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Émanations à l’usine de Saint-Mathieu-de-Rioux : la qualité de l’air sera mesurée

L'usine de Charbon de bois franc Basques, le printemps.

L'usine de Charbon de bois franc Basques est montrée du doigt par plusieurs citoyens pour ses émanations d'odeurs et de fumée.

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

Installation de stations de mesure de la qualité de l'air, visites d'inspecteurs... Le ministère de l'Environnement passe à la vitesse supérieure dans le dossier de l'usine Charbon de bois franc Basques, à Saint-Mathieu-de-Rioux. Jeudi soir, les autorités ministérielles ont présenté à la population leur plan de contrôle pour caractériser les émanations provenant de l'établissement.

Une douzaine de citoyens sont venus entendre les responsables du ministère, accompagnés de deux représentantes de la Direction de la santé publique du Bas-Saint-Laurent, qui se chargera de la suite des choses une fois la caractérisation terminée.

Une douzaine de citoyens se sont déplacés à la salle communautaire de Saint-Mathieu-de-Rioux pour entendre les responsables du ministère de l'Environnement et de la Santé publique.

Une douzaine de citoyens se sont rendus à la salle communautaire de Saint-Mathieu-de-Rioux pour l'occasion.

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a commencé à installer des stations de mesure de la qualité de l'air un peu partout dans la municipalité. Au total, sept petits dispositifs différents seront posés, certains au centre du village, et d'autres plus loin.

D'avril à juillet, ces stations recueilleront des données sur la qualité de l'air, précisément pour évaluer l'intensité des émanations provenant de l'usine. Une station météo sera aussi implantée dans la municipalité pour prendre en considération la direction des vents lors d'épisodes d'odeurs.

Pendant la même période, le Ministère compte intensifier ses inspections aux abords de l'usine de Saint-Mathieu-de-Rioux, au cours desquelles les employés dépêchés sur place rempliront des fiches d'odeurs qui seront jumelées aux analyses réalisées par les stations. Ces inspections se feront trois fois par semaine et trois semaines par mois, selon les explications du MELCCFP.

Une des stations de mesure de qualité de l'air installée dans la municipalité de Saint-Mathieu-de-Rioux par le ministère de l'Environnement.

Une des stations de mesure de qualité de l'air installée dans la municipalité de Saint-Mathieu-de-Rioux par le ministère de l'Environnement.

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

Depuis 2022, les signalements ont beaucoup augmenté, a révélé Mylène Delorme, directrice régionale du Contrôle environnemental au ministère de l'Environnement, lors de la rencontre citoyenne. C'est à la suite de ces signalements remplis par des citoyens que les équipes du MELCCFP ont commencé à scruter les activités de l'usine de plus près.

Depuis des mois, des citoyens de Saint-Mathieu-de-Rioux s'inquiètent de la circulation d'effluves toxiques émanant de l'installation, située à un kilomètre du village. Ils se disent régulièrement envahis par l'odeur et les fumées, surtout au printemps et en été.

L'établissement d'un plan de contrôle fait suite à une série d'étapes préalablement franchies, comme l'émission d'avis de non-conformité et de sanctions administratives pécuniaires (SAP). On vient, après ça, utiliser d'autres recours, a expliqué Mme Delorme, à la suite de la séance publique.

Mylène Delorme réalise une présentation à l'aide d'un diaporama projeté.

La directrice régionale du Contrôle environnemental au ministère de l'Environnement, Mylène Delorme, désigne les endroits où seront installées les stations.

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

C'est sûr que, dans ce cas-ci, on a eu beaucoup de plaintes pour les odeurs, les fumées. [...] Quand on voit la quantité de signalements, c'est là qu'on met en place [un plan] et [qu'on se dit] : ''il semble y avoir une problématique, on va aller documenter pour voir s'il y a un manquement à notre réglementation''.

Une fois ces échantillonnages terminés, ils seront transmis à la Direction de la santé publique à des fins d'analyses pour évaluer les impacts [sur la] santé en collaboration avec l'INSPQ.

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Des avertissements... et des amendes

Cette étape supplémentaire s'inscrit dans une série de sanctions qu'a reçue Charbon de bois franc Basques du ministère de l'Environnement. L'entreprise a reçu une amende de 3500 $ en janvier 2023 en raison de l'émission de fumée non traitée due au mauvais fonctionnement de l'unité postcombustion.

