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Des milliers de bâtiments pourraient être rayés du registre patrimonial de Toronto

La façade en béton de la bibliothèque Robarts de l'Université de Toronto.

La bibliothèque Robarts de l'Université de Toronto, symbole de l'architecture brutaliste, est inscrite au registre du patrimoine de la ville, mais n'a pas de désignation officielle.

Photo : Katherine Holland/CBC

La Ville de Toronto n’a plus qu’un an devant elle pour décider du sort de près de 4000 propriétés inscrites au registre du patrimoine, mais qui n’ont toujours pas obtenu de désignation officielle.

Le registre du patrimoine de la capitale ontarienne recense plus de 11 000 propriétés au total. La Ville fait toutefois la distinction entre les biens désignés et les biens répertoriés, mais non désignés (non-designated listed properties).

Les propriétés qui entrent dans cette dernière catégorie – il y en a 3977, soit plus du tiers du registre – ont un potentiel patrimonial culturel, mais ne sont pas protégées en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario.

Une seule exception s’applique : le propriétaire d’un édifice de cette liste doit donner au conseil municipal un préavis d'au moins 60 jours s’il veut le démolir ou le réaménager, ce qui laisserait le temps à la Ville de lui accorder une désignation patrimoniale officielle si elle le souhaite.

Les propriétés répertoriées, mais non désignées pouvaient avant conserver ce statut indéfiniment : certaines sont inscrites au registre torontois depuis sa création, il y a 50 ans. Le gouvernement Ford a changé cette règle il y a un peu plus d’un an, avec l’adoption du projet de loi 23 (Nouvelle fenêtre).

Cette loi omnibus, qui vise à accélérer la construction de logements en Ontario, modifie la Loi sur le patrimoine. La province a donné deux ans aux municipalités pour déterminer si les propriétés non désignées devraient recevoir une désignation (jusqu’au 1er janvier 2025, ou au deuxième anniversaire de leur entrée dans le registre).

Sinon, elles seront automatiquement retirées et ne pourront plus être réinscrites pendant une période de cinq ans.

Des édifices emblématiques de la ville tombent dans cette zone grise, comme le tribunal du 361 avenue University, le Convocation Hall et la bibliothèque Robarts de l’Université de Toronto, le Centre des sciences de l’Ontario et même l’Assemblée législative de l’Ontario, Queen’s Park.

On trouve aussi sur la liste un bureau de poste datant de 1902 sur la rue Queen Ouest, et le Wheat Sheaf Tavern, qui serait le plus vieux bar de Toronto.

La façade de l'Assemblée législative de l'Ontario.

L'Assemblée législative de l'Ontario

Photo : CBC / David Donnelly

On risque de perdre énormément de la valeur patrimoniale de notre ville, estime le designer urbain Ken Greenberg, président du cabinet Greenberg Consultants.

Évidemment, on a énormément besoin de logements et il faut agir rapidement. Mais quand une ville comme Toronto est en pleine croissance, il faut chercher un équilibre entre tous les objectifs de planification.

Revoir le système

Pour More Neighbours Toronto, un organisme bénévole qui milite pour la construction d’habitations de tous types, il y a des incohérences à corriger dans le présent registre du patrimoine.

Colleen Bailey, membre du collectif, souligne que la Ville a tendance à y ajouter en bloc, depuis quelques années, des lots de propriétés (batch listing) : Par exemple, toute une rue principale dans un quartier, avec des commerces au premier étage des immeubles, et des appartements en haut. Il n’y a rien de mal avec ces immeubles, mais il y en a beaucoup qui n’ont rien d’unique et qu’on inscrit quand même.

Elle plaide pour une réelle priorisation, pour préserver les bâtiments qui ont une vraie valeur et permettre d’aménager plus de logements ailleurs.

Ken Greenberg reconnaît que le système peut être amélioré, mais il croit que la méthode et les délais imposés par la province sont radicaux. Ça demande des interprétations plus subtiles.

Il faut rappeler que, dans les années 1970, Toronto était prête à démolir la gare Union, le marché St. Lawrence et l'ancien hôtel de ville, Old City Hall. Alors c'est un danger qui est réel et qui continue à exister.

La Ville de Toronto continue d’évaluer son registre pour identifier les dossiers à traiter en priorité, et reconnaît qu’elle ne pourra pas désigner les quelque 4000 propriétés concernées dans les délais impartis. En temps normal, le conseil accorde quelques dizaines de désignations patrimoniales chaque année (83 en 2022, 45 en 2021, selon un récent rapport municipal (Nouvelle fenêtre)). Une mise à jour est attendue au deuxième trimestre de 2024.

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