Le maquereau, davantage victime de ses prédateurs naturels que de la pêche
Maquereaux bleus de l’Atlantique Nord-Ouest, fraîchement pêchés, caractérisés par des rayures noires sur le dos et une couleur gris bleuté.
Photo : Radio-Canada / Carine Monat
Les prédateurs naturels de maquereaux sont plus gourmands que les pêcheurs; c'est ce qui ressort d'une nouvelle étude réalisée par des scientifiques canadiens. Les pêcheurs demandent à présent une révision de la politique de cette pêche sur une espèce qui reste, malgré tout, en déclin.
Le fou de Bassan, un oiseau marin, la roussette, un petit requin, ou encore le thon rouge et le phoque auraient éliminé de 21 000 à 29 000 tonnes de maquereaux par an entre 2012 et 2021. Ce serait au moins deux fois plus que les volumes débarqués par la pêche commerciale, soit environ 11 000 tonnes par an.
Les données proviennent d’une étude publiée ce mois-ci par le ministère fédéral des Pêches et des Océans (MPO) et le Secrétariat canadien de consultation scientifique.
La mortalité naturelle est un paramètre très important dans une évaluation et nous n'avions pratiquement aucune information à ce sujet
, explique Elisabeth Van Beveren, chercheuse scientifique au MPO au Québec.
Cela nous donne une meilleure idée des prédateurs, de ce à quoi nous devons prêter attention. Et cela nous a donné une idée de l'ampleur potentielle de cette mortalité naturelle
, ajoute-t-elle.
Elisabeth Van Beveren est biologiste au ministère des Pêches et des Océans.
Photo : Radio-Canada / Robert Short/Cbc
Les phoques apparaissent comme de grands prédateurs, même si le maquereau représente une petite part de leur régime alimentaire, moins de 4 %. Mais comme le nombre d’individus est conséquent, près de 300 000, leur empreinte sur la population de maquereaux est notable.
Entre 2020-2021, les phoques en auraient consommé de 7000 à 13 000 tonnes. Cela signifie qu'ils ont une certaine importance, précise la scientifique. Pour être honnête, je dirais que oui, les phoques sont apparus plus que je ne le pensais.
Pêche : un moratoire toujours en cours
Ces conclusions n’étonnent pas les pêcheurs comme Andrew Bourgeois, de Chéticamp. Il est évident que la population [de phoques] a explosé et je dirais qu'elle constitue la majeure partie de la prédation, affirme-t-il. Nous constatons et répétons depuis des années que les phoques ont un impact majeur sur les stocks. Le MPO commence lentement à se rendre à l'évidence.
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a mis le maquereau sur la liste des espèces dont le statut doit être réévalué en priorité.
Photo : Radio-Canada
En 2024, les pêcheurs restent soumis à un moratoire, imposé il y a deux ans, sur la pêche commerciale au maquereau en Atlantique et au Québec, car même si les pêcheurs ne sont pas à l’origine des plus grosses prises de maquereaux, la population de ce poisson reste en déclin.
Le maquereau est pêché pour la transformation et la restauration, mais aussi pour être vendu comme appât pour la pêche au crabe et au homard. Il est aussi pêché directement par les crabiers et les homardiers. Les stocks de cette espèce de poisson restent menacés, notamment par le réchauffement climatique.
Le syndicat Fish, Food and Allied Workers de Terre-Neuve-et-Labrador affirme que la population est abondante. En février, il a de nouveau demandé au ministère d’ouvrir la pêche.
Pêches et Océans, sollicité par CBC, n'a pas répondu à une demande d'information sur ce sujet.
Avec des informations de Paul Withers, de CBC
