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Travail en présentiel : les syndicats font une sortie commune contre le gouvernement

Six hommes se tiennent debout devant un pupitre lors d'une conférence de presse.

Les syndicats de la fonction publique ont décidé de s'opposer d’une seule voix à la décision du gouvernement de forcer le retour au bureau trois jours par semaine.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Mécontents de l’obligation de travailler au bureau trois jours par semaine, les syndicats de la fonction publique ont décidé de s’unir d'une seule voix et de déposer des griefs contre le Conseil du Trésor. Le plus gros syndicat des fonctionnaires, l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), demande même au Nouveau Parti démocratique de reconsidérer son soutien aux libéraux.

Ces griefs de principe déposés par l’AFPC, l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) et l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) surviennent une semaine après que le gouvernement eut modifié la consigne sur le télétravail.

Les syndicats comptent aussi déposer une plainte pour pratique déloyale de travail, car ils reprochent au Conseil du Trésor d’avoir effectué ces changements sans les avoir avertis ou consulté et, par conséquent, d’avoir enfreint la Loi sur les relations de travail dans le secteur public fédéral.

Cette politique viole non seulement l’engagement pris par le gouvernement envers les syndicats et son vaillant personnel — elle défie aussi la logique et la réalité.

Une citation de Nathan Prier, président de l’Association canadienne des employés professionnels

Les syndicats déplorent aussi que cette décision ait été prise sans considération par rapport aux enjeux d’espaces de travail.

S'il y avait eu des consultations adéquates, le gouvernement aurait compris les défis auxquels nos membres sont confrontés dans ces espaces de travail : des espaces de réunion inadéquats, des postes de travail insuffisants et l'absurdité de se rendre sur un lieu de travail assigné uniquement pour assister à des réunions virtuelles toute la journée, a indiqué Sean O’Reilly, vice-président de IPFPC.

L’ACEP rappelle de son côté que la décision du gouvernement de se départir de 50 % de ses espaces de bureaux, comme annoncé dans son récent budget, est en contradiction avec cette nouvelle orientation de travail.

Obliger les employés à passer 60 % de leur temps dans un bureau rendra cette promesse pratiquement intenable, car les employés signalent déjà qu’il leur est difficile d’obtenir un bureau pendant leurs journées de travail, écrit l’ACEP dans son communiqué.

Un groupe d'une dizaine de personnes pendant une manifestation.

L'AFPC affirme que l'enjeu du télétravail a été un des éléments déclencheurs de la grève du printemps 2023. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Patrick Doyle

L’AFPC juge que le gouvernement a contrevenu à l’article 106 de la Loi sur les relations de travail dans le secteur public fédéral, soit l’obligation de négocier de bonne foi, et à l’article 186 interdisant à l’employeur d’interférer dans l’administration d’une organisation syndicale.

Forcer un retour au bureau sans raison, sans étude sur la productivité, en sachant que les bureaux ne sont sans doute pas prêts pour accueillir un grand nombre de travailleurs [...] c’est insultant et ça va à l’encontre de ce qu’on a négocié de bonne foi avec le Conseil du Trésor lors de la dernière ronde de négociation, a expliqué Alex Silas, le vice-président exécutif régional de l'AFPC dans la région de la capitale nationale, en entrevue à l'émission Les matins d'ici.

Les syndicats demandent maintenant au Conseil du Trésor de faire marche arrière et de revenir aux deux jours de travail en présentiel par semaine.

Le gouvernement garde le cap

La sortie des principaux syndicats de la fonction publique n’a pas fait bouger le gouvernement dans sa volonté de ramener les fonctionnaires au bureau trois jours par semaine.

Moi, je réitère que la décision fut prise après mûre réflexion, a confié le député de Gatineau et leader du gouvernement à la Chambre des communes, Steven MacKinnon, mercredi matin. Je trouve que c'est une décision appropriée.

Évidemment, il y a des gens moins à l'aise, qui ont trouvé une espèce de routine avec le télétravail, mais il y en a d'autres, beaucoup, qui disent qu'ils sont contents de retourner au bureau.

Une citation de Steven MacKinnon, député de Gatineau et leader du gouvernement à la Chambre des communes

Dans le grief de principe dont Radio-Canada a obtenu copie, l’AFPC écrit que les conditions relatives au télétravail et au travail à distance ont été déterminantes lors du dernier cycle de négociations [entre l’AFPC] et le Conseil du Trésor].

Cet enjeu a été l'une des principales raisons de la grève qui s'est déroulée en avril et mai 2023, affirme le syndicat, et la lettre d’entente rédigée à l’issue des négociations a été un élément fondamental permettant d’y mettre fin.

Anita Anand en point de presse

La présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand (Photo d'archives)

Photo : The Canadian Press / Justin Tang

Bien que des lettres d’accord sur le télétravail ont été négociées avec le gouvernement, la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, a tenu à rappeler, mercredi, que le télétravail ne fait pas partie des conventions collectives.

Un environnement de travail hybride ne fait pas partie des conventions collectives.

Une citation de Anita Anand, présidente du Conseil du Trésor

Au moment des négociations, le gouvernement du Canada a conservé la prérogative de déterminer la portée de l'environnement hybride, a précisé Mme Anand.

Les syndicats interpellent Jagmeet Singh

Dans une lettre adressée au chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) et dont Radio-Canada a obtenu une copie, l'AFPC et plusieurs autres syndicats de la fonction publique enjoignent à Jagmeet Singh de ne plus soutenir un gouvernement qui méprise de façon aussi flagrante les droits et le bien-être des travailleuses et des travailleurs.

Nous vous demandons instamment, M. Singh, de reconsidérer la position de votre parti et de faire un geste déterminant en recourant aux dispositions relatives au pouvoir de l’entente de soutien et de confiance entre les libéraux et les néo-démocrates afin de tenir les libéraux responsables de leurs actes, écrit le syndicat. Il est temps d’agir, M. Singh. Nous vous implorons de faire front avec nous, par solidarité, contre ces injustices.

Une demande que le leader du gouvernement à la Chambre des communes, Steven MacKinnon, n’a pas tardé à commenter.

Moi, je pense que les syndicats de la fonction publique représentent bien et tentent de bien représenter le point de vue de leurs membres, je trouve ça un peu moins approprié lorsqu'ils s'immiscent dans la politique, a répondu le député de Gatineau.

Par écrit, la porte-parole du NPD pour le Conseil du Trésor, Blake Desjarlais a reproché aux libéraux la situation actuelle.

Les libéraux ont créé ce gâchis en sautant une étape cruciale : consulter le syndicat et les travailleuses et travailleurs et collaborer avec eux. Nous demandons aux libéraux de faire un pas en arrière et de travailler avec le syndicat pour régler ce problème. [...] Le NPD continuera à se battre pour les travailleuses et travailleurs.

Avec les informations de Maude Ouellet et d'Estelle Côté-Sroka

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