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La sécheresse « inquiète » mais « n’alarme pas » encore au Manitoba

Les champs du Manitoba rabougris.

En date du 31 mars 2024, 42 % du territoire manitobain et 64 % de ses terres agricoles sont classés comme étant en état de sécheresse par Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Photo : Radio-Canada / Tyson Koschik

À l’approche de la saison de croissance, les cultivateurs des Prairies canadiennes espèrent avoir un printemps pluvieux pour sauver leur saison. Malgré un hiver chaud, le taux d’humidité des sols est suffisant pour commencer la production agricole, selon un agriculteur et un spécialiste de l'agroclimat, mais les maigres réserves d’eau laissent cependant planer le doute sur le reste de la saison ainsi que sur les suivantes.

Une grande partie de l'Ouest canadien reste dans des conditions de sécheresse, notamment le sud du Manitoba, affirme Trevor Hadwen, un spécialiste de l'agroclimat à Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC).

Trevor Hadwen.

« À l'heure actuelle, l'humidité du sol est suffisante pour commencer la saison. Nous n'avons simplement pas de réserves d’eau », résume M. Hadwen.

Photo : Radio-Canada / Will Draper

Pourtant, dans sa plus récente évaluation de la sécheresse, AAC indique que les températures du mois dernier ont été plus fraîches que la normale dans les Prairies.

Le mois de mars aura également permis à la majeure partie du Manitoba de renouer avec des niveaux de précipitation s’approchant de la normale.

En soi, cela devrait normalement laisser penser que les conditions de sécheresse s'améliorent, dit Trevor Hadwen.

Il explique que ce n’est toutefois pas le cas dans le sud de la province, où les conditions de sécheresse sont restées relativement inchangées [...] et où la sécheresse extrême perdure.

Il ajoute que, en raison des températures élevées, de nombreuses chutes de neige ont tout simplement disparu. Elles ont été sublimées avant de pouvoir pénétrer dans le sol pour regarnir des réserves d’eau nécessaires à la germination des plantes. Il y avait donc peu de neige encore présente à la fin du mois dernier.

L'essentiel de la neige a disparu et nous sommes désormais tributaires de l'humidité et des précipitations printanières pour traverser [les prochaines années], ce qui est un peu anormal, affirme Trevor Hadwen.

Trevor Hadwen indique que, en date du 31 mars, 75 % du territoire des Prairies étaient classés en situation de sécheresse, ce qui est assez élevé. Toutefois, si l'on ne considère que la superficie agricole, la proportion bondit.

Quatre-vingt-sept pour cent du paysage agricole des Prairies est en situation de sécheresse, précise Trevor Hadwen.

Au Manitoba, 42 % du territoire et 64 % des terres agricoles sont actuellement classés comme étant en état de sécheresse par AAC.

À moins que nous ne recevions des pluies au bon moment tout au long de l'année ou une humidité importante ce printemps pour reconstituer ces réserves un peu plus, nous aurons des difficultés, affirme Trevor Hadwen.

Une carte du Canada indiquant l'intensité de la sécheresse.

Au Manitoba, 42 % du territoire et 64 % des terres agricoles sont actuellement classés comme étant en état de sécheresse par Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Photo : Agriculture et agroalimentaire Canada

Selon lui, le sort des prochaines récoltes se jouera donc au printemps, car c'est en mai et en juin que le sud des Prairies reçoit une grande partie de son humidité.

Nous sommes dans une période de flottement où nous attendons de voir comment se passe le printemps pour déterminer comment l'année va se dérouler, indique Trevor Hawden.

Nous sommes inquiets, mais pas alarmés.

Une citation de Trevor Hadwen, spécialiste de l'agroclimat, Agriculture et Agroalimentaire Canada

À l'heure actuelle, l'humidité du sol est suffisante pour commencer la saison. Nous n'avons simplement pas de réserves d’eau, résume le spécialiste.

Changements agronomiques

Entre-temps, dans leurs fermes, les agriculteurs sont impatients de commencer à semer dans les champs, comme l'explique Chuck Fossay, le président de Manitoba Canola Growers.

Chuck Fossay marche dans son champ.

Depuis que Chuck Fossay a commencé à cultiver la terre, les fermiers ont adapté leurs pratiques au gré des humeurs de mère Nature. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Cameron MacIntosh

Le cultivateur prévoit d'ensemencer sa terre en blé, en canola et en soja.

Il s'agit de notre culture typique, un mélange de céréales et de graines oléagineuses, indique Chuck Fossay.

Tout était assez sec, dit-il en parlant de ses champs, situés dans la vallée de la rivière Rouge à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Winnipeg.

Il semble que, ces dernières années, le temps ait été un peu changeant.

Une citation de Chuck Fossay, président de Manitoba Canola Growers

Depuis que Chuck Fossay a commencé à cultiver la terre, il y a 30 ou 40 ans, les fermiers ont adapté leurs pratiques au gré des humeurs de mère Nature.

Il souligne, par exemple, que le soja et le maïs n’ont pas toujours été cultivés dans la vallée de la rivière Rouge.

Dans les années 80 et 90, notre saison était trop courte, relate-t-il. Nous avons maintenant une saison de croissance plus longue.

Nous apportons des changements à nos méthodes d’exploitation, à nos équipements ainsi qu’aux variétés que nous cultivons pour continuer à obtenir de bonnes récoltes, ajoute-t-il.

Selon Chuck Fossay, les agriculteurs sont aujourd’hui mieux outillés que par le passé pour composer avec des conditions climatiques difficiles.

En 2023, nous n'avions reçu que 7 centimètres de pluie entre le 1er mai et le 1er août dans ma ferme. Normalement, nous en recevons 15 centimètres au moins, raconte-t-il, ajoutant qu'il était tout de même parvenu à obtenir des récoltes de canola et de blé supérieures à la moyenne.

Ces changements ont toutefois un coût important.

Nous espérons obtenir une autre bonne récolte comme l'année dernière, peut-être même une meilleure récolte, parce que les prix des céréales sont en baisse, tandis que le coût des engrais et des semences hybrides est assez élevé. Nous aurons donc besoin de bonnes récoltes pour payer les factures à l'automne, dit Chuck Fossay.

Nous attendons de voir ce que mère Nature nous réserve.

Une citation de Chuck Fossay, président de Manitoba Canola Growers

Dans l’éventualité où mère Nature jouerait un mauvais tour aux cultivateurs, Chuck Fossay espère simplement que les programmes [comme ceux de la Société des services agricoles du Manitoba] seront là pour [les] aider à poursuivre [leurs] activités agricoles pendant quelques années en attendant que la situation s'améliore.

Mais, vous savez, nous avons eu suffisamment d'humidité, je pense, pour démarrer nos cultures une fois que le gel a disparu du sol , conclut-il.

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