Conflit violent entre Hells Angels et gangs de rue : la SQ se déploie dans l’est du Québec
Benoît Richard, coordonnateur aux communications à la Sûreté du Québec (SQ).
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
La direction générale de la Sûreté du Québec envoie une centaine de ses policiers, basés dans la région du Grand Montréal, dans l'est du Québec pour mettre fin au violent conflit opposant des gangs de rue aux Hells Angels dans la région de la Capitale-Nationale.
Selon nos informations, la totalité des ressources policières seront dans la région à partir de lundi prochain. Il est prévu que la moitié du bureau des enquêtes sur le crime organisé dans la métropole soit mobilisé dans l'est de la province.
Il est question de policiers faisant partie de la Division du crime organisé, de l'Escouade nationale de répression contre le crime organisé (ENRCO), d'escouades liées à la stratégie nationale CENTAURE contre les armes à feu, et de plusieurs partenaires déjà réunis dans les Escouades régionales mixtes (ERM).
La Sûreté du Québec, le Service de police de la Ville de Québec, de Ville Saguenay et de Lévis déploient une force policière en lien avec les événements de violence des dernières semaines. Des opérations policières vont toucher la région de Québec, du Saguenay et dans l'est du Québec
, a déclaré le lieutenant Benoit Richard, de la Sûreté du Québec.
Le message est clair. On va s'attaquer à toutes les personnes qui font ces crimes-là, et on va les traduire devant les tribunaux au cours des prochains jours. [...] C'est terminé!
Benoit Richard, lieutenant à la SQ, a confirmé que le corps policier a procédé à trois arrestations vendredi.
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
De son côté, le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, estime que ce smesures devraient contribuer à rassurer les Québécois.
Il fallait envoyer un message clair aux criminels qu’on ne ménage pas les efforts pour assurer la sécurité de la population
, a-t-il indiqué. L’opération déployée aujourd’hui démontre l’importance et le sérieux qui est consacré à la lutte au crime organisé à l’échelle du Québec.
Jusqu'à Saguenay, Rimouski et Sept-Îles
Selon nos sources policières, des membres du gang des Profits Boyz ont été vus dans des opérations de filature jusqu'à Saguenay, Rimouski et même Sept-Îles. Il ne fait aucun doute que le conflit qui sévit surtout à Québec et dans l'est de la province a des ramifications jusqu'à Montréal.
Les conditions sont donc propices à ce que des règlements de comptes puissent survenir dans la métropole québécoise.
Depuis les dernières semaines, la Sûreté du Québec dit avoir observé des événements violents comprenant des coups de feu, des incendies criminels et des enlèvements, dont les deux derniers ont été grandement médiatisés.
Lundi, une prise d'otages à Saint-Malachie, dans Chaudière-Appalaches, de sympathisants des Hells Angels par des trafiquants de drogue indépendants s'est terminée par une séance de torture diffusée sur les réseaux sociaux.
Deux jours plus tard, un homme de 28 ans, Michaël Chouinard, a été retrouvé dans l'arrondissement de Rosemont à Montréal, vivant et mutilé, à 400 km de son domicile de Saguenay, où il avait été enlevé quelques heures plus tôt.
Déjà des arrestations
Vendredi matin, les policiers de la SQ ont frappé une résidence située à une heure de Québec avec son groupe d'intervention tactique.
Trois personnes ont été arrêtées en lien avec la prise d'otages et la séance de torture qui a été diffusée sur les réseaux sociaux, survenue à Saint-Malachie.
Les arrestations ont eu lieu à Montmagny. Les suspects sont deux hommes de 28 et 38 ans, ainsi qu'une femme de 37 ans
, a mentionné le lieutenant Richard.
Un violent conflit qui s'envenime
Depuis un an, un conflit qui oppose des trafiquants de drogue et gangs de rue aux Hells Angels du chapitre de Québec dégénère en bain de sang. Plusieurs individus du monde criminel ont reçu des avis que leur vie était en danger, confirme la Sûreté du Québec.
Des suspects liés aux gangs de rue, ralliés derrière le trafiquant Dave « Pic » Turmel, qui mène la fronde contre les motards criminels, auraient déjà été identifiés par les autorités policières.
Depuis quelque mois, les gangs de rue et leurs trafiquants de drogue indépendants de Québec refusent de payer la ristourne de 10 % aux Hells Angels pour vendre des stupéfiants sur leurs territoires, selon nos informations.
Ils s'approvisionnent en évitant le réseau d'importations des Hells Angels.
Jusqu'ici, les motards criminels n'ont offert aucune réplique. Mais les policiers redoutent que le passé violent de leur organisation donne lieu à des règlements de compte sanglants dans les prochaines semaines, voire les prochains mois.
La durée de la présence des renforts sera évaluée de façon hebdomadaire, selon nos sources.
