Pas de 3e lien pour les autos : Drainville s’excuse, Caire reste au caucus
Le député de Lévis et ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, durant sa mêlée de presse, le jeudi 20 avril 2023.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Émotif, le ministre Bernard Drainville a présenté ses excuses à la population de Lévis et de Chaudière-Appalaches quant à la nouvelle mouture du troisième lien. Le ministre Éric Caire, qui avait mis son siège en jeu si le projet n’était pas réalisé, est revenu sur sa parole en mêlée de presse.
Je veux d’abord présenter mes excuses aux gens de Lévis et aux gens de Chaudière-Appalaches. J’ai pris un engagement et je ne suis pas en mesure de le livrer, et donc, je comprends leur déception, je comprends leur colère et je suis vraiment désolé
, affirme le ministre responsable de la région de Chaudière-Appalaches, visiblement ébranlé.
En campagne électorale, Bernard Drainville, alors candidat de la Coalition avenir Québec dans Lévis, avait fait un vibrant plaidoyer en faveur d'un projet autoroutier. L'attente pour les automobilistes est devenue infernale
, disait-il.
L’engagement que j’avais pris était sincère. Le trafic que j’observais était réel. L’été passé, le trafic était intense. C’était épouvantable!
, s'est-il exclamé après l'annonce de l'abandon du volet autoroutier.
M. Drainville dit réaliser maintenant que la circulation lors de la période estivale était liée à des travaux à la sortie des ponts sur la Rive-Nord.
Il se disculpe auprès des automobilistes en affirmant :
Le trafic sur les ponts est gérable. Il y a des moments de congestion. [...] Mais quand on regarde les chiffres objectivement, ces moments d’attente ne justifient pas un investissement de plusieurs milliards de dollars.
Il martèle cependant que le lien au centre-ville est nécessaire. On mérite un système de transport collectif qui a du bon sens, qui a de l’allure, qui est à la hauteur de la zone métropolitaine qu’on veut créer.
En 2018, à quelques mois de la campagne électorale, le député caquiste Éric Caire promettait de démissionner advenant que le projet ne se réalise pas.
Photo : Radio-Canada
Éric Caire n'a pas l'intention de démissionner
Le ministre et député dans La Peltrie, Éric Caire, s’est aussi présenté la tête basse devant les journalistes.
C’est une journée très difficile, je comprends la déception de mes concitoyens. Politiquement, c’est probablement la décision la plus difficile que j’ai eu à prendre.
Il compte aller à la rencontre des citoyens pour bien leur expliquer la décision, mais n’a pas l’intention de démissionner.
Cet ardent défenseur du troisième lien avait mis son siège en jeu si la construction du projet n’était pas lancée lors du premier mandat de la CAQ (2018-2022). Il avait même ajouté qu’il allait se battre jusqu’au sang pour que le projet se réalise.
Je peux comprendre que les gens se sentent trahis, mais les chiffres qu’on avait avant la pandémie ont changé de façon importante, les coûts ont changé de façon importante. En mon âme et conscience, la mathématique fait que je ne peux plus défendre ce projet-là
, dit-il.
Legault comprend la déception
Le premier ministre comprend que la situation n’est pas idéale à Québec : les deux ponts situés l’un à côté de l’autre sont vieillissants. Il appuie, toutefois, la décision difficile
de sa ministre des Transports.
La situation a changé. Il faut être humble, faut pas dire : je m’en vais dans le mur et je ne m’adapte pas aux changements. [...] Quand on pèse le pour et le contre, ça ne justifie pas d’avoir un lien autoroutier.
Difficile pour toute l’équipe de Chaudière-Appalaches
Martine Biron, députée des Chutes-de-la-Chaudière, affirme que la décision est brutale
.
C’est excessivement difficile ce qu’on vit cette semaine : pas juste pour moi, mais pour toute l’équipe de Chaudière-Appalaches
, dit-elle.
[Les citoyens] se sentent trahis. Le choc est énorme! On a fait campagne là-dessus
, poursuit-elle.
François Legault, entouré de ses candidats en Beauce, Samuel Poulin (à gauche) et Luc Provençal (à droite). (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Mathieu Potvin
Luc Provençal, député dans Beauce-Nord, croit que la décision va diminuer les appuis dans son comté. Il avait remporté de justesse ses dernières élections contre le candidat conservateur.
[Des maires de ma circonscription] m’ont communiqué leur déception et leur colère
, explique-t-il.
Samuel Poulin, député dans Beauce-Sud, comprend la déception, mais se veut plus conciliant. Chaque dollar, chaque milliard investi dans Chaudière-Appalaches, nous allons les prendre. Malgré tout, un projet va se réaliser.
Réaction mitigée sur la Rive-Nord
Dans Vanier-les-Rivières, les réactions sont assez
bonnes, selon le député Mario Asselin. Je crois que les gens comprennent la situation. Nier l’évidence ne donne pas grand-chose. Les chiffres ne sont pas là
, dit-il.
Le ministre responsable de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien, aux côtés du maire de Québec, Bruno Marchand.
Photo : Radio-Canada
Le ministre responsable de la Capitale-Nationale et député de Charlesbourg abonde dans le même sens. De manière pragmatique et responsable, je crois que c’est la bonne décision à prendre aujourd’hui
, affirme Jonatan Julien. Il concède toutefois qu’il devra bien expliquer la décision à ses électeurs.
Ce n’est pas la plus belle des journées, il va falloir avoir des discussions avec nos maires et nos mairesses
, souligne quant à elle Kariane Bourassa, députée de la circonscription de Charlevoix–Côte-de-Beaupré.
La nouvelle version du troisième lien ne comprendra qu'un seul tube. Aucune voiture ne pourra y circuler. Le projet de troisième lien sera entièrement consacré au transport collectif. Le tracé centre-ville à centre-ville reste à définir.