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Redevance touristique aux Îles-de-la-Madeleine : le ton monte

Des gens marchent sur la plage de la Dune-du-Sud, au pied de falaises de grès rouge.

Les équipes municipales ont reçu des messages violents et haineux, selon le maire des Îles. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

À une semaine de la mise en place de la redevance touristique, le maire des Îles-de-la-Madeleine lance un appel au calme après avoir reçu des messages haineux et des insultes.

La redevance de 30 $ imposée pour visiter les Îles-de-la-Madeleine suscite de vifs débats autant dans l'archipel qu'ailleurs au Québec, à tel point que la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine a fermé la section commentaires de sa page Facebook.

On a remarqué qu'il y a un mouvement qui n’est pas localisé aux Îles-de-la-Madeleine nécessairement, mais on voit que ça a rallié des militants qui, dans leurs messages et dans leurs propos, tiennent des commentaires complètement inacceptables, relate le maire, Antonin Valiquette.

En quoi consiste la redevance?

Entre le 1er mai et le 14 octobre, les visiteurs se rendant aux Îles-de-la-Madeleine devront acquitter une redevance de 30 $ plus taxes, payable par l'entremise d'une plateforme de paiement sécurisée. Cette redevance servira à financer la gestion des matières résiduelles, l’entretien des infrastructures récréotouristiques et la mise en place et l’exploitation d’un parc régional sur les terres publiques.

Pour certains, un tel règlement municipal est une atteinte déraisonnable à leur liberté. C'est le cas de Chanie Thériault, une résidente des Îles-de-la-Madeleine.

L'enjeu, ici, n'est pas exclusivement le 30 $ de plus à débourser pour un étranger. Pour moi, c'est le fait d’empêcher les Québécois, les Canadiens d'accéder sans être taxés, donc sans entrave à la liberté de circuler, à leur propre territoire, explique-t-elle.

Une perception que réfute le maire des Îles, qui rappelle que l’objectif d’une telle mesure est la préservation du territoire. On n'empêche pas les gens de circuler aux Îles-de-la-Madeleine, martèle l'élu.

Le maire des Îles-de-la-Madeleine, Antonin Valiquette.

Le maire des Îles, Antonin Valiquette (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Martin Damphousse, président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), abonde dans le même sens.

Je ne vois en rien comment c'est une restriction à leur liberté. Si les gens veulent aller aux Îles-de-la-Madeleine, ils peuvent y aller. Il n’y a pas d'interdiction, explique-t-il.

Selon lui, la question est davantage de savoir comment la Municipalité peut faire face à l’augmentation des coûts à laquelle elle est confrontée étant donné le contexte insulaire.

Des craintes quant à la vie privée

Au cours des derniers jours, de nombreuses craintes ont été exprimées quant au respect de la vie privée, étant donné que les visiteurs et les résidents pourront faire l'objet de vérifications.

Pour les gens qui ont une résidence aux Îles, c'est totalement aberrant à mon avis de devoir présenter une preuve de résidence à un agent de vérification pour que la Municipalité dans laquelle vous demeurez vous laisse accéder ou vous laisse sortir, indique Chanie Thériault.

Butte de Cap-aux-Meules, à l'entrée des Îles-de-la-Madeleine.

La redevance vise toutes les personnes de plus de 13 ans qui n'ont pas de résidence principale ou secondaire aux Îles-de-la-Madeleine et qui séjournent dans l'archipel plus que 24 heures.

Photo : Tourisme Îles de la Madeleine

Le maire convient d’ailleurs qu'il reste du flou quant à la façon dont la Municipalité compte procéder aux vérifications de la preuve de résidence des Madelinots ou du code QR fourni comme preuve de l’achat de la redevance.

On est en année d'implantation, de sensibilisation et de communication, de mise en place où on va faire des constats pour voir ce qui est perfectible ou pas, explique-t-il.

L'élu madelinot indique par ailleurs que les équipes qui vont procéder aux vérifications ne sont pas encore constituées. Est-ce que tout va être mis en place au niveau de la vérification dès le 1er mai? Écoutez, on se donne quand même un certain délai, indique Antonin Valiquette.

Une question de communication

De son côté, le maire des Îles-de-la-Madeleine admet qu’il y a un important exercice de communication à faire sur cette mesure. Il ne s'attendait pas à une telle levée de boucliers et se dit surpris que la redevance soit perçue comme une atteinte à la liberté de circulation.

Ce règlement a été écrit avec des avocats. On est persuadés que ce règlement est légitime au niveau de la loi, indique-t-il. Antonin Valiquette assure aussi que l’acceptabilité sociale est au rendez-vous.

On sent quand même un bel appui dans le milieu aux Îles-de-la-Madeleine.

Une citation de Antonin Valiquette, maire des Îles-de-la-Madeleine

La Municipalité compte d’ailleurs tenir une séance d'information publique pour répondre aux questions sur cette redevance. Combattre la désinformation auprès des citoyens pour lesquels les membres du conseil municipal et moi travaillons, c'est ça qui est important, avance-t-il.

Appel au dialogue

Le député des Îles-de-la-Madeleine lance, quant à lui, un appel au dialogue dans ce dossier. Questionné à ce sujet mardi matin, Joël Arseneau a répondu que ce n'est pas son rôle de se positionner dans ce débat.

Joël Arseneau en point de presse.

Le député péquiste Joël Arseneau (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Ce que je souhaite, c’est qu’on puisse dialoguer, qu’on puisse trouver une façon d’arriver à une acceptabilité sociale chez nous et à l'extérieur face à cette mesure et qu’on corrige le tir s’il le faut, indique-t-il.

Ce débat n’est pas bon pour la population de chez nous et il n’est pas bon pour la réputation des Îles non plus.

Une citation de Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine

Pour sa part, la députée de Gaspésie—Les Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier, a refusé de commenter ce dossier en invoquant la question des champs de compétence.

Moi, je vais respecter les discussions qui vont avoir lieu entre les municipalités et les gouvernements provinciaux, indique-t-elle.

La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, indique par écrit que cette décision relève de l’autonomie municipale.

J'invite toutefois le conseil municipal à être prudent quant aux impacts que cette décision pourrait avoir sur l'attractivité de la région. C'est important pour le Québec d'encourager le tourisme local, soutient-elle.

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