Des métaux précieux dans les cendres de l’incinérateur
L'incinération des matières résiduelles produit 57 000 tonnes métriques de cendres solides à l'incinérateur de Québec, et 9500 tonnes de cendres volatiles.
Photo : Radio-Canada / David Remillard
La Ville de Québec s'allie à Polytechnique afin de trouver des moyens de récupérer des métaux précieux se trouvant dans les tonnes de cendres produites par la combustion des déchets à l'incinérateur. L'or, l'argent et le cuivre pourraient notamment avoir une valeur économique.
L'administration municipale a autorisé la semaine dernière l'octroi d'un contrat d'un an d'une valeur de 160 000 $ à une équipe de recherche menée par la professeure Clara Santato, spécialisée dans les matériaux et les dispositifs électroactifs.
L'objectif poursuivi est le développement d'une méthode basée sur les principes de la chimie verte dans la récupération de métaux précieux contenus dans les cendres
, peut-on lire dans le sommaire décisionnel de la Ville. En entrevue, Mme Santato précise que l'objectif n'est pas nécessairement de créer un nouveau procédé
, mais plutôt de déterminer la façon optimale de séparer les minéraux des cendres solides.
L'incinérateur de Québec brûle quelque 300 000 tonnes de matières résiduelles chaque année. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Philippe Kirouac
L'entente vise à confirmer la faisabilité technique et l'intérêt économique pour la Ville
de récupérer certains éléments issus de l'incinération. Selon les résultats obtenus, la Ville voudra approfondir la filière de valorisation portant sur la conductivité électrique des cendres
. Les propriétés des cendres, telles quelles
avant extraction des minéraux, seront aussi évaluées.
Autrement dit, la Ville évaluera la possibilité de revendre les différents sous-produits des cendres sur le marché et d'en tirer des profits.
66 500 tonnes métriques
L'initiative de la Ville découle d'analyses commandées en 2021 au Centre de recherche industrielle, affilié à Investissement Québec. À la suite de ces travaux, le service des projets industriels et de la valorisation de la Ville a dressé un inventaire de 53 métaux et minéraux stratégiques présents dans les cendres
, explique Jean-Pascal Lavoie, porte-parole à la Ville de Québec.
La portion fine des cendres de grilles, une fois démétallisée des gros éléments visibles, a d’ailleurs été comparée à un gisement minier.
Tous les métaux et les minéraux n'ont toutefois pas été identifiés pour une revalorisation. En fait, seuls huit de ces éléments étaient suffisamment concentrés pour envisager leur extraction et possiblement générer des revenus non négligeables pour la Ville
.
L’incinération des matières résiduelles produit annuellement 57 000 tonnes métriques de cendres de grilles et 9500 tonnes métriques de cendres volantes, pour un total de 66 500 tonnes.
Or, argent, cuivre
Dans l'entente conclue avec l'équipe de Mme Santato, l'or, l'argent et le cuivre seraient particulièrement ciblés pour une extraction puis une valorisation. Les trois métaux sont en forte demande et il existe un marché local pour leur vente
, souligne un document produit par l'équipe de Polytechnique.
Si la méthode d'extraction de ces trois métaux est optimisée pour les conditions particulières de la Ville de Québec, des ressources économiques pourraient être générées. Ces revenus pourraient financer le démarrage d'autres procédés pour récupérer le reste des métaux présents dans vos cendres
, peut-on aussi lire dans la proposition de travail de Polytechnique.
Cinq autres éléments figurent également à la liste d'intérêt, à savoir l'étain, l'antimoine, le bismuth, l'aluminium et le zinc. L'un des défis sera d'éliminer les contaminants qui se trouvent dans ces cendres afin d'assurer un niveau de pureté suffisant pour la revente.
