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L'histoire méconnue d'une des plus grandes colonies noires de l’Alberta

Une photo d'une grange en noir et blanc.

Il ne reste que quelques granges et bâtiments extérieurs du village d'Amber Valley.

Photo : Archives provinciales de l'Alberta

Radio-Canada

Une des plus grandes colonies noires de l'histoire de l'Alberta est largement tombée dans l'oubli. Certains tentent aujourd'hui de la faire redécouvrir.

Il ne reste plus grand-chose d'Amber Valley : une salle communautaire, quelques maisons et un cimetière.

Ses anciens résidents disent que ceux qui passent sur l'autoroute doivent être attentifs, s'il veulent voir ce qu'il en reste.

Pourtant, cette communauté presque oubliée du nord de l'Alberta a une histoire riche, selon eux.

Amber Valley était l'une des plus grandes colonies noires de l'Ouest canadien, explique Ron Mapp, un Edmontonien qui y a grandi.

J. D. Edwards, devant un champ de céréales.

Sur cette photographie de la fin des années 1940, on voit un agriculteur, J. D. Edwards, à côté d'un champ de céréales à Amber Valley.

Photo : Archives Musée Glenbow

Son arrière-grand-père, Henry Sneed, était l'un des éclaireurs qui ont visité la région. Ceux-ci y sont revenus avec la première vague de colons afro-américains, en 1910.

Myrna Wisdom, ancienne résidente d'Amber Valley vivant maintenant à Edmonton, dit que ses grands-parents maternels faisaient partie de ce premier groupe et que ses grands-parents paternels s'y sont installés environ trois ans plus tard.

Ils sont allés d'Edmonton à Athabasca en train, puis d'Athabasca à Pine Creek, raconte-t-elle. Mon oncle m’a dit qu'ils devaient tracer la route au fur et à mesure.

À l'origine, environ 300 personnes se sont installées à Amber Valley, à 170 kilomètres au nord d'Edmonton. L'Encyclopédie canadienne note que la population y était de près de 1000 personnes en 1911.

Cette communauté était l'une des communautés de l'Alberta et de la Saskatchewan habitées par des Noirs de l'Oklahoma, du Texas et d'autres États du sud. Ils étaient venus dans l'espoir d'une vie loin de la ségrégation raciale et de la violence.

Ils sont venus au Canada en réponse à la Loi sur les terres fédérales du gouvernement fédéral, adoptée en 1872 pour encourager la colonisation dans les Prairies.

Parmi les autres communautés établies par des Noirs américains figurent Wildwood, Breton et Campsie, en Alberta, et la région de Maidstone, en Saskatchewan.

Une partie de notre histoire

Selon Cheryl Foggo, auteure, dramaturge et cinéaste de Calgary, il est important de faire connaître ces faits.

Au Canada, nous avons très mal raconté l'histoire des Noirs.

Une citation de Cheryl Foggo, auteure de Calgary

L'histoire des Noirs, c'est simplement de l'histoire. Elle fait partie de notre histoire et, pourtant, elle n'est pas connue.

Cheryl Foggo ajoute que les familles noires qui se sont installées au Canada ont apporté de riches traditions culturelles et laissé des contributions importantes.

Elle donne l'exemple de l'ingénieur Oliver Bowen, qui a grandi à Amber Valley, et géré la conception et la construction de la première ligne du système de train léger de Calgary.

La musicienne Eleanor Collins, dont les parents se sont installés dans la région, a été la première personne noire d'Amérique du Nord à animer une émission de télévision.

De la méfiance

Cheryl Foggo explique que les Noirs américains qui se sont installés dans l'Ouest canadien ont dû faire face à une certaine méfiance. Le premier ministre Wilfrid Laurier a même adopté un décret leur interdisant d'entrer au Canada pendant un an.

Ce décret n'est jamais devenu une loi, mais les actions du gouvernement ont envoyé un message très dissuasif, qui a mis fin à la migration, souligne l’experte.

Des prédicateurs noirs avaient été embauchés pour se rendre dans les États du sud avec des messages sur la difficulté de vivre dans le froid et sur le fait que le Canada était tout aussi raciste que les États-Unis.

Cependant, ceux qui ont grandi à Amber Valley disent qu'ils en gardent de bons souvenirs.

On connaissait tout le monde. Tout le monde était comme une tante ou un oncle , dit Ron Mapp.

Nous avons eu beaucoup de plaisir à y grandir.

Une citation de Ron Mapp
Portrait d'une famille debout à l'extérieur. Une femme porte un bouquet de fleurs.

La famille et les parents de Thomas Mapp, une des familles d'Amber Valley.

Photo : Archives Musée Glenbow

Ron Mapp dit que sa famille a subi une certaine discrimination, mais qu'elle n'était pas importante et prenait souvent racine dans l'ignorance.

Seule l'éducation ouvre l'esprit, dit-il.

Gilbert Williams, dont le père est domicilié dans la région d'Athabasca, offre des visites au musée d'Amber Valley, dans la salle communautaire.

Nous avons une carte des propriétés, qui montre les colons qui sont venus dans la région, dit-il. C'était une communauté bien établie.

Gilbert Williams dit que beaucoup de choses ont été perdues, mais le musée aide les gens à en apprendre davantage sur Amber Valley à travers des expositions, une peinture murale sur le côté du bâtiment et une plaque commémorative.

Postes Canada a également émis des timbres dans le cadre de la série du Mois de l'histoire des Noirs, en février, pour célébrer les pionniers noirs qui ont fondé Amber Valley et Willow Grove, au Nouveau-Brunswick.

Les pionniers Henry Sneed, Jordan W. Murphy qui tient son arrière-petite-fille Bernice Bowden et sa petite-fille Vivian (Murphy) Harris et Amy Broady, une sage-femme avec, en arrière-plan, une carte de l'Alberta.

Ce timbre, publié par Postes Canada en l'honneur du Mois de l'histoire des Noirs, présente des figures connues d'Amber Valley, une communauté noire oubliée de l'Alberta. Postes Canada espère sensibiliser les Canadiens à cet important morceau d'histoire.

Photo : Postes Canada

Myrna Wisdom dit que la collection de timbres sur Amber Valley, dans laquelle sa tante figure sur l'une des photos utilisées, a suscité beaucoup d'intérêt dans la communauté.

L'arrière-grand-père de Ron Mapp, Henry Sneed, figure également sur le timbre.

C'est beau, mais je ne sais pas pourquoi on a attendu 110 ans pour reconnaître le district et pourquoi on n'en a parlé dans aucune école, a-t-il déclaré. Aujourd'hui, beaucoup de gens disent n'en avoir jamais entendu parler.

Comment peut-il y avoir eu une communauté de 300 ou 400 Noirs et que les gens disent n'en avoir jamais entendu parler?

Avec les informations de La Presse canadienne

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