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Face à un déficit de 40 millions, le Collège Glendon réduit son nombre de départements

Le professeur Marco Fiola

Marco Fiola, le directeur du Collège Glendon, affirme que son établissement sera désormais plus agressif dans le recrutement d'étudiants. (Photo d'archives)

Photo : Jenna Marie Wakani

Face à un déficit accumulé de plus de 40 millions de dollars, le Collège Glendon — le campus bilingue de l’Université York — remanie sa structure. L’objectif à long terme : attirer davantage d’étudiants en encourageant la création de programmes plus attrayants et réduire les dépenses de l’établissement.

Je sais que j’ai l'air d’avoir rajeuni depuis 24 heures. C’était un travail pour moi de longue haleine, laisse tomber Marco Fiola, le directeur du Collège Glendon. Le 30 avril, le conseil des gouverneurs de l’université a voté en faveur du passage de 14 départements à 4 à Glendon.

Les quatre nouveaux départements :

  • Département des cultures et communications mondiales
  • Département des sciences
  • Département de l’économie, des affaires et des mathématiques
  • Département des études sociales et mondiales

Les avantages sont multiples, illustre M. Fiola. Le nouveau système va faciliter énormément la création de nouveaux programmes, selon le directeur. Ce changement est nécessaire si le collège veut offrir des programmes de plus en plus en harmonie avec les attentes des étudiants, poursuit-il.

Nos futurs étudiants [...] veulent des programmes intéressants, pas bizarres. Des programmes intéressants, mais qui sont relativement faciles à comprendre.

Une citation de Marco Fiola, directeur du Collège Glendon

Le Collège Glendon a besoin de séduire davantage d’étudiants : ils sont environ 1200 de moins sur le campus cette année qu’ils étaient il y a seulement huit ans. Leur nombre décroissant ne fait qu’amplifier les difficultés financières de l’établissement.

Si le nombre d'étudiants continue de croître annuellement au rythme actuel, il n'atteindra pas le total de 2015 avant 2073.

La baisse du nombre d’apprenants se fait aussi sentir physiquement : aux heures de grande fréquentation, seulement 30 % des classes de Glendon sont utilisées. L’Université York vise un taux d’utilisation de 80 à 85 %.

Les changements à la structure ne font pas l’affaire de tous — certains sont nostalgiques de l’organigramme actuel, reconnaît Marco Fiola. Comme tout changement, ça soulève des questions, mais je suis très confiant que ça va très bien aller, conclut-il.

Les syndicats représentants les professeurs et les chargés de cours de l'Université York n'ont pas répondu à nos demandes de commentaire.

Une vision principalement politique

La nouvelle structure accomplira plusieurs choses, écrit l’établissement dans un document explicatif. Premièrement, et probablement ce qui est le plus important, cela va démontrer que Glendon est conscient des défis auxquels il fait face, lit-on.

C’est une vision principalement politique qu’on remarque, c’est-à-dire qu’il y a d’abord une préoccupation des perceptions externes, observe le professeur de l’Université de Toronto Éric Lavigne, qui se spécialise dans l’administration des établissements postsecondaires.

Éric Lavigne en entrevue dans un bureau avec des cadres au mur.

Le professeur de l'Université de Toronto, Éric Lavigne, affirme que le Collège Glendon doit s'assurer de comprendre ce que ses futurs étudiants recherchent.

Photo : Radio-Canada

Le professeur Lavigne voit aussi dans cette restructuration et les arguments employés par le Collège Glendon une logique de marché. On parle de rationalisation, d’efficacité. Il y a toujours la notion d’efficacité qui est présente, note-t-il.

Il s’agit, selon le spécialiste en enseignement supérieur, d’une retombée des resserrements imposés par le ministère ontarien des Collèges et Universités. Chaque institution a maintenant essayé de faire des choix difficiles, dit Éric Lavigne.

Marco Fiola affirme que la réduction de lourdeur administrative ne permettra pas à l’établissement de faire de grandes économies. La solution pour Glendon demeure l’augmentation des revenus, qui passe par un plus grand nombre d’étudiants.

La nouvelle cohorte d’étudiants

Pour en attirer davantage, Glendon troque la canne à pêche pour l’arme, image Marco Fiola. Le campus bilingue se lance dans une partie de chasse au lieu d’attendre que l’étudiant morde lui-même à l'hameçon. C'est vraiment un changement de mentalité, dit M. Fiola.

L’exercice est louable, soutient Éric Lavigne. Il faut faire des efforts de façon cyclique pour rappeler aux étudiants ce que Glendon a à offrir, dit l’expert, mais en même temps c’est seulement vrai si on comprend clairement ce que les étudiants cherchent.

Selon le directeur, les étudiants d’aujourd’hui en Ontario ont des intérêts bien différents de ceux des dernières décennies. Les programmes émanant de la nouvelle structure répondront à leurs besoins, pense Marco Fiola.

Une affiche à l'entrée du Collège Glendon.

Le professeur Éric Lavigne affirme que le Collège Glendon doit s'assurer de bien comprendre ce que les étudiants recherchent.

Photo : Radio-Canada / Julia Kosak

La population étudiante est majoritairement composée de nouveaux Canadiens ou d’étudiants dont les parents sont récemment arrivés au Canada. Ces parents, souligne le directeur, ont laissé derrière eux famille et travail pour donner une chance à leur enfant.

C'est un sacrifice dont le prix est énorme et les parents s'attendent à ce qu’il soit payant. Leur première préoccupation, c'est l'avenir des enfants, l'avenir de leurs enfants, à quoi ça va servir ce programme-là, ce diplôme-là?

Une citation de Marco Fiola, directeur du Collège Glendon

Un campus réimaginé

La nouvelle version du Collège Glendon pourrait être établie dans un environnement différent au cours des prochaines années. D’ici la fin de l’année, la direction de l’Université York développera une vision et une stratégie pour le campus de Glendon pour soutenir sa viabilité financière.

L’administration croit que le campus Glendon est un atout d’une grande valeur pour l’université qui a un rendement insuffisant financièrement et en matière d’utilité.

Une citation de Extrait d’un document de l’Université York 

Si le campus offre un rendement insuffisant, c’est notamment en raison de la diminution du nombre d’étudiants et le fait qu’aucun nouveau programme majeur n’a été ajouté au cours des 10 dernières années.

Images aériennes par drone du campus de l'université de York, des terrains de sport et des résidences.

La direction de l'Université York propose entre autres de relocaliser des programmes situés au campus Keele, dans le nord de Toronto, vers Glendon. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell

Parmi les solutions, l’équipe de planification propose même de relocaliser des programmes du campus principal, dans le nord de Toronto, à Glendon. Éric Lavigne se demande à quel point l’université économisera de l’argent de cette façon et comment ces étudiants du campus principal accueilleront l'idée de déménager.

Cette option envisagée par l'université suscite une réflexion plus large, pour Éric Lavigne.

Le fait qu'on se pose cette question-là, ça démontre bien le risque associé à prendre des institutions francophones ou bilingues et essayer de les amalgamer à des collèges anglophones ou des groupes d'institutions anglophones de beaucoup plus grande taille

Une citation de Éric Lavigne, professeur à l’Université de Toronto

Il perçoit une certaine incompréhension de la réalité propre puis de la mission propre de Glendon au sein de l’Université York. Glendon, dit-il, semble avoir du mal à faire valoir que oui, elle doit coûter plus cher par étudiant, par mètre carré, que l'Université de York.

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