ArchivesIl y a 40 ans débutait la télésérie d’époque Le temps d’une paix
Rose-Anna Saint-Cyr (Nicole Leblanc) à l'entrée de son potager, août 1984.
Photo : Radio-Canada / André Le Coz
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le 29 octobre 1980 est diffusée la toute première émission du Temps d’une paix. Atteignant des cotes d’écoute de 2,5 millions de téléspectateurs en moyenne, la populaire émission tournée dans la région de Charlevoix a fait date dans l’histoire de notre télévision. Retour en archives au Temps d’une paix.
La beauté d’une région, la véracité des personnages
La qualité du texte, le choix des comédiens, l’extérieur, l’endroit où on était… Je pense que la recette elle est simple, c’est du monde qui s’aimait et qui aimait ce qu’il faisait.
La beauté des paysages, le texte riche et coloré de l’auteur Pierre Gauvreau et la direction du réalisateur Yvon Trudel ont contribué à créer le succès de la série.
L’action de la télésérie Le temps d’une paix se déroule entre les années 1919 et 1939, ce temps de l'entre-deux-guerres où la société s’urbanise.
Une époque où les inventions et les événements tels que la venue de l’électricité, du téléphone, de la radio, de l’automobile, de l’avion, du premier vote des femmes (1921) et du krach boursier (1929) se succéderont et viendront révolutionner la vie des personnages de la série.
Le temps d’une paix, 29 octobre 1980 (extrait)
On peut voir ici un extrait du tout premier épisode diffusé le 29 octobre 1980. Rose-Anna Saint-Cyr, une veuve au caractère fort et indépendant, est courtisée par Joseph-Arthur Lavoie, un cultivateur prospère et entreprenant, lui aussi veuf.
Dans la cuisine se trouve aussi Ti-Coune (Denys Paris), un des deux pensionnaires de Rose-Anna. L’autre pensionnaire étant mémère Bouchard (Monique Aubry), l’ancêtre du village.
Une multitude de personnages viendront se greffer autour des deux tourtereaux. D’abord les enfants de Rose-Anna : Antoinette (Marie-Lou Dion), Juliette (Katerine Mousseau) et Lionel (Daniel Gadouas), et ceux de Joseph-Arthur : Valérien (Jacques l’Heureux) et Yvon (Paul Dion).
Les destins de nombreuses familles s’entrecroiseront. Les résidents de la région de La Malbaie côtoieront les urbains venus pour l’été habiter leurs maisons de campagne.
Montréal Ce soir, 1er décembre 1986
Comme nous l’explique la journaliste Solveig Miller dans ce reportage diffusé au Montréal Ce soir du 1er décembre 1986, l’un des défis de cette série était de faire sortir les personnages de leur cuisine, là où les téléromans nous les avaient toujours confinés
.
Tout ce qui était trop moderne a été camouflé à grands frais. Des tonnes de terre et de gravier ont été épandues sur des routes d’asphalte, des arbres ont été plantés pour cacher des pylônes électriques. Les accessoiristes et les costumiers ont su nous faire oublier le présent.
La série est constituée de 102 épisodes de 30 minutes diffusés du 29 octobre 1980 au 16 mai 1984 et de 33 épisodes de 60 minutes diffusés du 9 octobre 1985 au 1er décembre 1986. Un épisode Spécial du temps des fêtes
, d'une durée de 90 minutes, est diffusé le 19 décembre 1982.
Les deux Joseph-Arthur
La série a connu de très grands moments, mais également des tragédies hors de son contrôle et qui l’ont transformée.
Le 16 octobre 1984, le comédien Pierre Dufresne est victime d’un infarctus lors d’une partie de tennis.
Le Point, 25 octobre 1984
Quelques jours après son arrêt cardiaque, le 25 octobre 1984, le journaliste Simon Durivage rencontre l’interprète de Joseph-Arthur Lavoie dans sa chambre d’hôpital pour l’émission Le Point.
