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Procès de Trump : après les scandales, les adresses courriel et les sociétés-écrans

L'audience venue clore cette deuxième semaine du procès criminel de Donald Trump a vu défiler trois témoins : un patron de tabloïd, une collaboratrice de longue date de l'ex-président et un banquier ayant eu comme client son ancien avocat personnel Michael Cohen.

Donald Trump, les yeux fermés, assis dans la salle d'audience, entouré de ses avocats.

Donald Trump, entouré de ses avocats, avant le début de l'audience du 26 avril, à son procès criminel new-yorkais pour falsification de documents en lien avec de l'ingérence électorale.

Photo : Getty Images / Mark Peterson

Au terme de la comparution d'un premier témoin aux révélations fracassantes, le procès criminel de Donald Trump s'est poursuivi vendredi à New York avec deux témoignages moins flamboyants, servant essentiellement à présenter en preuve certains documents.

Les procureurs ont notamment appelé à la barre Rhona Graff, qui a été la collaboratrice de l'accusé pendant une trentaine d'années.

Décrite par les médias américains comme celle qui contrôlait l'accès à Donald Trump, elle gérait ses appels téléphoniques, son emploi du temps et ses réunions.

Trois témoins se sont succédé à la barre, dont un qui y a passé quatre jours : l'ex-patron du tabloïd « National Enquire » David Pecker. Il a exposé comment il achetait les droits exclusifs d'histoires qui auraient pu nuire à la campagne présidentielle de Donald Trump, en 2016, pour éviter qu'elles soient rendues publiques.

Son court témoignage, qui a duré moins d'une trentaine de minutes, a permis aux procureurs de déposer en preuve certains documents devant le tribunal.

Donald Trump face à la justice

Consulter le dossier complet

Dessin de Donald Trump lors de sa comparution.

Mme Graff a ainsi reconnu que les coordonnées de Stormy (Daniels) et de Karen McDougal – deux présumées maîtresses de Donald Trump – étaient dans les contacts consignés dans le système informatisé de la Trump Organization.

Si la fiche au prénom de Stormy ne contenait qu’un unique numéro de cellulaire, celle de Mme McDougal comportait en revanche plusieurs adresses et numéros de téléphone.

Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, et Karen McDougal ont toutes deux été payées plus de 100 000 $US pour garder le silence; la première par l'ex-avocat de M. Trump Michael Cohen, et la deuxième par le groupe de presse American Media Inc. (AMI).

Même si les accusations de falsification portées contre Donald Trump ne concernent pas directement ces paiements, les deux femmes sont au centre de la trame narrative des procureurs, qui affirment que le politicien a fomenté « un plan criminel pour corrompre l'élection ».

Rhona Graff a par ailleurs admis avoir un vague souvenir de Stormy Daniels dans la salle d'attente du 26e étage de la Trump Tower, où est situé le bureau de Donald Trump.

L'avocate de Donald Trump Susan Necheles lui a par la suite demandé si Stormy Daniels était là pour discuter de son éventuelle participation à l’émission de téléréalité Celebrity Apprentice, animée par Donald Trump.

C'était ce qui se disait dans les discussions de corridor, oui, a-t-elle répondu.

Elle a aussi reconnu que son patron ne communiquait jamais par courriel. Il s'agit pour les procureurs d'une façon d'expliquer aux jurés pourquoi l'accusé n'a pas laissé de traces écrites confirmant leurs allégations d'ingérence électorale.

Me Necheles a ensuite précisé que les procureurs avaient assigné Mme Graff à comparaître. Vous ne voulez pas être ici? lui a-t-elle demandé. La fidèle alliée de Donald Trump a acquiescé : Exact, a-t-elle dit.

Mme Graff, qui a quitté la Trump Organization en 2021 alors qu'elle avait le titre de vice-présidente, a mentionné que l'entreprise assumait ses frais d'avocats. Cette pratique n'est cependant pas inhabituelle quand des employés sont impliqués dans des litiges liés à leur emploi.

Les sociétés-écrans créées par Michael Cohen à l'avant-plan

Michael Cohen sort d'un édifice.

L'ex-avocat de Donald Trump Michael Cohen. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Drew Angerer

À la fin de la journée, les procureurs ont appelé à la barre leur troisième témoin, Gary Farro, un ancien banquier au service de First Republic, une banque américaine ayant pour clients des particuliers fortunés.

Les procureurs utilisent son témoignage, qui se poursuivra la semaine prochaine, pour authentifier des documents présentés devant la cour.

M. Farro a fait état des communications entourant les démarches de Michael Cohen pour ouvrir des comptes pour deux sociétés à responsabilité limitée (SARL), c'est-à-dire des sociétés-écrans.

