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Traversier : près de 700 M$ pour maintenir le service à Rivière-du-Loup

Québec reporte à nouveau sa décision, alors qu'il promettait de trancher d'ici la fin de 2023.

Le Trans-St-Laurent est accosté au quai de Rivière-du Loup.

Québec ne se prononce toujours pas quant à l'avenir du lien fluvial entre les deux régions. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Garder le port d’attache actuel de la traverse entre le Bas-Saint-Laurent et Charlevoix serait beaucoup plus coûteux qu’un déménagement à Cacouna. Radio-Canada a appris que de maintenir le service à Rivière-du-Loup pourrait coûter entre 650 et 700 millions de dollars à l’État québécois.

La Société des traversiers du Québec (STQ), qui a fait le point jeudi matin sur l’avenir du service, a refusé de s’avancer sur des sommes, mais a confirmé qu’il en coûterait plus du double de maintenir les activités au site actuel comparativement à un déménagement au port de Gros-Cacouna.

Des sources au courant du dossier ont de leur côté confirmé à Radio-Canada que la facture pour l'amélioration des infrastructures au quai de Rivière-du-Loup pourrait atteindre 700 millions de dollars.

La STQ affirme qu’il faudrait prolonger le quai louperivois pour accéder à des eaux plus profondes. Les installations du port de Gros-Cacouna devraient aussi être modifiées, mais le prix serait bien moins élevé.

Mario Bastille, Greta Bédard, Amélie Dionne et Suzanne Rhéaume, tous les quatre attablés lors d'une conférence de presse.

Mario Bastille, maire de Rivière-du-Loup, Greta Bédard, présidente-directrice générale de la Société des traversiers du Québec, Amélie Dionne, députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata et Suzanne Rhéaume, mairesse de Cacouna.

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

La pdg Greta Bédard a mentionné que les deux sites offrent le même niveau de service, mais elle a énuméré plusieurs points dont il faut tenir compte au quai de Rivière-du-Loup, comme l’ensablement et la profondeur de l’eau.

La tête dirigeante de la STQ a reconnu que les travaux de dragage sont plus complexes qu’auparavant, citant des contraintes environnementales en matière de limitation de nuisances pour la faune marine et la caractérisation des sols. Un processus beaucoup plus long , selon Greta Bédard, qui a un impact sur notre capacité annuelle de draguer.

Une barge du groupe Océan.

Une barge effectuant du dragage au port de Rivière-du-Loup.

Photo : Radio-Canada / Patrick Bergeron

Même avec un navire à fond plat adapté spécifiquement au quai de Rivière-du-Loup, comme l'a proposé la firme responsable des analyses complémentaires annoncées en juin dernier, la STQ juge qu’aucune bonification de service ne serait possible.

La société d’État va même jusqu’à dire que la desserte en serait touchée en raison de la configuration du navire, ce qui le rendrait plus vulnérable aux mauvaises conditions de navigation et l’empêcherait de naviguer dans les glaces.

navire à quai

Le NM Trans-Saint-Laurent pourrait accueillir davantage de passagers cette année en raison des déboires de la traverse Matane-Baie-Comeau-Godbout.

Photo : Radio-Canada / Jérôme Lévesque-Boucher

Le service serait alors confronté à des annulations plus fréquentes, estime la STQ, qui calcule que même avec des activités de dragage et un navire à fond plat, entre 20 % et 30 % des traversées seraient annulées.

En parallèle, la société d'État annonce que l'appel d'intérêt visant à trouver un autre armateur pour gérer le service et le dragage à Rivière-du-Loup sera lancé en janvier prochain, ce qui marquera la dernière pierre retournée avant une décision sur le destin du lien fluvial.

Le maire Bastille en colère

Visiblement agacé par l’absence de réponse, le maire de Rivière-du-Loup a critiqué la STQ, à qui il reproche de manquer de transparence et d’avoir un biais favorable à l’endroit du port de Gros-Cacouna. On a toujours senti que les dés étaient pipés, soupire Mario Bastille.

Portrait de Mario Bastille en train de parler.

Le maire de Rivière-du-Loup Mario Bastille n'a pas caché sa frustration après la mise à jour présentée par la STQ. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Bergeron

Je vous dirais qu’au cours des trois dernières années, à la Ville de Rivière-du-Loup, face à la STQ, on a perdu confiance énormément, peste l’élu, quelques minutes après avoir écouté la conférence de presse, le visage long.

Je vous dirais qu’on s’est [fait] promener dans un bateau, et je ne sais pas où est-ce que le capitaine voulait aller avec ça.

