Un député conservateur dépose un projet de loi « pour sauver les pailles en plastique »
« Les pailles en plastique sont le parfait bouc émissaire pour la gauche vertueuse », affirme le député conservateur manitobain Branden Leslie. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui
Le député fédéral conservateur de la Saskatchewan Corey Tochor s’oppose à l’interdiction des pailles en plastique à usage unique, soutenant que les pailles en papier sont plus néfastes.
Mes deux fils m'ont inspiré le projet de loi 380. Ils détestent les pailles en papier
, explique le député de Saskatoon-University dans une vidéo publiée sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Il affirme que son projet de loi est basé sur la science qui a démontré que les pailles en papier seraient en fait pires pour l'environnement, la santé et l’économie.
Le projet de loi 380 a été présenté en première lecture en février dernier. Il vise à modifier la Loi canadienne sur la protection de l’environnement et à supprimer les articles manufacturés en plastique de la liste des substances toxiques.
La décision du gouvernement fédéral d'interdire les plastiques à usage unique a causé des remous sur le plan juridique.
Depuis, des restaurants ont toutefois adopté des solutions de remplacement telles que les pailles et les sacs en papier de même que les ustensiles en bois.
Le député conservateur manitobain Branden Leslie, qui apparaît dans la vidéo aux côtés de Corey Tochor, affirme :Les pailles en plastique sont le parfait bouc émissaire pour la gauche vertueuse.
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Que dit la science?
L'un des arguments des deux députés conservateurs repose sur des recherches qui ont révélé que les pailles en papier contiennent un groupe de produits chimiques synthétiques connus sous le nom de substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS).
Selon le directeur du département de toxicologie à l'Université de la Saskatchewan, Markus Brinkmann, ces substances peuvent s'accumuler dans l’organisme humain et dans la faune.
Cela peut avoir des effets sur le système immunitaire et perturber le métabolisme, pouvant même mener jusqu'au cancer, ce qui est certainement préoccupant
, dit-il.
Les pailles en papier ne représentent pas non plus une solution idéale, selon une étude réalisée en 2023.
Photo : Radio-Canada / Kirk Fraser
Selon une étude réalisée en 2023 et publiée dans le Food Additives and Contaminants Journal, les pailles en papier et en bambou sont plus susceptibles de contenir des PFAS que les autres types de pailles, notamment les pailles en plastique.
Compte tenu de la prévalence de ces substances, Markus Brinkmann estime qu'une campagne visant à se débarrasser des plastiques à usage unique est insensée.
Il ajoute que la vidéo des députés conservateurs soulève des questions importantes, mais qu’elle peut présenter les faits de façon inadéquate ou erronée sur certains points, notamment en ce qui concerne l’interdiction des sacs en plastique.
Cette interdiction a effectivement conduit certaines personnes à accumuler des sacs réutilisables dont la fabrication nécessite plus d'énergie, un autre point soulevé dans la vidéo des députés publiée sur X.
Or, cela ne devrait pas signifier que l’on doive réinstaurer l’utilisation des sacs de plastique à usage unique, soutient Markus Brinkmann.
La discussion devrait, selon lui, plutôt se concentrer sur la manière d'inciter les gens à faire de meilleurs choix, comme d'apporter leurs sacs réutilisables lorsqu'ils font leurs courses.
La vidéo des députés conservateurs indique également que seul 1 % des plastiques au Canada se retrouvent dans l'environnement.
Markus Brinkmann dit que cette affirmation est juste. Toutefois, si l'on tient compte du fait que les Canadiens envoient 2,8 milliards de tonnes de plastique à la décharge, le fait que 1 % se retrouve dans l'environnement est préoccupant.
C'est pourquoi le fait de réduire notre consommation de plastique est vraiment un facteur de changement significatif
, conclut-il.
Avec les informations de Janani Whitfield