Il y a 10 ans, Mylène Paquette a traversé l’Atlantique à la rame

Publié le 17 novembre 2023

Un texte de Guillaume Lepage

Le 6 juillet 2013, Mylène Paquette prend le large depuis Halifax, en Nouvelle-Écosse. La Québécoise de 34 ans est seule à bord d’un bateau jaune muni de deux rames. Son objectif : traverser l’océan Atlantique Nord pour rejoindre l’Europe grâce à la seule force de ses bras. Ça fait 5 ans qu’elle s’y prépare. Et c’est la première personne d’Amérique à accomplir cet exploit.

Une carte de l'océan Atlantique.
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Mylène a traversé l'océan Atlantique, du Canada à la France.

Photo : Radio-Canada

J’ai désiré traverser l’Atlantique à la rame tout simplement parce que j’ai découvert ça par hasard. Et aussitôt que je découvre ça, je peux dire que je tombe en amour avec le projet. Et j’essaie de me l’enlever de la tête parce qu’à la base, je suis une fille qui a peur de l’eau.

Le bateau de Mylène Paquette s’appelle Hermel. Il n’a ni voile ni moteur. Par contre, il est équipé d’une éolienne, de panneaux solaires, d’appareils pour s’orienter en mer et, surtout, d’un habitacle pour que la navigatrice puisse dormir et se reposer au sec. C’est aussi là qu’elle peut se réfugier quand la mer est trop agitée ou que la météo est trop mauvaise pour qu’elle puisse ramer.

Hermel, le bateau de Mylène Paquette
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Hermel, le bateau de Mylène Paquette

Photo : Radio-Canada

Ma traversée a duré 129 jours. C’est quatre mois et six jours. C’est quand même assez long. Je n'ai pas ramé pendant 129 jours. J’ai ramé peut-être pendant 75 ou 85 jours. On ne sait pas exactement parce qu’il y a certaines conditions qui étaient tellement difficiles...

Mylène Paquette a pu compter aussi sur une équipe au sol pour la guider et la soutenir dans sa traversée : des médecins, un météorologue, un expert en gestion de crise… D’ailleurs, si son bateau s’appelait Hermel, ce n’est pas pour rien : son mentor s’appelait Hermel Lavoie. C’est lui qui a aménagé son bateau en plus de l’avoir accompagnée tous les jours par téléphone satellite. Il est malheureusement décédé en 2016.

Hermel Lavoie
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Hermel Lavoie

Photo : Radio-Canada

Il y a un moment durant mon aventure où j’ai pensé abandonner. Ce qui m’a empêchée de laisser tomber, c’est le facteur humain. C’est de me dire que si je laissais tomber, bien je ne pourrais pas remercier les gens qui m’ont aidée depuis le début. Et une autre chose qui m’a aidée à ne pas laisser tomber, c’est de découper le projet en petits morceaux pour que je puisse prendre des petites bouchées à la fois.

Pendant son périple, l’aventurière a été confrontée à beaucoup de situations difficiles. Elle a rencontré l’ouragan Humberto, elle a eu le mal de mer, elle s’est blessée et elle a chaviré à dix reprises. Cela dit, elle a aussi vécu des moments inoubliables. Elle a pu observer de près des oiseaux, des méduses, des dauphins et des baleines, entre autres. Elle a aussi croisé une autre bête : le Queen Mary 2, l’un des plus gros bateaux de croisière au monde.

Une illustration d'une paire de jumelles qui fixe un beateau de croisière, des oiseaux et une méduse.
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Mylène a pu observer de près des oiseaux, des méduses, des dauphins et des baleines, et le Queen Mary 2, l’un des plus gros bateaux de croisière au monde.

Photo : Radio-Canada

En fait, c’est le plus beau moment de toute ma vie. Quand le bateau s’est approché vers moi, les sensations qui se sont emparées de moi, c’était comme l’excitation de tous les Noëls de ma vie rassemblés. J’ai encore des frissons quand j’en parle aujourd’hui.

Mylène Paquette a finalement atteint la France le 12 novembre 2013 à bord du Hermel. Aujourd’hui, elle donne des conférences un peu partout pour parler de cet exploit. Est-ce qu’elle songe maintenant à un nouveau périple du genre? Peut-être l’océan Pacifique dans une vingtaine d’années, dit-elle avec un sourire en coin. Mais pour l’instant, elle rêve de faire un voyage en voilier avec son conjoint et ses enfants. Ou avec des amis aussi! L’avenir nous le dira.

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