Une citation de Mario Bastille, maire de Rivière-du-Loup

Au-delà de la méfiance qu’il dit entretenir envers la société d’État, le maire en a surtout assez de l’incertitude qui plane par rapport au dossier de la traverse depuis plusieurs années.

J'ai hâte qu'on passe à un autre appel. Ça fait trois ans et demi qu'on en entend parler. J'étais conseiller à l'époque, et là, je suis maire et je suis écœuré d'entendre parler de ça, poursuit Mario Bastille, dans une réponse-fleuve accordée aux journalistes sur place.

La mairesse de Cacouna était de toute évidence bien plus sereine au sortir de la conférence de presse. Ce que j'ai entendu me donne encore vraiment espoir pour que le dossier s'en vienne à Cacouna, confie Suzanne Rhéaume qui, contrairement à son homologue louperivois, dit avoir confiance en ce processus-là.

Portrait de Suzanne Rhéaume.

La mairesse de Cacouna Suzanne Rhéaume. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Je suis certaine qu'ils vont prendre la meilleure décision pour un développement régional.

Une citation de Suzanne Rhéaume, mairesse de Cacouna

La conférence de presse, où se trouvaient Mario Bastille et la mairesse de Cacouna, s’est faite sous les regards attentifs de dizaines d’élus locaux de la région, tous impatients de connaître la suite de cette saga.

Simplement une question d’argent?

Si la STQ affirme que les deux sites pourraient offrir le même niveau de service, sa pdg admet que la décision pourrait essentiellement reposer sur le montant de la facture. Une question de coût, on parle de beaucoup plus cher à Rivière-du-Loup, mais de même qualité [que Cacouna].

Le port en hiver.

Le port de Gros-Cacouna est situé en eau profonde, ce qui ne nécessite pas, contrairement à Rivière-du-Loup, d'opérations de dragage. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Benoit Gagnon

Le maire Mario Bastille, qui ignorait les révélations de Radio-Canada sur la facture, a dit estimer que Québec devrait accepter de payer plus cher pour garder le port d’attache à Rivière-du-Loup.

Je pense que nos représentants doivent défendre ce dossier-là bec et ongles, peu importe le prix. [...] Je pense qu'on mérite ça à Rivière-du-Loup.

Après la conférence de presse, Radio-Canada a appris ce qu'il en coûterait de maintenir la traverse à Rivière-du-Loup. Appelé à réagir à nouveau, le maire a une fois plus décrié le manque de transparence de la STQ et mis en doute les chiffres révélés.

Je questionne ça. Je ne dis pas que ce n'est pas de bons chiffres, je le sais pas, mais je me questionne. Et tant que la STQ ou le gouvernement du Québec ne viennent pas corriger le tir, ça laisse toute la place de dire que l'information diffusée par Radio-Canada est la bonne, il n'y a personne qui la contredit, mais en même temps on nous dit que c'est confidentiel!, déplore le maire.

Le dernier mot au politique

PDG de la STQ, Greta Bédard, tient un micro et écoute.

Greta Bédard estime que la STQ a accompli l'ensemble de son travail dans l'étude du dossier de la traverse. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler

Bien que le dossier d’opportunité soit terminé, Québec n’a toujours pas arrêté son choix sur l’une ou l’autre des destinations. Cette décision, précise-t-on, sera prise ultérieurement par le Conseil des ministres.

Pourtant, au printemps dernier, Québec promettait une décision concernant l’emplacement du site de la traverse du côté sud d'ici la fin de l'année , une fois l'étude présentée au gouvernement.

Le Conseil des ministres a tout ce qu’il [faut] en main pour prendre la décision, a résumé Greta Bédard, pdg de la Société des traversiers. Quand la décision va être prise, la STQ va être là pour la mettre en place.

La décision sera prise après la fin de l’appel d’intérêt, a précisé Amélie Dionne, députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata, qui a cependant refusé de s’avancer sur un échéancier.

Ça va dépendre du nombre d'armateurs qui vont déposer [un dossier], mais je souhaite qu'on puisse prendre une décision le plus rapidement possible, a assuré la caquiste, qui dit comprendre l’impatience des gens.

Portrait d'Amélie Dionne

La décision est désormais entre les mains du Conseil des ministres, a rappelé Amélie Dionne, députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Fabienne Tercaefs

À cet égard, la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup n’a pas tardé à faire part de son indignation. Se déclarant déjà impatiente au début du mois, elle dit ne pas pouvoir accepter plus longtemps l’incertitude créée par cette absence de décision dans un communiqué transmis aux médias.

Nos membres et toute la communauté d’affaires de la région sont en droit de connaître rapidement l’avenir de notre traverse, écrit la Chambre de commerce.

Avec la collaboration de Patrick Bergeron

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