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L’Ontario dit ne pas s’inquiéter d’une pénurie de médecins

Plan rapproché d'un stéthoscope sur une table d'examen.

Plus de deux millions d'Ontariens n'ont pas de médecin de famille, affirme l'Association médicale de l'Ontario. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

La Presse canadienne

Le recrutement et le maintien en poste des médecins en Ontario ne constituent « pas une préoccupation majeure », laisse entendre le ministère de la Santé dans ses arguments en arbitrage avec l'Association médicale de l'Ontario (AMO) en ce qui concerne la rémunération des médecins.

L'AMO, qui représente les médecins de l'Ontario, a averti à plusieurs reprises que plus de deux millions d'Ontariens n'ont pas de médecin de famille et que des milliers de postes de médecin demeurent vacants.

La province est en pleine négociation avec l'AMO pour conclure la prochaine entente sur les services de médecins, qui doit déterminer le mode de rémunération des médecins au cours des quatre prochaines années.

Les négociations avancent si mal qu'on demande maintenant à un arbitre de déterminer les niveaux de rémunération pour la première année alors que les deux parties travaillent sur la période de 2025 à 2028, a déclaré un des médecins participants.

La situation est tellement désastreuse que c'est le moyen le plus rapide de débloquer des fonds pour stabiliser la pratique des médecins de famille, affirme le Dr David Barber, président de la section de médecine générale et familiale de l'AMO.

Il est peu probable que les arguments avancés par le gouvernement dans son mémoire d'arbitrage améliorent les relations, a-t-il prévenu. C'est vraiment très insultant, lance-t-il.

Je comprends qu'il y a une tactique, mais c'est en fait une position assez dangereuse de la part du gouvernement.

Une citation de Le Dr David Barber, Association médicale de l'Ontario

Désaccords sur les augmentations

L'AMO propose une augmentation générale de 5 % pour l'année, un « rattrapage » de 10,2 % pour tenir compte de l'inflation et des « faibles augmentations » depuis 2012 ainsi que 7,7 % qui seraient consacrés à divers programmes du système de santé.

Comparativement aux augmentations directes de 15,2 % proposées par l'AMO, le ministère de la Santé ne propose que 3 %. Aucun rattrapage n'est nécessaire, affirme la province.

Les ajustements de revenus moyens des médecins se comparent favorablement à ceux d'autres établissements où la rétention et le recrutement ne constituent pas une préoccupation majeure.

Une citation de Ministère de la Santé de l'Ontario (document en arbitrage)

Nous démontrerons qu'il n'y a aucune préoccupation quant à une diminution du nombre de médecins. Au Canada, l'Ontario a le meilleur bilan en matière d'attraction de diplômés en médecine pour suivre une formation en Ontario. De plus, l'Ontario a connu une croissance du nombre de médecins qui dépasse de loin la croissance démographique, soutient la province dans un document en arbitrage.

Le ministère de la Santé cite diverses données pour étayer ses arguments. Le nombre de médecins a augmenté de 8,9 % de 2019-2020 à 2023-2024, tandis que la population a augmenté de 7,1 %, selon le communiqué.

Au cours de la même période, le revenu moyen d'un médecin a augmenté d'environ 10 %, tandis que le nombre moyen de consultations par médecin a chuté de 3,7 %, précise le Ministère.

Il est préoccupant de constater que même si les revenus des médecins ont augmenté et que le nombre de médecins dépasse la croissance démographique, l'accès des patients [à des médecins] semble s'être détérioré, soutient la province.

Pourquoi le nombre de médecins augmente-t-il alors que les services médicaux diminuent? Cela pourrait être dû au désir des médecins d'un meilleur équilibre entre travail et vie privée, ajoute le gouvernement.

Le Ministère fait valoir qu'un accord pour les médecins devrait être abordé différemment que pour les infirmières, où un accord récent a placé la pénurie au premier plan. Le gouvernement affirme également que de nombreuses initiatives sont en cours pour accroître les soins aux patients et l'accès aux médecins de famille.

Une « crise de ressources humaines »

Les arguments de l'AMO contiennent également une multitude de chiffres.

Il y a 2,3 millions de résidents de l'Ontario sans médecin de famille, note l'Association médicale. En utilisant un calcul fondé sur les données du recensement, il manque plus de 2000 médecins dans la province, selon l'AMO.

Les données de l'agence gouvernementale ProfessionsSantéOntario montrent que plus de 3000 postes de médecin sont vacants, ajoute l'AMO. De plus, l'Ontario compte 234 médecins pour 100 000 habitants, soit un des taux les plus bas au pays.

L'Ontario est aux prises avec une crise des ressources humaines pour les médecins, affirme l'AMO.

Les preuves abondent. On peut le voir par exemple dans le nombre sans précédent de patients sans médecin de famille, les fermetures et l'encombrement des services d'urgence, les longues listes d'attente pour consulter un spécialiste ainsi que l'arriéré des interventions chirurgicales et l'imagerie diagnostique à l'ère post-pandémique, fait valoir l'Association médicale.

La ministre se défend

La ministre ontarienne de la Santé, Sylvia Jones, dit ne pas être d'accord avec l'affirmation du Dr Barber selon laquelle la position de la province est insultante.

Nous avons montré, au moyen de nombreuses initiatives différentes, que nous sommes très soucieux de garantir que nous disposons d'un système de santé qui continue à servir les patients.

Une citation de Sylvia Jones, ministre de la Santé de l'Ontario

Elle cite entre autres les pouvoirs accrus accordés aux pharmaciens pour traiter certaines affections courantes.

Lorsque nous avons élargi le champ d'exercice des [pharmaciens], nous avons constaté une diminution du nombre de patients qui se rendaient aux services d'urgence, affirme la ministre Jones.

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