Selon les procureurs, ces sociétés avaient pour but de procéder à des paiements secrets liés au silence des deux présumées maîtresses.

Le premier appel téléphonique de M. Cohen au sujet d'une première société-écran, Resolution Consultants LLC, a été fait le 11 octobre 2016, a dit M. Farro. Selon les procureurs, la SARL a été ouverte spécialement pour que Michael Cohen puisse acheter au groupe AMI les droits exclusifs sur l'histoire de Karen McDougal pour Donald Trump.

La transaction a cependant été annulée à la demande du PDG d'AMI, David Pecker, par crainte de répercussions judiciaires, d'après les déclarations que ce dernier a faites en cour cette semaine.

Le 26 octobre, Michael Cohen a informé M. Farro du fait qu'il ne voulait plus de la première SARL, mais qu'il désirait plutôt ouvrir un nouveau compte pour une entreprise appelée Essential Consultants LLC. D'après les procureurs, c'est par cette société qu'a transité le paiement de 130 000 $ versé à Stormy Daniels.

Chaque fois que Michael Cohen m'a parlé, il m'a donné l'impression d'être animé par un sentiment d'urgence, et ça a été le cas cette fois aussi.

Une citation de Gary Farro, ancien banquier de First Republic

Michael Cohen, qui devrait témoigner pendant le procès, affirme avoir agi sur les instructions de Donald Trump.

Il soutient avoir été remboursé et récompensé par Donald Trump, en plusieurs paiements faussement déclarés comme des honoraires, pour une somme totalisant 420 000 $US, entre février et décembre 2017.

Fin du témoignage de l'ex-grand patron du National Enquirer

Illustration montrant le témoin David Pecker contre-interrogé par l'avocat Emil Bove, sous le regard du juge Juan Merchan et de Donald Trump.

L'avocat de la défense Emil Bove a mené le contre-interrogatoire de David Pecker lors du procès criminel de l'ancien président américain Donald Trump.

Photo : Reuters / Jane Rosenberg

La majeure partie de la journée a toutefois été consacrée au premier témoin, l'ex-PDG du groupe de presse American Media Inc. (AMI) David Pecker, un ami de longue date de Donald Trump.

Lors de sa deuxième journée de contre-interrogatoire, la défense a soulevé certaines contradictions dans les réponses données aux procureurs par M. Pecker, mettant en doute sa crédibilité ou à tout le moins sa mémoire.

L'avocat de Donald Trump Emil Bove est notamment revenu sur les propos tenus la veille par le témoin au sujet d'une réunion à la Trump Tower en janvier 2017, après la victoire du républicain.

Jeudi, après avoir admis avoir acheté le silence de la playmate Karen McDougal, il a dit aux procureurs que Donald Trump l'avait remercié pour son aide au cours de cette rencontre.

Or, a souligné l'avocat vendredi, un résumé que le FBI avait fait, en 2018, d'une rencontre avec David Pecker stipulait plutôt que Donald Trump n'avait exprimé aucune gratitude à Pecker ou [au groupe] AMI lors de cette réunion.

David Pecker a laissé supposer qu'il y avait une erreur dans le document du FBI.

Je sais que ce que j'ai dit hier est arrivé. Je sais où est la vérité.

Une citation de David Pecker, ancien PDG d'AMI

Plus tôt cette semaine, M. Pecker avait détaillé le stratagème visant à aider Donald Trump à se faire élire en 2016. Selon lui, le plan élaboré avec M. Trump avait pour but de rémunérer des sources détenant des informations qui lui étaient défavorables afin qu'elles ne publient pas leurs histoires.

Jeudi, la défense avait par ailleurs tenté de normaliser la pratique d'achat d'informations que le magnat de la presse a expliquée au cours des derniers jours. M. Pecker a ainsi affirmé qu'il avait tué dans l'œuf des histoires compromettantes visant d'autres célébrités ou politiciens en payant des sources.

Lors du réinterrogatoire, l'étape qui permet aux procureurs de revenir sur certaines questions soulevées par la défense, David Pecker a cependant précisé vendredi qu'il n'avait jamais versé une somme avoisinant les 150 000 $ pour supprimer une histoire.

Il a aussi convenu que la publication de son témoignage aurait constitué pour le tabloïd une affaire en or qui aurait fait exploser ses ventes. Il a répété que cela aurait nui aux chances de Donald Trump d'être élu.

Sa comparution aura duré une dizaine d'heures réparties sur quatre jours.

Avec les informations de New York Times, Washington Post, CNN, CBS News et NBC

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