Le comédien lui explique que la série est mise à l’arrêt jusqu’à l’année suivante et qu’il compte se rétablir rapidement afin de remplir ses engagements. Quelques jours après l’entrevue, Pierre Dufresne est victime d’un second infarctus qui lui sera fatal. Il meurt le 31 octobre 1984 à l’âge de 57 ans.
L’équipe endeuillée est contrainte de trouver un second Joseph-Arthur Lavoie. Vu la popularité de la série, le choix du nouveau Joseph-Arthur prend des allures de campagne électorale dans certaines familles et tous y vont de leur candidat
. C’est le réalisateur Yvon Trudel, en regardant une émission animée par Jean Besré, qui opte pour ce comédien.
Je recevais des lettres, il y avait des pétitions. À peu près tous les noms de l’Union des artistes sortaient, mais Jean Besré n’était jamais sorti.
Montréal Ce soir, 1er décembre 1986
Dans cette entrevue diffusée au Montréal Ce soir le 1er décembre 1986, Jean Besré explique l’ampleur du défi qu’il a eu à relever.
Vous savez quand vous changez d’école et que vous changez de classe en plein milieu de l’année et que tout le monde vous regarde. Multipliez ça par cent et ça va vous donner une idée à quel point je me sentais gauche.
Le retour de la série est célébré en grande pompe avec un défilé dans les rues du centre-ville.
Saviez-vous que…
- Le comédien Denys Paris, interprète de George-Aimé Belleau alias Ti-Coune, a aussi joué le rôle de son frère jumeau, Amédée Belleau.
- Le maquillage de mémère Bouchard était le plus complexe de la série. Du latex était appliqué sur la peau de la comédienne Monique Aubry pour former les rides. Les cheveux étaient teints et c’est l’attache du bonnet qui créait le double menton. Il fallait une heure pour le réaliser et tout autant pour le retirer.
- Le thème musical de la série s’intitule Florentine Sunset. Son compositeur est Mario Nascimbene.
- 40 % des scènes de la série étaient tournées à l’extérieur.
- Le 17 avril 1984, le comédien Yvon Dufour, interprète du curé Chouinard, est victime d’une embolie. C’est le comédien Pierre Gobeil qui le remplacera pour le reste de la série.
- Le Temps d’une paix est la première télésérie canadienne à être distribuée sur vidéocassettes et disponible en location dans les clubs vidéo.
Des comédiens choyés et des touristes par milliers
Le 8 août 1985, Reflet d’un pays s’intéresse à l’impact socio-touristique du tournage du Temps d’une paix dans la région de Charlevoix.
Le temps d’une paix est la meilleure promotion que Charlevoix ait jamais eue. Qui a les moyens de se payer une émission de cette qualité qui va présenter le paysage d’une région touristique avec une cote d’écoute de millions de téléspectateurs? Ça a un impact économique très important.
Le journaliste Sylvain Dionne s’entretient avec Pierre Tremblay, de l’Association Touristique et régionale de Charlevoix (ATRC), qui estime que les retombées économiques se situent entre deux et trois millions de dollars.
Reflet d’un pays, 8 août 1985
50 000 personnes sont venues principalement pour faire le circuit touristique du Temps d’une paix. Chacune d’elles a résidé de deux à trois jours dans la région.
La série crée un engouement au sein même de la population de Charlevoix. Le nombre d’habitants de la région qui souhaitent assister au tournage est impressionnant.
Les visiteurs viennent nombreux sur les lieux de tournage du «Temps d'une paix».
Photo : Radio-Canada / André Le Coz
Certains jours, de 600 à 700 personnes suivent l’équipe de production pour les regarder tourner les scènes extérieures.
Ça m’étonne toujours de voir autant de gens venir assister au tournage. Les gens sont merveilleux avec nous. Ils sont d’une telle hospitalité. On a l’impression vraiment de faire partie de la famille quand on vient ici.
La dernière émission du Temps d’une paix est diffusée le 1er décembre 1986. Elle rejoint 3 021 000 personnes.