Plus récemment, en mars, Charbon de bois franc Basques s'est vu imposer une autre amende, cette fois de 5000 $, pour avoir réalisé un projet comportant une activité susceptible d’entraîner un rejet de contaminants dans l’environnement, soit l’exploitation d’un établissement industriel comportant l’exploitation de 20 fours à charbon de bois tous reliés à un système d’incinération des fumées autorisé, sans détenir l’autorisation préalable du ministre.

Chaque année, l'usine brûle en moyenne l'équivalent de 26 000 cordes de bois pour fabriquer du charbon.

Charbon de bois franc Basques a promis des améliorations à son usine pour limiter l'impact de ses activités sur l'air ambiant du village. En décembre dernier, le PDG de l'entreprise a assuré prendre la situation « très au sérieux ». Il a annoncé son intention de réaliser des travaux avant la réouverture de l'usine en février, et d'en faire de plus importants fin 2024 ou en 2025.

Il n'y a rien qui nous dit présentement qu'ils ne vont pas corriger leurs manquements, a avancé de son côté la directrice régionale Mylène Delorme. L'entreprise a par ailleurs soumis un plan de mesures correctives au ministère, qui inclut ces travaux de correction.

Les quatre personnes se dressent devant une table.

Deux représentants du ministère de l'Environnement et deux de la Direction de la santé publique ont animé cette séance publique.

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

Quelques réserves

Mais au-delà des avertissements et des amendes, les Mathéens présents à la rencontre ont insisté sur la nécessité de faire cesser ces émanations d'odeur et de fumée. Plusieurs ont souligné l'impact de celles-ci sur leur quotidien, que ce soit l'inhalation de ces odeurs, ou le temps consacré à remplir des fiches d'odeur.

Le ministère de l'Environnement a en effet enjoint aux citoyens de documenter ces épisodes, un conseil qu'ont répété les animateurs de la séance publique.

Il y a plein d'aspects sur la santé mentale, tout le temps qu'on prend pour gérer ça. Émotivement aussi, et d'être inquiet, et de sentir que ça grinche dans nos poumons, ça a beaucoup d'impact, confie Karine Roussel à la sortie de la séance.

Karine Roussel écoute attentivement un citoyen qui prend la parole pendant la séance.

Karine Roussel affirme que la rencontre s'est avérée conviviale.

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

Nous, la Municipalité, on est très sensibles au fait que les citoyens souhaitent avoir une qualité de vie et de l'air respirable au cœur du village, a commenté le maire de Saint-Mathieu-de-Rioux, Roger Martin. On voudrait être rassurés à 100 % à savoir que l'air est respirable et que ça fonctionne conformément aux normes environnementales.

Quoi qu'il en soit, le MELCCFP a assuré que son équipe continuera de surveiller de près l'usine aussi longtemps qu'il le faudra. Quitte à lancer des poursuites pénales, évoque la directrice régionale, si la situation ne s'améliore pas.

Si, malgré [ces travaux], il n'y a toujours pas un retour à la conformité parce que, par exemple, il y a encore des manquements, on va continuer et on n'hésitera pas à prendre des recours.

Une citation de Mylène Delorme, directrice régionale du Contrôle environnemental au ministère de l'Environnement

Toutefois, personne ne souhaite la fermeture de l'usine, qui emploie une vingtaine de personnes, a précisé une citoyenne aux journalistes sur place.

On est aussi d'accord avec la pérennité de l'usine, confirme le maire Martin. C'est important, 20 emplois à Saint-Mathieu, ça fait quand même 50 ans que ça existe.

Je pense que c'est pris au sérieux et les citoyens sont entendus, estime pour sa part la députée de Rivière-du-Loup–Témiscouata, Amélie Dionne. Donc, c'est une bonne nouvelle et on accompagne la Municipalité et l'entreprise. Je pense que tout le monde va dans le même sens pour s'assurer de la qualité de l'air des citoyens.

Malgré ses réserves, Karine Roussel se dit soulagée par ces nouvelles interventions du ministère de l'Environnement et a souligné le caractère convivial de la rencontre. Je suis vraiment contente qu'ils soient activement sur le dossier.

Son amie, Émilie Rousseau, acquiesce. Les capteurs qui vont avoir été posés vont probablement nous amener des nouvelles pistes, et pour la suite, on verra ce qu'il arrivera.

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