1. Accueil
  2. International
  3. Politique américaine
Analyse

Présidentielle américaine : qui sera le colistier de Donald Trump?

La page d'accueil du site de Donald Trump sur la course à la vice-présidence.

La course pour devenir candidat à la vice-présidence aux côtés de Donald Trump bat son plein.

Photo : Capture d'écran du site de Donald Trump

Portrait de Frédéric Arnould.
Frédéric Arnould

« Mon prochain vice-président sera choisi par vous » est une des nombreuses formules accrocheuses figurant en tête des nombreux courriels de Donald Trump envoyés presque quotidiennement à ses partisans.

Le candidat républicain les invite ainsi à élire son colistier idéal en vue de la présidentielle de novembre prochain.

Dès que l’on clique sur les liens, on peut indiquer un nom et les questions les plus importantes auxquelles le candidat devrait s'attaquer : la situation à la frontière, la lutte contre l’avortement, l’élimination de l’« État profond » (Deep State), l'arrêt de la vague de crimes ou encore l’interférence électorale.

Une fois les réponses choisies, il faut sortir sa carte de crédit pour que, supposément, les réponses soient prises en considération.

Donald Trump étant ce qu’il est, on doute sérieusement qu’il laisse à ses ouailles le soin de déterminer celui ou celle qui sera à ses côtés, face à la vice-présidente sortante Kamala Harris, d’ici moins de six mois. Mais ce genre de technique de campagne de financement est utilisé par des politiciens de tous horizons.

En fait, qui sont les personnes susceptibles d’apparaître sur le ticket républicain? Il suffit de regarder ceux et celles qui font tout pour attirer l’attention de l’ancien locataire de la Maison-Blanche.

Ces candidats potentiels montent aux barricades sur toutes les plateformes médiatiques, afin de marteler le message trumpiste de chasse aux sorcières, de persécution politique et de système de justice corrompu.

Un message de campagne dans lequel Donald Trump invite ses partisans à voter pour le choix de son colistier.

Moyennant une contribution financière, les partisans de Donald Trump peuvent soumettre leurs souhaits pour le choix du vice-président.

Photo : Campagne de Donald Trump

Ils ont un point commun : tous sont prêts à faire les basses besognes de l’ex-président à son premier procès criminel à New York (nouvelle fenêtre), c’est-à-dire répéter le message de supposée persécution politique et attaquer de front les témoins à charge, puisqu’ils ne sont pas frappés d’une ordonnance de bâillon comme celle visant Donald Trump, qui fait face à 34 chefs d’accusation de falsification de documents commerciaux.

La valse des vassaux de Trump

Alors que ses partisans sont plus que clairsemés, chaque jour, devant le tribunal de Manhattan, et que même sa famille proche a été plus que discrète dans son soutien en cour, Donald Trump a finalement reçu la visite de candidats potentiels en signe d'appui.

Le sénateur américain J.D. Vance regarde l'ancien président Donald Trump s'adresser aux médias pendant son procès.

Le sénateur J.D. Vance (au centre) observe Donald Trump lors d'un point de presse à l'extérieur de la salle de cour.

Photo : Getty Images / Pool

Lundi, c’était J.D. Vance, sénateur républicain de l’Ohio autrefois critique de Donald Trump, mais qui est bien vite rentré dans les rangs. Son nom circule beaucoup depuis sa participation à un événement récent à Mar-a-Lago et à d'autres activités de financement de campagne prévues ces jours-ci.

Fidèle de l’ex-président, il a tenté de discréditer Michael Cohen, l'ancien avocat de M. Trump. Ce type est un criminel condamné, a-t-il déclaré à l'extérieur du tribunal de Manhattan. Est-ce qu'une personne raisonnable croit ce que dit Michael Cohen?

Mardi, c’était au tour de Vivek Ramaswamy (nouvelle fenêtre), ancien rival de M. Trump dans la course à l’investiture présidentielle, de se présenter à Manhattan. L’homme d’affaires, qui a quitté le premier la course impossible à gagner en janvier dernier, a toujours figuré parmi les chouchous de l’ex-président.

La vivacité et les idées très campées à droite de M. Ramaswamy semblent avoir séduit Donald Trump. Au point de lui faire de la place, probablement pas comme colistier, mais dans son éventuelle administration.

L'ancien candidat à la présidence Vivek Ramaswamy s'adresse aux médias devant le tribunal pénal de Manhattan au nom de l'ancien président Donald Trump.

Vivek Ramaswamy s'est positionné très tôt pour avoir les faveurs de Donald Trump.

Photo : Getty Images / David Dee Delgado

Douter des élections, un prérequis?

Le sénateur de Caroline du Sud Tim Scott, lui aussi ancien candidat déclaré à l’investiture républicaine, n’est pas en reste. Il porte depuis quelques jours la mission de discréditer le processus électoral si jamais Donald Trump ne remportait pas l’élection de novembre.

En fin de semaine, à l’émission Meet the Press, la question lui a été posée : Vous engagerez-vous à accepter les résultats des élections de 2024? Sa non-réponse : En fin de compte, le 47e président sera Donald Trump. Lorsque l’animatrice de l’émission l'a pressé davantage, Scott a répondu : C'est ma déclaration.

Présente aussi dans cette course non officielle, la représentante de New York Elise Stefanik y a ajouté son grain de sel, déclarant qu'elle n'accepterait les résultats que s'ils sont constitutionnels.

