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T.-N.-L. pourrait-elle stocker les émissions de carbone du pays?

Les cheminées d'une raffinerie de l'est de Montréal.

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, affirme que sa province pourrait bientôt stocker toutes les émissions de carbone du Canada. Est-ce vraiment réaliste?

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Devant des leaders du monde des affaires de Toronto, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, a déclaré jeudi dernier que sa province pourrait un jour stocker les émissions de carbone de tout le pays.

Nous avons le potentiel de stocker bien plus qu'une gigatonne de CO2 au large de nos côtes, a-t-il affirmé pendant un discours télévisé au Empire Club. Terre-Neuve-et-Labrador pourrait stocker la totalité des émissions de carbone des provinces et des territoires du Canada pendant des décennies.

Au-delà du fait que le Canada produit (Nouvelle fenêtre) une demi-gigatonne de carbone par an, le projet d’envergure évoqué par le premier ministre est-il réaliste?

C'est possible sur papier, affirme Simon Langlois-Bertrand, chercheur à l’Institut de l'énergie Trottier de Polytechnique Montréal, tout en ajoutant qu'on n'a jamais fait de stockage géologique de carbone de cette ampleur-là à l'échelle de la planète.

Qu’est-ce que le stockage du carbone?

Le stockage du carbone consiste à injecter les émissions de C02 dans des formations géologiques profondes. Il n’existe actuellement aucun projet de stockage de carbone à Terre-Neuve-et-Labrador.

L’expert souligne pourtant que pour le moment, le captage du carbone coûte très cher. Il explique qu'il faudra liquéfier le carbone ou le mettre dans un réservoir sous haute pression avant même de le transporter, en bateau ou par pipeline, vers les sites de stockage à des centaines de kilomètres de la côte.

Le gouvernement provincial souhaite stocker le carbone dans les réservoirs des projets pétroliers en production au large de Terre-Neuve et tous ces bassins se trouvent en haute mer, à 350 kilomètres à l’est de l’île.

Andrew Furey.

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

C'est beaucoup d'activités qui elles aussi demandent de l'énergie, affirme Simon Langlois-Bertrand. Si on émet aussi en consommant de l'énergie pour être capable de stocker le carbone, il va falloir réfléchir à ce qui vaut vraiment la peine d'être fait.

Une solution parmi d’autres

Le professeur à l'Université de l'Alberta Rick Chalaturnyk, qui étudie le captage et le stockage du carbone depuis des décennies, soutient pour sa part que cette technologie pourrait toutefois être un outil de la transition énergétique au Canada.

Il cite le projet Northern Lights dans la mer du Nord, qui pourrait bientôt stocker les émissions de 750 000 voitures par an. Ce projet, dirigé par les géants de l’énergie Equinor, TotalEnergies et Shell, pourrait servir de modèle pour le Canada atlantique, selon lui.

Il faut effectuer la transition énergétique rapidement, mais il faut aussi reconnaître que cette transition ne sera pas instantanée, affirme Rick Chalaturnyk.

Si nous voulons gérer les émissions de carbone, dont les émissions des industries comme l’industrie du béton et de l’acier, le captage et le stockage du carbone nous offrent une méthode efficace, affirme le chercheur, tout en reconnaissant que ce n’est pas la solution miracle, mais plutôt une option parmi d’autres pour gérer nos émissions.

L’Agence internationale de l’énergie abonde dans le même sens. En novembre dernier, elle a indiqué dans un rapport qu’il faut se défaire de l'illusion selon laquelle des quantités invraisemblablement élevées de carbone capturé sont la solution à la crise climatique.

Selon Rick Chalaturnyk, les entreprises pétrolières s’intéressent beaucoup au captage et au stockage de carbone. Elles profitent également de la manne fédérale. Selon le groupe de défense environnementale Environmental Defence, Ottawa a offert (Nouvelle fenêtre) 1,3 milliard de dollars aux compagnies pétrolières pour des projets de captage et de stockage de carbone en 2023.

Pour le moment, la grande majorité des émissions captées et stockées par les compagnies pétrolières servent à extraire davantage de pétrole. Lorsque les réservoirs deviennent épuisés, les pétrolières peuvent injecter le carbone, cela permet de stocker les émissions, mais aussi de faciliter l’extraction du pétrole restant.

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