Mieux accompagner les communautés culturelles dans leurs rituels funéraires

Depuis dix ans, la Coopérative funéraire de l'Estrie a changé ses pratiques pour répondre aux besoins d'une centaine de communautés culturelles différentes.

La mort, personne n'y échappe : musulmans, chrétiens, hindous, athés. Peu importe les origines et les croyances, ils sont réunis dans le cimetière de la Coopérative funéraire de l'Estrie, un espace multiconfessionnel.

C'est la manière de rendre hommage aux défunts qui prend différentes tonalités. Pour bien accompagner les familles, quelles que soient leurs traditions, la maison funéraire a conçu un guide qui recense les us et coutumes d'une vingtaine de groupes.

Rendre hommage à sa manière

Les rites funéraires, la conception de la mort, le rôle des proches sont décrits dans le document de référence qui a nécessité 18 mois de recherches et de rencontres. L'outil s'avère utile pour adapter les services selon les demandes exprimées.

Le directeur général de la Coopérative funéraire de l'Estrie, François Fouquet, se rappelle le cas d'une famille hindoue qui se demandait s'il était possible de fabriquer un bûcher à ciel ouvert pour procéder à la crémation d'un défunt. Si le cadre légal l'interdit, il a été possible d'accompagner la famille en permettant à l'aîné d'actionner le système, un geste chargé de sens qui respectait la tradition.

Nous les accompagnons en inventant un chemin pour chacune de ces familles. C'est l'ouverture qu'il faut avoir.

Dans le local qui sert de chapelle aux catholiques, toutes les chaises peuvent être retirées pour faire place aux tapis de la prière musulmane. Les communautés originaires de l'Asie vont enlever leurs chaussures en signe de respect. D'autres groupes portent des turbans de différentes couleurs selon leurs liens familiaux avec la personne décédée. Toutes ces variations inspirent le personnel qui y voit une grande richesse qu'il faut parfois apprivoiser.

De nouveaux repères

La directrice du Service aux familles, Manon Thibodeau, explique que chez les musulmans, au moment de l'inhumation du corps, seuls les hommes sont présents. Les femmes demeurent à l'intérieur.

Quand on questionne, on comprend que c'est une protection envers les femmes qui a pour but de leur éviter de voir les corps descendre dans la fosse.

« On gagne beaucoup à poser des questions et à s'intéresser », dira Manon Thibodeau. En côtoyant d'autres univers, le personnel de la Coopérative funéraire voit d'un autre oeil les pratiques québécoises où les funérailles sont parfois expéditives.

La directrice du Service aux familles évoque le souvenir d'un groupe qui a suivi en marchant le défunt jusqu'au cimetière. « C'était d'une grande beauté, ils semblaient tous très sereins. Nous les regardions en nous disant que nous ne prenons pas toujours le temps de célébrer la vie du disparu. »

Le directeur général de la Coopérative renchérit : « De voir des gens qui tiennent à leurs rituels nous confronte parfois à nos pratiques. Souvent, nous nous privons d'un temps de condoléances et ce n'est pas une question de religion ou d'argent. »