Dans le même ordre d’idées, le représentant de la Floride Byron Donalds, que certains voient aussi comme un potentiel colistier, en a rajouté sur le sujet : Tant que les localités respectent les lois électorales adoptées par la législature, oui. Dans les deux cas, difficile de comprendre ce que tout cela veut dire en dehors de la trumposphère.

Mike Johnson s'adresse aux médias devant le tribunal pénal de Manhattan au nom de l'ancien président Donald Trump.

Mike Johnson, lui-même empêtré dans une révolte de certains rangs de son parti, est venu prêter main-forte à Donald Trump.

Photo : Getty Images / David Dee Delgado

Même Mike Johnson, le président de la Chambre des représentants, s'est présenté devant les médias à Manhattan pour affirmer son soutien à l’accusé. Ce politicien élu de Louisiane, dont on n’avait jamais entendu parler, a émergé comme par miracle lors de l’esclandre de l’aile d’extrême droite du Parti républicain qui a fait expulser Kevin McCarthy de son siège de président de l’institution.

Il était là, probablement pas par intérêt pour le poste de vice-président, mais certainement pour se rappeler au bon souvenir de Donald Trump, pour montrer qu’il souhaite garder son poste après novembre à la tête de la Chambre. Il a dénoncé le témoin vedette des procureurs, Michael Cohen, un homme qui est clairement en mission de vengeance personnelle et qui est largement connu comme un témoin ayant des problèmes avec la vérité.

The Apprentice, version « VP »

Donald Trump a été un as de la téléréalité avec The Apprentice, sur NBC, pendant 14 saisons. Il faisait passer un entretien d'embauche jalonné d'épreuves à plusieurs candidats, les éliminant un par un pour enfin proposer au dernier un poste de cadre supérieur au sein de son entreprise.

Aujourd’hui, il n'y a pas d’entretien télévisé formel, mais Donald Trump semble utiliser la même formule en observant tous ses substituts potentiels le défendre et parler de lui en bien, lors du procès criminel qu’il subit actuellement à New York.

Kristi Noem, élue républicaine du Dakota du Sud.

Kristi Noem, en 2011, avant sa «trumpification». Son nom circule pour devenir candidate à la vice-présidence de Donald Trump.

Photo : Getty Images / Chip Somodevilla

Sa célébrissime formule You’re fired (Vous êtes viré) risque cependant déjà de s’adresser à Kristi Noem, la gouverneure du très conservateur Dakota du Sud. Celle que certains voyaient comme une sérieuse candidate au poste de colistière semble avoir dégringolé dans cette course.

Pourtant, comme l’avait noté le New York Times, qui parlait de trumpification, même sa transformation physique des dernières années coïncidait avec ce souhait de se rapprocher de Donald Trump. Selon la chroniqueuse Vanessa Friedman, qui scrute l’image des politiciens, Kristi Noem commence à ressembler à un sosie de Kimberly Guilfoyle, la fiancée de Donald Trump Jr., ou même à une version brune de Lara Trump, l'épouse d'Eric Trump et nouvelle coprésidente du Comité national républicain.

Kristi Noem s'exprime lors de la conférence annuelle de l'Action politique conservatrice (Conservative Political Action Conference) dans le Maryland.

La gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, un temps favorite pour le poste de vice-présidente de Donald Trump, semble être en perte de vitesse à cause de la publication de son livre.

Photo : afp via getty images / MANDEL NGAN

Son livre No going back!, qui se voulait une plateforme pour se présenter aux électeurs comme une femme forte aux idéaux politiques bien plantés à droite, a été lourdement attaqué pour ses inexactitudes.

Il y a la rencontre avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un, qui ne semble pas avoir eu lieu, mais aussi la rencontre avec le président français Emmanuel Macron, qu'elle dit avoir annulée, et la conversation menaçante avec l'ancienne ambassadrice des Nations unies Nikki Haley, dont elle dit s'être souvenue. (Les représentants de M. Macron et de Mme Haley ont rejeté ses déclarations.)

Mme Noem a également admis dans son livre avoir abattu de sang-froid le chien de sa famille, âgé de 14 mois, parce qu'il ne pouvait pas être dressé pour devenir un chien de chasse. Pendant sa tournée des médias, qualifiée de désastreuse par certains, elle a toujours refusé de s'excuser ou de reconnaître ses mensonges. Son chien est-il mort, dans tous les sens du terme, dans cette course au poste de colistier? L’avenir nous le dira, mais l’étoile de la gouverneure Noem brille pas mal moins depuis une semaine.

Au bout du compte, ce sera de toute manière Donald Trump qui choisira son numéro deux. Son dernier colistier, devenu vice-président, Mike Pence, qui lui aura permis de s’attirer le soutien des républicains évangéliques, a fait preuve d'une loyauté sans égale à l'égard de M. Trump pendant toute la durée de son mandat.

Il a été « récompensé » par l’opprobre du président défait, qui lui reprochait de ne pas en avoir fait davantage lors du tristement célèbre assaut du 6 janvier 2021.

Briguer ce poste peut comporter un lourd tribut, mais certains ténors républicains sont prêts à prendre le risque et à devenir le numéro 2 d’un président potentiel qui sera âgé de 78 ans en novembre prochain.

Portrait de Frédéric Arnould.
Frédéric Arnould

À la une