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AnalyseLa chance inespérée du Parti conservateur du Québec

Quand Éric Caire vient en aide à Éric Duhaime...

Éric Duhaime en entrevue.

Depuis le début de l’année, le chef conservateur a tenté tant bien que mal de faire valoir sa différence. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

En choisissant de demeurer à la tête du Parti conservateur du Québec (PCQ) même après la défaite du 3 octobre, Éric Duhaime se doutait bien que les années à venir ne seraient pas une sinécure. La rapidité avec laquelle le gouvernement a finalement laissé tomber le projet de troisième lien autoroutier, et l’inélégance avec laquelle certains élus se sont comportés, lui offre cependant une occasion unique à saisir.

Depuis le début de l’année, le chef conservateur a tenté tant bien que mal de faire valoir sa différence, plaidant qu’il était le seul à défendre les positions qui sont les siennes, que ce soit au sujet du travail des enfants ou sur l’enjeu des drag queens. À Québec, aucune de ces questions n’obtient toutefois le centième de la résonance qu’a le projet de troisième lien.

L’idée est à l’avant-plan de l’actualité depuis déjà 10 ans, en bonne partie grâce à la CAQ. Conservateurs et caquistes se partageaient jusqu’ici l’appui des électeurs favorables au projet, mais tout a basculé en quelques heures à peine. Dorénavant, Éric Duhaime sera seul sur le terrain du troisième lien.

Avec la fin des mesures sanitaires, bien des gens se demandaient si le PCQ serait capable de conserver tous ses nouveaux membres et de les garder mobilisés. La cabale que le parti entreprend maintenant contre Éric Caire dans La Peltrie ne pouvait pas mieux tomber.

Il a encore une fois choisi la limousine, il a choisi de trahir la population, a lancé Éric Duhaime à ses partisans, réunis hier devant le bureau d’Éric Caire, dans l’espoir de rendre la pression insoutenable. Au cours des deux prochains mois, les militants conservateurs ratisseront de long en large la circonscription pour recueillir des signatures exigeant la démission du député. L’objectif est d’obtenir l’appui d’un citoyen sur deux.

Tout sur le 3e lien Québec-Lévis

Consulter le dossier complet

La ville de Québec vue d'un paquebot sur le Saint-Laurent.

Rien de tel pour motiver ses troupes qu'un but bien défini, avec en tête un adversaire précis. Et comme le hasard fait parfois bien les choses, c’est justement dans la grande région de Québec, là où la décision du gouvernement Legault fera le plus mal, que les partisans conservateurs sont les plus nombreux.

Récolter plus de 30 000 signatures demeure tout un pari, surtout que des électeurs pourraient se montrer réticents à s’associer à une démarche entreprise par le PCQ, mais qu’importent les résultats.

À moins d’un échec total, les conservateurs ne peuvent que sortir gagnants de l’exercice. Le suspense planera durant quelques semaines et les médias seront à l’affût pour savoir comment la collecte de signatures progresse. Pendant ce temps, le parti récoltera noms et coordonnées. Rien ne garantit que la mobilisation annoncée se traduira en grande percée électorale en 2026, mais aucun gain n’est à négliger quand on est en cinquième position dans les sondages.

Si d’aventure Éric Caire est exclu du conseil des ministres, Éric Duhaime cherchera certainement à s’en attribuer le mérite. Si le député quitte son poste, un tout nouveau chapitre s’ouvrira, M. Duhaime ayant déjà indiqué qu’il se porterait alors candidat dans La Peltrie. Et si la pétition ne donne pas les résultats escomptés, le PCQ aura tout de même réussi un sacré coup de publicité.

Éric Caire marche dans un corridor de l'Assemblée nationale.

Éric Caire avait promis de démissionner si le troisième lien ne voyait pas le jour, mais le ministre s'est ravisé.

Photo : Radio-Canada

Une justice immanente?

Au-delà de la stratégie politique, il y a quelque chose de presque fascinant à voir Éric Duhaime utiliser contre Éric Caire les dispositions du projet de loi que lui-même avait déposé en 2011 pour faciliter la révocation des élus ayant déçu leurs électeurs.

Le fait est qu’Éric Duhaime frappe précisément sur les mêmes clous qui avaient fait la fortune du shérif de La Peltrie lorsqu’il était dans l’opposition. Pendant des années, ce dernier avait multiplié les attaques contre les élus soupçonnés d’agir par opportunisme, de manquer à leur parole ou d’être incapables de faire ce qu’ils avaient promis.

Si les rôles étaient inversés, Éric Caire agirait exactement comme le fait aujourd’hui Éric Duhaime. Ce dernier y ajoute en prime quelques pointes contre les élites montréalaises, qui ne peuvent que plaire à ses militants dans la capitale.

Ne voulant pas laisser le Parti conservateur occuper tout l’espace, Paul St-Pierre Plamondon a déjà annoncé que son parti déposera lui aussi un projet de loi sur la révocation des élus, inspiré du travail effectué par Éric Caire à l’époque. Le chef péquiste veut tirer parti de la situation, mais il cherche surtout à renforcer l’image de sincérité et de conviction qui a fait son succès lors des dernières élections.

Le PQ réclame également des excuses du gouvernement et du premier ministre pour avoir traité les électeurs comme de la marchandise électorale. On veut essentiellement rappeler aux Québécois que c’est François Legault qui a tranché le débat en dernière instance.

Il est vrai qu’en devenant le paratonnerre de tous ceux à qui la décision de la CAQ déplaît, Éric Caire préserve quelque peu François Legault de la tempête. Finalement, le bureau du premier ministre lui-même pourrait ne pas voir d’un si mauvais œil l’initiative d’Éric Duhaime.

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