Pas d’autos dans le 3e lien : une décision « responsable » pour Legault et Guilbault
Geneviève Guilbault, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, a dû se défendre à l'Assemblée nationale, mercredi.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
La décision d’abandonner la promesse d’un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis est une décision « difficile, mais responsable », dit la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
C’est ce qu’a affirmé Geneviève Guilbault à la veille de l’annonce officielle de la nouvelle mouture du projet.
Nous avons dû prendre une décision très difficile dans le dossier du troisième lien, mais qui est à notre sens responsable. Nous sommes d’abord et avant tout un gouvernement pragmatique.
Le premier ministre François Legault abonde dans le même sens.
La décision a été difficile, mais il faut comprendre que la situation a beaucoup changé, vous allez le voir demain dans les données. Les impacts du télétravail sont énormes
, dit-il.
Selon lui, les changements importants des habitudes, notamment aux heures de pointe, sont la principale raison du changement de cap de la CAQ.
C’est d’abord une question d'achalandage et de prévision d’achalandage. [...] La situation a beaucoup évolué
, se justifie-t-il devant les automobilistes déçus.
Le ministre Éric Caire avait mis son siège en jeu à l'Assemblée nationale, assurant que la CAQ réaliserait le projet de 3e lien entre Québec et Lévis.
Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Taliana
L'ardent défenseur du troisième lien et député de La Peltrie, Éric Caire, n’a pas répondu aux questions des journalistes mercredi matin. Je vais laisser madame Guilbault faire les annonces qu’elle a à faire
, a-t-il brièvement affirmé.
Il avait promis de démissionner si la construction du projet n’était pas lancée lors du premier mandat de la CAQ (2018-2022). Il avait même ajouté qu’il allait se battre jusqu’au sang
pour que le projet se réalise.
Le candidat de la CAQ dans Lévis, Bernard Drainville, accompagné du premier ministre sortant, François Legault, en point de presse.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Potvin
Bernard Drainville, ministre responsable de la région de Chaudière-Appalaches a également esquivé les questions des journalistes. Lui aussi s'était porté à la défense d'un tunnel entre Québec et Lévis. L'attente pour les automobilistes est devenue infernale
, et ce, dans les deux sens
, avait-il dit lors de la dernière campagne électorale.
Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, croit d'ailleurs que ces deux députés ont maintenant un mandat illégitime.
S'ils veulent un mandat légitime et démocratique, ils ne peuvent pas continuer à siéger comme des députés qui se sont fait élire en faveur du troisième lien,
dit-il.
Il ajoute qu'il s'agit d'une journée triste pour Québec et pour la démocratie.
La CAQ a menti à la population lors de la dernière campagne électorale.
Luc Provençal a été élu dans la circonscription de Beauce-Nord. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Lavoie
Alors que certains de ses collègues ont décidé de se taire, le député caquiste dans Beauce-Nord, Luc Provençal, n'a pas caché sa déception.
Quand j'étais président de la TREMCA [Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-Appalaches], j'ai travaillé pour appuyer le troisième lien, donc c'est sûr que, personnellement, j'ai une déception.
Des échos à Ottawa
Questionné à Ottawa, le ministre fédéral libéral dans Québec, Jean-Yves Duclos, réitère l’importance d’investir dans le transport en commun, à Québec en particulier.
Québec est la ville de toute taille comparable qui n’a toujours pas de transport structurant en matière de transport collectif. On a bien hâte d’aller de l’avant avec le projet
, soutient-il.
La nouvelle version du troisième lien ne comprendra qu'un seul tube. Aucune voiture ne pourra y circuler. Le projet de troisième lien sera entièrement consacré au transport collectif. Le tracé centre-ville à centre-ville reste à être défini.
L'annonce sur la nouvelle mouture du projet est prévue à 8 h 30 jeudi. Radio-Canada a toutefois appris qu'il n'y aura pas de précision sur le tracé final ou même sur le moyen de transport collectif privilégié.
La ministre Guilbault doit avant tout confirmer la nouvelle mouture et dévoiler les études.
