivent sur Instagram, je réponds à tout le monde, précise l’auteur.

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Avenir prometteur pour la littérature?

Des créateurs estiment que l’intérêt que les jeunes portent à la culture et à la profession d’écrivain survit malgré le foisonnement technologique.

Je pense qu’il y a quand même un gros engouement des jeunes, partout à travers le monde mais aussi au Québec, pour le manga et la bande dessinée japonaise. Je pense que les auteurs québécois peuvent en tirer beaucoup de choses, affirme Patrick Blanchette.

Plus que jamais, je trouve que les enfants lisent et s’intéressent beaucoup aux histoires. Il y aura toujours de la place pour la littérature, conclut Carine Paquin.

Avec la collaboration de Jean-François Deschênes et de Xavier Lacroix