La Cour ordonne l’évaluation psychiatrique de Jeremy Skibicki
Jeremy Skibicki a reconnu avoir tué quatre femmes autochtones par l’entremise de ses avocats qui plaident la non-responsabilité criminelle en raison de troubles mentaux.
Jeremy Skibicki assis en silence lors du cinquième jour de son procès.
Photo : James Culleton
Jeremy Skibicki devra se soumettre à une évaluation psychiatrique ordonnée par le tribunal. Le juge en chef de la Cour du Banc du Roi Glenn Joyal a tranché en faveur de la Couronne qui a demandé une ordonnance deux semaines après que la défense ait confirmé son intention de plaider la non-responsabilité criminelle en raison de troubles mentaux.
AVERTISSEMENT : Cette histoire contient des détails troublants.
Sa décision est survenue à l’issue d’une journée marquée par le témoignage d’une experte en analyse d’ADN.
La Couronne a en effet demandé au juge Joyal de rendre une ordonnance d’évaluation en vue de déterminer si l’accusé était atteint de troubles mentaux de nature à ne pas engager sa responsabilité criminelle au moment de commettre ses meurtres.
Le procureur Christian Vanderhooft indique avoir consulté le psychiatre retenu par la Couronne dans l’éventualité que la défense présente un plaidoyer de non-responsabilité criminelle.
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Ce dernier aurait ainsi jugé qu’une telle évaluation est nécessaire pour l’aider à former son jugement. Il a eu notamment accès à des documents et des rapports qui lui ont été fournis par la défense, comme certains dossiers médicaux de Jeremy Skibicki.
La Couronne a également informé la Cour que des dispositions avaient été prises, afin de mener cette évaluation dimanche et lundi par vidéoconférence.
L’un des avocats de Jeremy Skibicki s'est opposé à la demande de la Couronne, faisant valoir les intérêts fondamentaux de [son] client
. Leonard Tailleur a toutefois précisé qu’il avait demandé à M. Skibicki de coopérer pleinement à l’évaluation, si la Cour accédait à la demande de la Couronne.
À l'issue d’un bref échange lors duquel l’avocat a confirmé qu’il s’agissait du meilleur argument
dont il disposait, le juge Glenn Joyal a ordonné l’évaluation.
Une fois l’audience levée, Me Tailleur a expliqué aux journalistes s’être opposé à ce que Jeremy Skibicki soit traité comme un cobaye
par la Couronne.
L’identité d’une victime demeure un mystère
Malgré les quelque 120 échantillons prélevés sur des preuves à conviction ayant fait l’objet de tests ADN, les enquêteurs ne sont toujours pas parvenus à percer le mystère autour de l’identité d’une des victimes de Jeremy Skibicki, a expliqué Florence Célestin, l’experte en profil génétique qui a rédigé les rapports soumis dans le cadre de l’enquête.
Elle a toutefois confirmé que des efforts étaient toujours mis en œuvre pour identifier la première victime du tueur en série, surnommé Mashkode Bizhiki'ikwe par la communauté autochtone. Elle ajoute que la police de Winnipeg envoyait encore des échantillons pour analyse il y a quelques mois.
Parmi les éléments de preuve analysés , il y a des rognures d’ongles, des cheveux et de nombreux mégots de cigarettes trouvés dans l’appartement de Jeremy Skibicki, ainsi que des échantillons prélevés sur divers objets, dont une veste réversible noir et blanc de marque Baby Phat qui demeure, à ce jour, la seule trace de Mashkode Bizhiki'ikwe.
Le manteau appartenant possiblement à la présumée victime de M. Skibicki, qui n'a pas été identifiée.
Photo : Service de police de Winnipeg
Plusieurs prélèvements ont été effectués sur la veste, notamment sur la fermeture éclair et un bouton, mais seul un échantillon prélevé sur le poignet gauche a permis d’établir le profil génétique d’une femme.
Il ne correspond toutefois à aucun autre profil génétique développé à partir des échantillons analysés dans le cadre de l’enquête ni à aucun profil figurant dans les banques de données nationales, explique Mme Célestin.
La semaine dernière, le tribunal a appris par un exposé conjoint des faits que l'ADN des trois victimes identifiées a été trouvé sur divers objets à l'intérieur et à l'extérieur de l'appartement de M. Skibicki. Parmi ces objets, il y a un oreiller taché de sang, un mégot de cigarette, un couteau de combat et d’un soutien-gorge.
En outre, le tribunal a appris que l’ADN d’autres femmes a été trouvé sur divers objets dans l’appartement. En tout, le profil génétique de 16 femmes différentes a été développé, mais seulement 7 d’entre elles ont pu être identifiées.
Les audiences reprendront mercredi alors que la Couronne appellera à la barre trois personnes ayant résidé dans le même immeuble d’habitation que Jeremy Skibicki et une quatrième ayant travaillé dans un refuge que le tueur fréquentait régulièrement et où des caméras de surveillance l’ont vu avec sa deuxième victime.
Le procès, qui se déroule devant un juge seul, doit se poursuivre jusqu'au 6 juin.
Pour obtenir de l’aide :
La ligne d’urgence nationale pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées est accessible sans frais, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au 1 844 413-6649, pour soutenir toute personne qui a besoin de soutien émotionnel.